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dimanche 30 octobre 2022

Francesca Melandri : Tous, sauf moi


 

J’ai visionné l’autre soir un documentaire sur Mussolini. J’avais encore tout frais en mémoire le livre de Francesca Melandri Tout sauf moi et le regard horrifié qu’elle porte sur la colonisation de l’Ethiopie voulue par le Duce ! L’écrivaine y raconte les exactions commises dans ce pays, le "nettoyage radical" selon les mots de Mussolini de ce peuple considéré comme inférieur, qui se révolte et qu’il faut "pacifier"  - bel euphémisme - en rasant les villages, condamnant les hommes à la pendaison, donnant les femmes aux soldats et enfermant ceux qui restent dans des camps comme l’Italie l’avait déjà fait en Lybie. Je dois dire, au passage, même si ce n’est pas le sujet, que la France, tout comme l’Italie, n’est pas en reste quand il s’agit des violences de la  colonisation.

Le livre de Francesca Melandri tout comme le documentaire que j’ai regardé relate le massacre d’Addis-Abeba et décrit le tragique épisode au cours duquel l’armée italienne gaze la population réfugiée dans une grotte et extermine ceux qui essaient de s’enfuir. L’écrivaine met en parallèle l’Italie de l’époque mussolinienne et celle de l’époque berlusconienne dans laquelle des ministres et des députés passifs et obéissants à la voix du maître acceptent les réductions des libertés, le racisme, le mensonge et la corruption. Elle dénonce le sort des immigrés en particulier des éthiopiens menacés par un régime totalitaire qui fuient leur pays et se retrouvent en Italie, enfermés dans ce qu’il est de bon ton d’appeler des "centres" mais qui ressemblent fort à des prisons.

"Le voilà encore le temps de la réclusion, des endroits où Dieu est plus silencieux qu'un mur : il coule visqueux par un trou dans la poitrine, la remplit de noir. Mais ici, ce n'est pas la Lybie, c'est l'Italie civilisée. On peut se lever, marcher, aller dans la cour, fumer une cigarette si on a l'argent. Il y a des douches même si elles sont froides. Les toilettes sont des vraies, et pas seulement un seau pour cent personnes, les portes sont enfoncées, mais en général la chasse à eau fonctionne. L'eau à boire est abondante, on ne meurt pas de soif. Les repas sont réguliers même s'il n'y a ni table ni chaises et qu'on doit les prendre assis sur le lit.

C'est un centre et le jeune homme, ainsi que tous les autres, est un hôte pas un détenu. Et pourtant, exactement comme dans la grande salle de Tripoli, personne ne sait quand il pourra sortir."

Ce roman historique - Nous sommes en 2010 - fait vivre des personnages fictifs pour la plupart ou réels dans cette ville gigantesque, Rome, dont les habitants sont malmenée, excédés par le bruit, les incivilités, l'impossibilité de se garer, les embouteillages, le manque de transports publics, tous ces maux, liés à une circulation automobile saturée, et qui grignotent la tranquillité de l’esprit. Rome où les problèmes que posent l’immigration, la pauvreté, le chômage, l’insuffisance des moyens accordés à l’école, la densité des populations dans des immeubles surchargés, soulèvent les relents méphitiques d’un racisme latent ou exprimé par la montée de l’extrême-droite. Rome, objet de Haine et d’Amour  (et oui, cornélien !) pour Ilaria, romaine, hélas ! et fière de l'être, Rome, enfin, comme personnage à part entière du roman !

Ilaria est enseignante. Elle est la fille d’Attilio Profeti mort à l’âge de 97 ans après avoir gagné (du moins c’est ce qu’il croit ) le concours de celui qui mourra le dernier dans son entourage : Tous sauf moi ! Ilaria a déjà beaucoup de choses à reprocher à ce père, si beau que toutes les femmes tombent dans ses bras, si beau qu’il est choisi pour représenter la supériorité de la Race (italienne, bien sûr) sur le peuple noir d’Ethiopie. Elle a d’abord eu un choc quand elle a appris que son père menait une double vie à Rome dans deux foyers différents et avait un autre fils, en plus de ces trois enfants légitimes. Aussi quand elle voit, en rentrant chez elle, un jeune homme noir qui dit être son neveu, Ilaria tombe des nues ! Il se nomme : Shimeta Ietmgeta Attilaprofeti et affirme être le petit-fils d'Attilio Profeti et d’une femme éthiopienne Abeba, avec qui Attilio Profeti aurait eu un fils.

