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mercredi 24 mars 2021

Le Festival In d'Avignon 2021


L'affiche du 75 ième festival d'Avignon a été composée par l'artiste Théo Mercier  qui explique ainsi son oeuvre

"L’image est composée de la reproduction d’une page d’un livre sur la collection d’objets du musée anthropologique de Mexico City datant des années 1960, sur laquelle j’ai disposé une de mes peintures de tranche d’agate. C’est un collage, une superposition de deux éléments. La pièce de musée est un masque aztèque mortuaire en obsidienne, la pierre superposée devient le masque du masque. Elle obstrue la vision du personnage, mais nous permet, à nous spectateurs, de contempler le paysage intérieur de ce visage. "

Comme je suis optimiste, j'affirme  :  le festival d'Avignon 2021 aura lieu. C'est du moins ce que nous dit Olivier Py, le directeur du festival. Pour le In, il se déroulera du 5 au 25 juillet.

Aujourd'hui, mercredi 24 Mars, en conférence de presse, Olivier Py a d'abord présenté le festival et les spectacles d'une manière générale puis a laissé place à chaque metteur en scène qui est venu expliquer  sa conception de la pièce.
 Le thème  du festival est  : se souvenir de l'avenir  Et si la Culture n’était pas la recherche du temps perdu, mais la recherche du temps à venir ? Et si nous pouvions, par le poème et la réunion des bonnes volontés, changer ce qui a été, en lui donnant d’autres conséquences ?

Je ne vais pas vous détailler tous les spectacles et je vous invite à cliquer sur ce lien. 

 https://festival-avignon.com/fr/edition-2021/programmation/par-date

Mais j'ai envie d'en sélectionner au moins  quelques uns que j'ai déjà envie de voir. C'est un à priori parce que j'ai le temps de m'intéresser encore à d'autres  représentations d'ici le mois de juillet !

La Cerisaie

La Cerisaie
Anton Tchekhov
Tiago Rodriguez

Il débutera à la cour d'Honneur par La cerisaie de Tchékhov dans une mise en scène de Tiago  Rodriguez et dans le rôle principal Isabelle Huppert. Le metteur en scène a exprimé sa joie de se confronter avec  les mots d'un des plus grands écrivains de tous les temps. Le thème de l'oeuvre théâtrale porte sur l'incertitude de l’avenir, l'angoisse qui vient avec les changements profonds,  mais le metteur en scène ne veut pas que cela soit placé sous le signe de la nostalgie, car l'annonce des temps nouveaux est aussi porteuse d'espoir. Pourquoi la Cerisaie ? Parce  que La Cerisaie ! Parce que Tchékhov ! Parce que Tiago Rodriguez !

 

La Petite dans la forêt profonde

La Petite dans la forêt profonde
Η Μικρή μέσα στο Σκοτεινό Δάσος
de Philippe Minyana
Pantelis Dentakis

Sur une scène miniature, le mythe sanglant de Procné et Philomèle se raconte à la manière d’un conte fantastique. Tels des joueurs d’échecs, deux acteurs face à face déplacent, au plateau et à vue, cinq personnages sous emprise. Sous l’emprise de qui ? Du destin, tout simplement. Pantelis Dentakis fait de La Petite dans la forêt profonde, récit tiré des Métamorphoses d’Ovide et adapté par Philippe Minyana, une pièce indisciplinaire composée de théâtre, de micro-sculptures, de vidéo et d’une œuvre musicale terrifiante. L’histoire se joue sur plusieurs niveaux de sens métaphoriques et visuels, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, entre les inanimés et le vivant, entre le vécu et le projeté dans une esthétique empruntant au film d’horreur, travail du metteur en scène grec Pantelis Dentakis

Philippe Minyana est un auteur que j'apprécie et je verrai donc cette mise en scène avec curiosité et plaisir (En grec sous-titré).

