La BD de Christian de Metter "Marylin , de l'autre côté du miroir", que je viens de découvrir, est un véritable coup de coeur.
L'histoire d'abord : un jeune homme, écrivain en herbe, que l'on devine rêveur et imaginatif, aperçoit Truman Capote en compagnie d'une jeune femme brune dans un bar new yorkais. Truman Capote! Son écrivain préféré, admiré, adulé! Aussi quand la compagne de Capote, ivre morte, est prête à rouler sous la table, le jeune homme propose sa voiture pour les raccompagner! C'est ainsi qu'il découvre que la jeune femme n'est autre que Marylin, la blonde Marylin débarrassée de sa perruque! C'est le début d'une amitié respectueuse qui les entraînera au cours d'un voyage en voiture et d'une panne dans la neige jusqu'à un manoir mystérieux où vivent d'étranges personnages...
Le titre, de l'autre côté du miroir, bien sûr, hommage à Lewis Caroll, donne le ton. L'auteur va nous faire pénétrer dans un univers mystérieux et fantastique. Les images ont les teintes froides, bleutées et grises de l'hiver seulement éclairé par les flocons de neige. Le nom de la demeure Mirror House où les héros vont se réfugier, cette petite fille en robe d'été qui leur apparaît au milieu de la neige pour les guider, ces domestiques taciturnes et légèrement effrayants qui les accueillent, le maître de maison dont l'absence crée un malaise, tout nous amène à ce glissement d'un monde à l'autre, un passage à travers le miroir.
Avec habileté, humour, il nous introduit dans la vie de ces personnages célèbres, dans la nostalgie d'une époque révolue. Truman regrette que le rôle de Holly soit attribuée à la trop sage Audrey. Il parle, bien sûr de l'adaptation de Breakfast at Tiffany. Il vient d'apprendre qu'il y a eu un crime dans le Kansas. Nous savons que ce fait divers donnera naissance à In cold blood (De sang froid). Mais le livre est surtout un bel hommage à Marylin. Christian de Metter s'intéresse non à l'artiste célèbre et glamour, non à la séductrice mais à la femme blessée, mal aimée, à ce côté enfantin qu'elle porte en elle et qui contraste avec sa vie fantasque, folle, noyée dans l'alcool. L'image refuse de montrer Marylin en représentation. Elle reste sobre, souvent dans les teintes sombres. La beauté vient des paysages extérieurs, New York, la campagne sous la neige. Tout en nous intéressant à l'histoire pleine de poésie et de mélancolie, l'auteur nous permet de cerner la personnalité de Marylin, en fait un personnage sensible, profondément humain.
La personnalité du narrateur est aussi très intéressante. Ecrivain en herbe, on devine qu'il est un lecteur assidu et que la littérature est tout pour lui comme le prouve son admiration pour Capote. Il a une personnalité attachante, ne profite pas de la détresse de Marylin pour coucher avec elle. Il est encore comme elle le lui dit un petit garçon, plein d'admiration, en train de vivre une rêve. On devine aussi qu'il est connu par sa famille comme un affabulateur. Il a dû raconter tellement d'histoires que personne ne veut le croire! En fait, un passage à la fois plein d'humour mais triste aussi, montre que sa mère, malade, dont il a oublié l'anniversaire, ne peut le croire que s'il raconte un mensonge!
La chute du récit est très belle mais je ne vous ne dis pas plus pour vous laisser la surprise!
Wens
Chez George