C’est le début de la découverte du passé de son père, de son rôle actif dans le régime mussolinien et la colonisation éthiopienne. Ilaria est une femme droite, exigeante envers elle-même et envers les autres. Pour elle qui met son honneur non dans « l’apparence » mais dans ce qu’elle est « vraiment », qui est « une de ces personnes peu ambitieuse sur le plan social mais beaucoup plus sur le plan existentiel », cette découverte est un séisme ! Son demi-frère Attilio sera à ses côtés pour faire face à cette situation et aux difficultés liées à l’arrivée de cet immigré clandestin, leur neveu, donc ?

Le style de Francesca Melandri est à la hauteur de ce passé mouvementé et violent et de ces personnages entiers.  Il offre parfois des fulgurances qui donnent beaucoup de force à la dénonciation de toutes les oppressions, de toutes les dictatures. Il résonne clairement dans une Italie en train de basculer vers un choix douteux.

vendredi 13 août 2021

Shakespeare : La nuit des rois/ Molière : Les femmes savantes/ Goldoni : Il Campiello

Voici quelques-unes des pièces que j'ai vues avec ma petite fille (11 ans) Apolline

La nuit des rois de Shakespeare

Orsino aime Olivia qui aime Viola, qui aime Orsino. Toute la force de cette comédie réside dans ce triangle amoureux. Mais beaucoup d’autres personnages surgissent dans cette nuit endiablée, faite de musique, de magie, et de rêves.
C’est au total plus d’une quinzaine de personnages interprétés par six comédiens, qui prennent vie sous vos yeux dans une adaptation audacieuse de ce classique intemporel… 

L'avis d'Apolline
J’ai adoré cette pièce car je l’ai trouvé qu’il y avait plein d’humour. Il y a des situations amusantes comme lorsque Malvolio arrive avec des jarretelles jaunes.  J’ai aimé l’histoire d’amour entre Olivia et Sébastien mais pas entre Viola et le duc Orsino parce que le comédien qui interprétait le rôle était bien dans les rôles comiques mais pas dans les romantiques.
 Les personnages sont attachants surtout Olivia et Festé, le fou car ils jouaient tous les deux très bien.
Les costumes étaient modernes mais cela ne m’a pas dérangée.
Il y avait six comédiens mais certains jouaient plusieurs rôles différents. Et on voyait qu’ils aimaient ce qu’ils jouaient. Les lumières étaient belles.
( Le seul petit problème qui n’a aucun rapport avec la pièce est que les sièges de la salle n’étaient pas confortables)
Mais sinon, tout était super !!!
   

L'avis de sa grand-mère

 Je le dis tout net, je n’ai pas aimé  La nuit des rois par la Compagnie Les Lendemains d’Hier  tant ils me paraissent appauvrir la pièce de Shakespeare en n'en présentant que le côté burlesque sans chercher à en rendre la poésie, à présenter le mystère de l'amour, le jeu sur le travesti et le changement de genre, le trouble lié aux tentations de l'homosexualité, bref ! tous les thèmes de la pièce ! D’autre part, résumer la pièce au lieu d’en donner une représentation complète est extrêmement réducteur et sacrifie la beauté du texte ! On ne résume pas Shakespeare, non ! Mais évidemment c’est l’avis de quelqu’un qui a déjà vu la pièce plusieurs fois, interprétée par de grands acteurs et des metteurs en scène qui avaient à la fois le talent et les moyens matériels et financiers de la monter. La nuit des Rois d’Ariane Mnouchkine à la cour d’Honneur pour ne citer que cette représentation mais bien d'autres encore.  
Cependant, je dirai que cette compagnie a le mérite d’initier le jeune public à cette pièce et ma petite-fille a beaucoup aimé. Tant mieux mais je souhaite pouvoir un jour lui montrer une représentation qui montrera toutes les facettes et les richesses de la pièce, tout en jouant sur l’aspect poétique et romantique des émois amoureux. Pour moi, je suis restée sur ma faim.

La nuit des rois Shakespeare à La Conditions des soies 

Compagnie Les Lendemains d’Hier 
Coréalisation L’Anthéadora
 
De William Shakespeare
Mise en scène Benoît Facerias
Avec Grégory Baud, Pierre Boulben, Nolwen Cosmao, Benoît Facerias, Céline Laugier, Arnaud Raboutet, Joséphine Thoby  

 


Les femmes savantes de Molière

Le bel équilibre de la famille de Chrysale et Philaminte vole en éclat sous l'influence d'un homme, Trissotin, poète prétentieux et pédant qui va se révéler n'être en fait qu'un coureur de dot, mu par l'intérêt. Philaminte, Bélise (sa belle soeur) et Armande(sa fille), nos trois savantes, avides de savoir et de reconnaissance, se laissent berner par cet intrigant. La famille se scinde en deux camps et dans cette guerre de pouvoir Philaminte pour couper court à tous pugilats veut marier sa fille Henriette à l'imposteur, alors qu'elle est éprise de Clitandre ancien prétendant de sa sœur Armande.L'intrigue est nouée ! La raison reviendra t-elle dans la maisonnée? La supercherie sera t-elle démasquée?
Une comédie de caractères avec amour, désespoir, exaltation et folie.