Pupo di Zucchero

Pupo di Zucchero - La Festa dei morti
La Statuette de sucre - La Fête des morts
Emma Dante

Le jour du 2 novembre, c'est la fête des morts. Et des morts, il y en a ici beaucoup : de toute la famille il ne reste plus qu'un vieillard, seul dans une maison emplie de souvenirs. Alors, pour offrir la plus belle des fêtes à tous ses parents défunts et les rappeler à lui, il leur prépare une statuette de sucre, comme le veut la coutume en Italie du sud. Voilà soudain que les morts se matérialisent autour de lui, virevoltent, comme rendus à la vie par le souvenir de leur dernier parent. Comme s'ils n'étaient jamais partis. Mais si le 2 novembre est une nuit bien singulière, arrivera le lendemain et ne restera plus, autour de la table de fête, que la solitude du vieil homme... S'appuyant sur des traditions typiques de sa Sicile natale, Emma Dante invente une célébration baroque et pleine de vie, mâtinée de musique et de danse, pour évoquer un thème cher à son cœur et universel : la mémoire des morts – et la continuité de leur vie chez nous, vivants. Le thème me plaît, la tradition sicilienne, la scénographie, les masques, la marionnette... Je n'ai encore rien vu d'Emma Dante mais il y a deux spectacles d'elle pendant ce festival.

Kingdom
 

Kingdom de Anne-Cécile Vandalem  

Trois décennies d’une saga familiale aux confins de la taïga et d’une utopie. Un conflit vu par le prisme des caméras et à hauteur d’enfants. Un royaume à défendre, dans une nature aussi belle qu’inquiétante.Un baraquement formé de deux maisons où devant coule une rivière. D’un côté la forêt, et au-delà de la barrière, le territoire de l’autre. Partie aux confins de la taïga sibérienne pour fuir le bruit du monde et reconstruire un mode de vie idéalisé, une famille, rejointe par sa branche cousine, est rattrapée par tout ce à quoi elle tentait d’échapper. Entre guerre de territoires, braconnage, incendies, et une vie qui doit composer avec la nature et les animaux sauvages, se joue un drame épique, un conflit ancestral. Librement inspiré du film documentaire Braguino de Clément Cogitore, Kingdom est le dernier volet d’une trilogie commencée avec Tristesses et Arctique . J'ai déjà vu les deux premiers de la trilogie et apprécié le travail de la metteure en scène. Alors, il me faut voir ce troisième volet.

Pinocchio live 2

Pinocchio(live)#2
Alice Laloy

Strasbourg - Colmar / Création 2021

Dans un atelier aux allures de chaîne d’assemblage, des marionnettistes s’affairent au-dessus d’établis pour fabriquer des Pinocchios. Non pas, comme nous pourrions nous y attendre, en les sculptant dans le bois, mais en acheminant des enfants à se métamorphoser en pantins… S’inspirant du mythe de Pinocchio pour le retourner comme un gant, Pinocchio(live)#2 nous propose d’entrer dans un univers dystopique et d’assister « en direct » à une expérience troublante, fascinante, dérangeante. À quoi ressemble un enfant humain quand il est transformé en objet par un adulte ? Et vice versa ? Après un travail de recherche mené sur plusieurs années, la marionnettiste Alice Laloy écrit ici un spectacle aux frontières de la danse, des arts plastiques et de la performance, porté par de jeunes élèves du Centre chorégraphique de la Ville de Strasbourg et du Conservatoire de Colmar. De quoi inventer une mythologie nouvelle du geste créateur. Le thème, l'originalité du spectacle m'attirent.

Y aller voir de plus près
 

Y aller voir de plus près
Maguy Marin
Sainte Foy-lés-Lyon / Création 2021

 

Figure incontournable de la danse contemporaine, Maguy Marin construit une œuvre engagée, peuplée d’individus qui tentent de faire communauté alors qu’ils sont pris dans une tempête. Inspirée par La Guerre du Péloponnèse de Thucydide, chef d’œuvre de la littérature antique, cette création ne déroge pas à ses convictions. Sur le plateau, deux hommes et deux femmes se retrouvent au milieu de costumes qu’ils endossent, d’objets qu’ils manipulent, d’écrans qui les conduisent. Enfants perdus ou troublés, ils saisissent chaque indice comme des archéologues trouveraient des fragments d’histoires ensevelis et oubliés. Ils s’essaient aux jeux de la vie, de la domination et de l’emprise qui nous submerge face à plus faible que soi. Avec en sous texte : comprendre les mécanismes au cœur des guerres et qui fabriquent de la violence. Choisi pour Maguy Marin.

Il y aura aussi Nicole Garcia dans Royan. La professeure de français de Marie NDiaye mise en scène par Frédéric Bélier Garcia

Olivier Py crée un Hamlet à l'impératif, série de dialogues entre les personnages de la pièce.

et avec France culture dans le cadre du cycle "Fictions" : Sandrine Bonnaire et le trompettiste Erik Truffaz, autour des carnets de Goliarda Sapienza,  Fabrice Lucchini lira des textes entre Baudelaire et  Nietzsche et Omar Sy lira "Frères d'âme" de David Diop.