L'avis d'Apolline

J’ai adoré cette pièce avec les costumes du 17ème siècle, les chants italiens, la danse.. Ensuite, l’histoire n’est pas facile à comprendre mais avec cette troupe de théâtre, ils ont su faire en sorte que même un jeune public comprenne. Je tiens à souligner un personnage qui se singularise entre tous, c’était la servante de la maison des femmes savantes. Elle était drôle, et incarnait vraiment bien son rôle. J’ai bien aimé Henriette qui avait raison de vouloir se marier. Philaminte, la mère, était aussi bien joué mais  je ne l’aimais pas parce qu’elle voulait obliger sa fille à se marier avec Trisottin.
J’ai vu cette pièce à la cour du Barouf où les comédiens sont formés à la commedia d’ell’Arte..
 
BRAVO !!!!!

 

 

 Il campiello de Carlo Goldoni

IL CAMPIELLO de Carlo Goldoni fait partie des chefs d'oeuvre rédigés par le grand dramaturge Vénitien. L'action se déroule dans une petite place (il Campiello) qui représente le cœur battant de la ville de Venise où les histoires des riverains se croisent avec celles des visiteurs étrangers dans un tourbillon d'actions et d'événements hauts en couleurs. Danses, chants, pantomimes, et lazzis font la part belle à cette oeuvre majeure du Théâtre Populaire Européen. Pour tout public et pour le plus grand plaisir de tous les publics !!!

L'avis d'Apolline

J’ai beaucoup aimé cette pièce car les costumes étaient très bien, les maquillages réalistes et les personnages amusants. Le décor qui ressemblait vraiment à une petite place de Venise était magnifique!
Quelques comédiens/comédiennes qui jouaient dans ‘Les femmes savantes’ étaient aussi dans cette pièce car ce spectacle se jouait aussi dans la cour du Barouf. C’était un vrai moment de plaisir.
J’ai ri tout le long du spectacle et ma grand-mère (Claudia Lucia) aussi.
BRAVO À EUX !!!

L'avis de sa grand mère

Les comédiens de la cour du Barouf sont de jeunes élèves franco-italiens en troisième année de l'Académie des Arts du spectacle de Versailles. Ils sont jeunes, fougueux, pleins d'énergie et mêlent chants, musique et danses dans le style de la Commedia dell' Arte sous la houlette du metteur en scène Carlo Boso. Les deux spectacles Il Campiello et Les femmes savantes donnent lieu à d'agréables moments de théâtre, pleins de bonne humeur, et dans le respect du texte et de l'auteur. C'est là que je me suis aperçue que Les femmes savantes (en vers) ne sont pas un spectacle facile pour les enfants au niveau de la langue et du contexte historique.

 

 Logo d'Apolline


jeudi 14 mars 2019

Sibilla Aleramo : Le passage


 Le Passage

Dans une nouvelle intitulée Le Passage, paru en 1919, Sibilla Aleramo reprend le récit de sa vie dans un texte lyrique, d’une grande beauté poétique.  
Je rappelle que l'écrivaine, mariée à 16 ans à l'homme qui l'avait violée,  écrit son premier roman Une femme, en 1906, après avoir quitté son mari et son enfant qu'elle n'a jamais revu. Le livre qui connaît immédiatement un grand succès, est traduit en plusieurs langues et Sibilla Aleramo devient une icône du féminisme dans le monde. (voir le billet  : Une femme Ici)
 
 Son fils

Mary Casatt

Ô mon enfant, mais de ce sombre rêve, tu étais pourtant sorti, vivante réalité de chair, mon enfant, passion profonde de mon sang…
Pourquoi t’ont-ils arraché de moi ?
Tu étais à moi, tu étais avec mon âme la seule chose vivante de ma sombre jeunesse ; je t’avais fait grandir comme je grandissais moi-même, non pour ce jour-là, mais pour d’autres qui devaient venir… Mon enfant, et j’ai pu sauver mon âme de ce cauchemar, et toi, je n’ai pas pu te sauver ! Ils ne t’ont pas rendu à moi, bien que je te réclamasse en hurlant… Ils n’ont pas voulu, tu es resté loin de moi, loin de moi. Resté pour toujours le petit qui avait déjà presque sept ans. J’ai essayé, ma créature, j’ai essayé de te deviner autre, d’imaginer comment pouvaient être tes yeux quand tu avais huit ans, quand tu avais dix ans et douze ans… Je cherchais à me représenter ta taille, mois par mois, et ton sourire et tes cheveux… Mais ta voix, mon fils, je ne la pouvais savoir ! Tu venais dans mon sommeil, rêve d’un rêve. Et rien d’autre, plus jamais.

Son père et sa mère 

Le père de Sibilla Aleramo a abandonné ses enfants et sa mère qui a progressivement sombré dans la folie. Plus tard, elle se souvient d'eux et de leur amour disparu.
Le baiser Klimt
Cette nuit-là, comme j’écoutais la voix du fleuve gronder durement sous les arches du pont et contemplais dans mon cœur une douleur déjà indurée, déjà prête à devenir pierre, je me surpris à songer à ce qui avait uni mon père et ma mère, à leur amour. Je pensai à leurs deux jeunesses. J’avais été conçue dans l’extase et le délire par ces deux créatures alors neuves, belles, victorieuses pour moi de toute tristesse, en ce premier instant de moi-même.
Baiser d’où je suis née, tu étais un chant qu’exprimaient pour moi deux amoureux, tu étais un chant total, et je t’ai emporté dans mes veines, écho que rien n’a jamais pu étouffer. Moi, la première-née, fruit de joie, fusion de deux flammes. Ils s’aimaient parce qu’ils ne se ressemblaient pas, parce que tout de l’un émerveillait l’autre. Et leurs existences se jetaient l’une vers l’autre pour moi, pour former une créature unique, qui vivrait la vie intégrale, la vie si diverse en eux deux, l’accepterait et l’aimerait dans sa totalité. Ils ne le savaient pas. S’ils l’avaient su, peut-être, après m’avoir vue naître, se seraient-ils séparés, peut-être n’auraient-ils pas voulu créer ensemble d’autres enfants avec un élan moindre, pour un destin moins puissant. En moi seule s’est transmis vraiment ce qui les accoupla : la force d’amour qui éternellement dissout tout mal en moi.

 Le silence
Hammershoi

Le silence attend. Le silence, la plus fidèle chose qui m’ait enlacée dans la vie.
Plus grand que moi, au fur et à mesure de ma croissance, il croissait, lui aussi, semblait toujours vouloir m’écouter ; nous nous taisions ensemble, et je me retrouvais toujours la même entre ses bras, sans stature, sans âge, créée par le silence même, peut-être par un sien désir immuable, ou peut-être non encore née, larve qu’il protégeait.
Une fois encore, je suis seule, je suis loin, et autour de moi tout se tait.

 L'humilité

Chagall

 L’Humilité m’environne. Profonde comme les ombres violettes dans la vallée couronnée de nuages d’argent.

Je suis née au milieu d’août, dans le Piémont. Mais peut-être au ciel, en ce mien premier matin, se tenaient suspendus de grands fantômes blancs et, dans la campagne d’Assise, où ma mère avait passé jeune épousée dans le clair vallon fleuri où je voudrais mourir, peut-être toute la suavité de la terre se vêtait de violettes. 



mardi 12 mars 2019

Sibilla Aleramo : Une femme


Dans Une femme (Una Donna) publié en 1906, Sibilla Aleramo publie une autobiographie romancée et raconte un fait inouï pour l’époque : Comment elle a quitté son mari et a dû pour cela abandonner son fils.
Sibilla Aleramo, de son vrai nom Rina Faccio, commence son récit avec son enfance, petite fille déchirée entre un père qu’elle admire et une mère effacée, qui ne supporte pas les infidélités de son mari. La fillette est d’une grande intelligence et son père adoré dirige son éducation, lui donnant lui-même des cours, l’incitant à lire, développant en elle des connaissances précoces. A 13 ans, l’enfant travaille dans l’usine de son père comme comptable et l’aide à la gestion. Mais celui-ci se désintéresse de sa famille pour s’installer avec une autre femme et l’adolescente souffre beaucoup de cet abandon qui la laisse seule avec ses frères et soeurs, sa mère sombrant progressivement dans la folie. Aussi quand elle est violée à l’âge de 15 ans par un employé de son père, elle ne peut se confier à personne et se persuade qu’elle doit l’épouser. C’est le début d’une vie conjugale horrible où la jeune femme -elle a 16 ans- doit abdiquer toute personnalité, se fondre dans son rôle d’épouse, face à un mari jaloux et violent qui l’humilie et la bat. La société conformiste et étriquée de province accentue son isolement. Seule la naissance de son fils lui apporte la joie et l’amour. Pour lui, elle accepte encore des années de souffrance mais après sa tentative de suicide, elle comprend qu’elle ne peut plus continuer ainsi, c’est une question de survie ! Pour être libre, retrouver sa dignité et aussi pour avoir le droit d’écrire, de devenir l’écrivain qu’elle porte en elle, elle s’enfuit de son foyer en laissant son enfant derrière elle. Elle n’obtiendra jamais le droit de le revoir. Un geste si douloureux qu’elle en portera la blessure toute sa vie. 