Je vous accorde que c'est plutôt sombre comme programme ! Mais je ne sais pas si le festival In et les metteurs en scène actuels ont jamais eu envie de rire. Enfin, il paraît qu'il y a de l'espoir !

Honoré de Balzac : Adieu

 

La nouvelle de Balzac, Adieu, publiée en 1830, intégrée aux Etudes philosophiques de la Comédie Humaine, nous ramène  en 1812 pendant la retraite de Russie, au passage de la Bérézina.
Le récit se déroule au moment où le major Philippe de Sucy, est rentré en France après avoir été fait prisonnier pendant cinq ans par les cosaques. Devenu colonel, Philippe semble assombri par un lourd passé.  Au cours d’une partie de chasse, il aperçoit à travers la grille d’une propriété, une jeune femme qui a un comportement étrange. Il reconnaît sa bien-aimée Stéphanie, comtesse de Vandières, qu’il avait perdue en lui faisant franchir la Bérézina. Recueillie par son oncle , à son retour de Russie, la jeune femme n’a plus toute sa raison et répète inlassablement un mot : « Adieu ».
Le récit effectue un retour en arrière qui nous ramène aux pires heures vécues par l’armée française lors de la retraite de Russie, lorsque la Grande Armée napoléonienne, décimée par le froid et la faim, poursuivie par les armées russes, se retrouve devant la Bérézina, affluent du Dniepr, sans pouvoir la franchir, le pont ayant été détruit par l’ennemi. Napoléon ordonne de construire des ponts provisoires pendant que les russes se rapprochent et que les canons tonnent de plus en plus près.
Philippe de Sucy s’emploie à assurer la survie de Stéphanie qui a suivi son époux, le comte de Vandières, un vieux général. Il parvient à la faire passer, elle et son mari, de l’autre côté de la rivière, sur un radeau construit à la hâte,  mais ne trouve pas de place pour lui. C’est alors qu’elle lui lance ce mot  ultime : « Adieu » et qu’il sera fait prisonnier par les cosaques.
"Stéphanie serra la main de son ami, se jeta sur lui et l’embrassa par une horrible étreinte. – Adieu ! dit-elle. Ils s’étaient compris. Le comte de Vandières retrouva ses forces et sa présence d’esprit pour sauter dans l’embarcation, où Stéphanie le suivit après avoir donné un dernier regard à Philippe.
 – Major, voulez-vous ma place ? Je me moque de la vie, s’écria le grenadier. Je n’ai ni femme, ni enfant, ni mère.
 – Je te les confie, cria le major en désignant le comte et sa femme.
– Soyez tranquille, j’en aurai soin comme de mon œil.
Le radeau fut lancé avec tant de violence vers la rive opposée à celle où Philippe restait immobile, qu’en touchant terre la secousse ébranla tout. Le comte, qui était au bord, roula dans la rivière. Au moment où il y tombait, un glaçon lui coupa la tête, et la lança au loin, comme un boulet. "

Le colonel va tout faire désormais pour aider la comtesse à  recouvrer la raison mais l’issue sera tragique. Comment survivre après une telle tragédie ?  La nouvelle traite donc de la folie et montre comment l’esprit, lorsqu'il qui ne peut en supporter davantage, s’évade dans un autre monde où rien ne peut l’atteindre.

Le passage de la Bérézina

Le maréchal Ney : passage de la Bérézina  Adolphe Yvon

Le grand morceau de bravoure de l’écrivain est la description de cette bataille. Après l’avoir lue nous comprenons d’autant plus le sens de l’expression employée devant un échec, une défaite : «  C’est la Bérézina ! »

L’apathie de ces pauvres soldats ne peut être comprise que par ceux qui se souviennent d’avoir traversé ces vastes déserts de neige, sans autre boisson que la neige, sans autre lit que la neige, sans autre perspective qu’un horizon de neige, sans autre aliment que la neige ou quelques betteraves gelées, quelques poignées de farine ou de la chair de cheval. Mourant de faim, de soif, de fatigue et de sommeil, ces infortunés arrivaient sur une plage où ils apercevaient du bois, des feux, des vivres, d’innombrables équipages abandonnés, des bivouacs, enfin toute une ville improvisée.
 

Lecture commune initié par Maggie

avec  :