J’ai aimé ce récit écrit dans un style simple, limpide et sobre. Ce témoignage émouvant et douloureux montre toute l’horreur de la condition féminine la fin du XIX siècle et au début du XX ème en Italie. Au XVII ème siècle la peintre, Artemisia Gentileschi, était elle aussi prête à épouser son violeur pour « réparer » la faute. On voit que la situation féminine n’a pas beaucoup évolué tant de siècles après ! Sibilla Aleramo mène une réflexion intéressante et intelligente sur les grands problèmes liés au statut de la femme. Elle y répond à sa manière en montrant que oui, la femme peut gagner sa liberté.
Si ce récit a fait scandale à sa parution auprès de la bonne société italienne catholique et pratiquante, il a placé Sibilla Aleramo au rang d’icône du féminisme, à l’époque et encore de nos jours …

 Extraits de Une femme   

Sibilla Aleramo réfléchit  à la condition de la femme et en particulier lorsque celle-ci devient mère. Mais qu’est ce qu’une « bonne mère » ?

Mais la bonne mère ne doit pas être comme la mienne une pauvre créature à sacrifier : elle doit être une femme, une personne humaine.
Et comment peut-elle devenir une femme si ses parents la donnent, innocente, fille, incomplète, à un homme qui ne la regarde pas comme son égale, mais qui en use comme d’un objet dont il est le propriétaire….


Sibilla Aleramo écrit ses impressions, ses notes s’accumulent :
 
Une ardeur secrète courait dans ces feuillets que je commençais à aimer comme quelque chose qui serait le meilleur de moi-même, comme s’ils m’assuraient que je pourrais vivre intensément et utilement. Vivre ! je voulais désormais non plus seulement pour mon fils, mais pour moi, pour tous.
 

La liberté
Penser, penser ! Comment avais-je pu vivre tant de jours sans penser ? Les personnes, les choses, les livres, les paysages, tout provoquait chez moi désormais d’interminables réflexions.

Mon prochain billet présentera une autre oeuvre de Sibilla Aleramo : Le Passage

Sibilla Aleramo


 Sibilla Aleramo, pseudonyme de Rina Faccio, est une écrivaine italienne, née à Alexandrie dans le Piémont le 14 août 1876 et morte à Rome le 13 janvier 1960.
Mariée à 16 ans à l'homme qui l'avait violée, elle écrit son premier roman Une femme, en 1906 après avoir quitté son mari et son enfant. Le livre, qui connaît immédiatement un grand succès, est traduit en plusieurs langues. Féministe, militante communiste, Sibilla Aleramo a toujours lutté pour la cause des pauvres.

vendredi 28 septembre 2018

Donna Leone : Le cantique des innocents et Le garçon qui ne parlait pas


Le cantique des innocents


Des carabiniers agressent un pédiatre en pleine nuit pour lui enlever son fils de dix-huit mois. Venise est sous le choc. Puis les langues se délient : certains crient au scandale, d'autres soupçonnent la découverte d'un réseau de trafic d'enfants. Un vent de délation envahit la lagune ... Le commissaire Brunetti a bien du mal à distinguer les coupables des innocents.

Et voilà j’ai retrouvé une fois encore Donna Léone et le charme de la lagune, des promenades dans Venise avec Le cantique des Innocents. Comme d’habitude le commissaire Brunetti et son adjoint Vianallo arpentent la cité mais il est question cette fois d’un trafic d’enfants. Des parents stériles mais assez fortunés achètent leur progéniture à des mères en difficulté et désargentée et derrière tout cela un réseau maffieux, des milieux médicaux véreux épaulés par des politiciens qui le sont tout autant, agissent dans l’ombre. Le roman parle d’une réalité dont Donna Léone  dénonce les ramifications profondes et les zones d’ombre soigneusement cachées.
Comme d’habitude, j’ai lu le roman avec plaisir, retrouvant le commissaire Brunetti et ses petits arrêts gourmands dans les restaurants de la ville ou chez lui, petits plats préparés par sa femme, brillante universitaire mais épouse-cuisinière puisque, comme on le sait, les enseignants ne travaillant pas (ou presque), doivent -quand elles sont femmes- servir de larbins à leur mari ! Et là, Brunetti découvre que  sa vie familiale avec Paola est douce et paisible pour ne pas dire privilégiée. Le commissaire est, en effet, très secoué par cette enquête qui lui révèle le sacrifice des Innocents, enfants vendus comme des marchandises, puis arrachés à leurs parents adoptifs même si ceux-ci sont aimants, et finalement condamnés par la société à ne pas avoir de famille.

Le garçon qui ne parlait pas



Tandis que les feuilles d’automne commencent à tomber, le vice questeur Patta demande à Brunetti d’enquêter sur une petite infraction commise par la future bru du maire. Le commissaire Brunetti n’a guère envie d’aider son patron à récolter les faveurs politiques, mais il est bien obligé de s’incliner. Puis c’est au tour de sa femme, Paola, de lui présenter une requête. L’handicapé mental employé par leur pressing vient de mourir d’une overdose de somnifères, et Paola ne peut pas supporter l’idée que dans la vie comme dans la mort, personne ne l’ait remarqué ni aidé.
Brunetti se met au travail mais, à sa grande surprise, il ne découvre rien sur cet homme : pas d'acte de naissance, pas de passeport, pas de permis de conduire, pas de carte de crédit. Pour l’administration italienne, il n’a jamais existé. Plus étrange encore, sa mère refuse de parler à la police et assure au commissaire que les papiers d’identité de son fils ont été volés lors d’un cambriolage. Au fil des révélations, Brunetti commence à soupçonner les Lembo, des aristocrates, d’être mêlés à cette mort mystérieuse. Mais qui a bien pu vouloir tuer ce malheureux simple d’esprit ?

Dans ce roman, il est encore question de maltraitance, mais aussi d’éducation. Donna Leone démontre l’importance du langage comme vecteur de conscience et de socialisation. Nous y découvrons aussi ce qu’est la mort à Venise dans la vie quotidienne : comment enterre-t-on ses morts à Venise ?

Il vaut mieux ne pas lire plusieurs Donna Leone à la suite, ce que j’ai fait avec ces deux titres, parce que vous apparaît alors le fait que les romans de Donna Léone (que pourtant j’aime bien) obéissent à une recette bien rôdée, toujours la même :  la même structure de l'intrigue, des personnages prévisibles et superficiels pour ne pas dire codés, un soupçon de ville de Venise pour plaire aux nostalgiques, saupoudré de bonnes petites recettes italiennes, une confrontation, élégante et légère, entre mari et femme, Guido et  Paola, avec l'inévitable verre de vin,  intervention ou non des enfants Brunetti autour de la table !  Parfois m'agace aussi le mépris qu'éprouve la dame pour les italiens en particulier du Sud ! L’enquête policière y est plus ou moins intéressante mais ce n’est jamais ce qui est le plus important dans le roman.

Mais si l’on espace les lectures, le charme de la présence du cadre, Venise, agit ; nous découvrons le cité autrement qu’en touristes, ces touristes qui sont une mâne, à la fois, et une plaie (dixit la donna) pour la beauté et l’authenticité de la ville ! Et puis assurés que nous sommes de retrouver nos personnages familiers, leurs habitudes, leurs côtés sympathiques, nous nous glissons comme dans des pantoufles, dans le confort du roman, en terre connue! Et, c’est certain, il faut un talent écrivain pour cela même si le tout manque de profondeur.

dimanche 9 septembre 2018

Dominique Fernandez : La course à l'abîme


Le Caravage : Judith et Holopherne

Il y  a longtemps que je voulais lire le livre de Dominique Fernandez sur le Caravage : La course à l’abîme. Et bien voilà, c’est fait ! Le roman date de 2002 mais il reste l’une des meilleures approches de la vie et de l’oeuvre du peintre, roman historique qui fait appel à l’imagination de l’auteur, mais qui est aussi le travail d’un érudit, agrégé d’italien, professeur d’université, amoureux inconditionnel de Rome et du baroque, l'art de la contre-réforme.

Rome, 1600. Un jeune peintre inconnu débarque dans la capitale et, en quelques tableaux d’une puissance et d’un érotisme jamais vus, révolutionne la peinture. Réalisme, cruauté, clair-obscur : il bouscule trois cents ans de tradition artistique. Les cardinaux le protègent, les princes le courtisent. Il devient, sous le pseudonyme de Caravage, le peintre officiel de l’église. Mais voilà : c’est un marginal-né, un violent, un asocial ; l’idée même de « faire carrière » lui répugne. Au mépris des lois, il aime à la passion les garçons, surtout les mauvais garçons, les voyous. Il aime se bagarrer, aussi habile à l’épée que virtuose du pinceau.
Condamné à mort pour avoir tué un homme, il s’enfuit, erre entre Naples, Malte, la Sicile, provoque de nouveaux scandales, meurt à trente-huit ans sur une plage au nord de Rome. Assassiné ? Sans doute. Par qui ? On ne sait. Pourquoi ? Tout est mystérieux dans cette vie et dans cette mort. (quatrième de couverture)

La vie de Michelangelo Merisi qui prend pour nom d’artiste celui du village où il est né en 1571, Caravaggio, dans le duché de Lombardie, est si mouvementée, si violente, pleine de vicissitudes, de gloire et de déchéance, entre palais et prison, qu’il pourrait sembler le héros type de tout roman d’aventures ! Entre échauffourées et rixes, l’épée et le poignard faciles, fréquentant les tavernes avec ses amants, riche un jour, endetté le lendemain, meurtrier, mourant lui-même de mort violente, il est l’image par excellence du « mauvais garçon » sauvé chaque fois par l’un de ses riches et puissants protecteurs conscients de son talent, amateurs d’art et collectionneurs avides. C’est du moins l’image que l’on a toujours voulu voir de lui. Mais si cet aspect de sa personnalité existe, Dominique Fernandez donne un tout autre éclairage de l’artiste, entre ombre et lumière, à l’image de ses tableaux. Comment le peintre qui est mort à l’âge de 39 ans, dont l’activité ne s’étend que sur une période de dix-huit ans, aurait-il pu accomplir une oeuvre aussi dense, plus de cent tableaux, aussi réfléchie et minutieuse, s’il était ce personnage vivant uniquement dans le désordre et la dépravation ?
Et comme le roman est à la première personne, c’est Michelangelo Merisi qui nous raconte sa vie et rétablit la vérité : « Comment ai-je passé la plus grande partie de ma vie? Assis devant mon chevalet ».


Le Caravage : garçon mordu par un lézard
Le Caravage suscite l’admiration des grands qui le protègent mais n’hésitent pas à le spolier. Pourtant ses tableaux qui rompent avec la tradition de la Renaissance pour trouver son inspiration dans la rue et qui défient la morale, lui attirent les foudres de l’église et de l’Inquisition. Loin de l’imitation des Anciens et de l’idéalisation des sujets, ses modèles sont des êtres réels qu’il ne cherche pas à embellir, parfois ses amants, de jeunes garçons des rues un peu vulgaires ou ses amies, les prostituées. J'aime bien le personnage de Mario qui a été le véritable amour de Michelangelo  et a beaucoup de personnalité .

Le Caravage : Bacchus
 Et l’artiste  révèle par la sensualité de sa peinture et son érotisme étalé au grand jour, ses préférences sexuelles qui, à cette époque, peuvent le conduire à la mort. Pourtant, le pire ennemi du peintre, c’est lui-même. Dominique Fernandez le peint sous les traits d'un homme tourmenté, qui ne peut accepter le succès, remettant toujours en jeu sa réussite, trop passionné pour se satisfaire de ce qu'il a. Il se détruit lui-même par une pulsion de mort qui le conduit jusqu’à cette plage où il fut assassiné, véritable course à l'abîme. Si l’auteur fait appel à son imagination pour nous expliquer la fin tragique du Caravage, c’est dans ses oeuvres qu’il a trouvé une réponse, puisant dans leur analyse une connaissance de l’homme. 
Car si Fernandez a un talent réel pour brosser un tableau haut en couleurs de ce XVII siècle houleux, des personnages célèbres que côtoie le peintre, des âpres rivalités qui l’opposent aux autres artistes,  il nous offre, de plus, une étude intéressante de ses oeuvres, à la lumière de sa vie, analysant les motivations profondes qui guident l’artiste.

Un livre passionnant pour tout amoureux de l’Italie, du Caravage et de l’art en général ! Un roman historique d’un grand intérêt.

Le Caravage  : Garçon à la corbeille de fruits (Mario)
Le garçon à la corbeille de fruits : " sujet unique, célébration d'un seul instant  : l'épanouissement de la volupté physique sur le visage de Mario. La tête penchée, la bouche entrouverte, la paupière lourde, le regard vague, l'épaule nue, l'air languide que souligne l'éclairage indirect, l'offrande des fruits -clair symbole de cadeau érotique - , tout, ici, n'est que la traduction imagée de la physionomie de Mario tel qu'il m'apparaissait dans l'intimité..."
"Je suis le premier à avoir mis en évidence que la force érotique déborde de l'endroit du corps où notre paresse mentale, nos préjugés, nos frayeurs la cantonne. Elle irradie où elle veut, avec une impudence souveraine, qui transfigure celui qui en est possédé "

Le Caravage est à l'origine d'un type de peinture, véritable révolution dans l'art, que l'on a appelée le caravagisme et qui présente des caractéristiques communes : Technique du clair obscur, Réalisme, et scène prise sur le vif. 


Le Caravage : Emmaus  ( clair obscur)

Les caravagistes, amis ou rivaux du Caravage, font partie des personnages du roman. Ainsi Orazio Gentileschi (le père d'Artemisia) à la fois ami et disciple.


Orazio Gentileschi : Judith et sa servante

samedi 4 février 2017

Elena Ferrante : L'amie prodigieuse 2 : Le nouveau nom



 Et voilà, j'ai lu le second volume de L’amie prodigieuse de Elena Ferrante :  Le nouveau nom, ce livre qui fait un tabac dans les blogs et que tout le monde commente ! Pour moi, il ne s’agit pas  d’un coup de coeur car je trouve qu'il y a parfois des longueurs et des redites mais j’apprécie beaucoup cette saga que je suis avec intérêt et plaisir parce qu’elle nous permet de pénétrer dans un quartier populaire de Naples dans les années 50 à 60 et j'y reconnais parfois des éléments de ma propre enfance toujours marquée par la guerre dans un Marseille pas encore reconstruit. Projection dans un passé et dans une ville italienne où règne la misère, la violence, la corruption. L’écrivaine fait revivre ces milieux souvent misérables, sans grand espoir d’avenir et le fait avec justesse, vérité et empathie. On sent qu’elle connaît bien ce milieu et je suis de plus en plus persuadée que le roman est autobiographique ou en partie.
Depuis que j’ai écrit ces mots, j’ai vu un  reportage aux infos sur la 2 où l’on parlait justement du mystère Ferrante pas vraiment résolu et de l’engouement autour de ce roman... Mais ce n'est pas pour cela que je lis ce roman, en fait peu m'importe qui est Elena pourvu que j'aime ce qu'elle écrit !

photographie  : Naples de Mario Cattaneo dans les années 1950
Naples de Mario Cattaneo dans les années 1950
Ce deuxième volet continue à explorer l’histoire de l'amitié complexe des deux jeunes femmes qui est le fil conducteur du récit. Elena Ferrante excelle dans la peinture de la psychologie de Lila et Lena. Elle explore avec perspicacité les sentiments avérés des deux amies mais aussi ceux qui se cachent sous l’apparence, ceux qui sont inavoués. La jalousie, l’envie, la rivalité, l’exaspération, la rancune,  les  faux-semblants, une amitié qui ressemble parfois à de la haine, une amitié avec de longues périodes d’absence, de désamour, mais pourtant qui ne peut mourir.

Il n’y a pas ellipse de temps dans ce second volume puisque l’on retrouve Lila tout de suite après son mariage. Elle a seize ans et elle découvre la réalité de la vie d’épouse. Elle est battue par son mari. Il pense ainsi la « redresser », c’est à dire éteindre en elle son besoin de liberté, corriger son anticonformisme et son caractère entier et fantasque. Mais il en faut plus pour réduire Lila à l’obéissance et à la soumission. La haine couve dans son coeur, la révolte aussi et si elle met sa belle intelligence sous éteignoir ce n’est jamais pour très longtemps.
Parallèlement, Elena poursuit ses études jusqu’à l’université. Elle s’intéresse à la politique peut-être plus pour captiver le garçon qu’elle aime que par réel intérêt. Son sentiment d’infériorité la pousse à un certain conformisme et à une soumission intellectuelle par rapport à ceux qu’elle admire. Mais peu à peu sa vision de la société s’affine. Le regard qu’elle porte sur son quartier n’est plus innocent. Elle voit en particulier ce qu’est  la condition des femmes, les brutalités qu’elles subissent de la part de leur mari mais aussi de la société. Mères épuisées, sans aucun droit, pauvres, elles perdent le goût de vivre et reproduisent le cycle de la violence auprès de leurs enfants. Elena découvre que non seulement ses études l’éloignent de ses anciens amis qui la considèrent comme une étrangère mais aussi qu’elle n’est pas acceptée par la classe sociale qui possède la culture. La bourgeoisie ne la reconnaît pas vraiment comme une de leurs et quand elle se fiance avec un jeune homme de bonne famille, elle comprend que si lui peut prétendre naturellement à un poste de professeur d’université, elle non, malgré de brillantes études !
Cet aspect du roman m’a énormément interpellée car je l’ai trouvé très vrai et pas seulement à cette époque et dans ce pays mais aussi en France et même actuellement;  ainsi si l’on est fils ou fille de « quelqu’un » on réussira toujours mieux et plus facilement que si l’on est de famille modeste. Rien ne change ! En ce sens le roman prend de l’envergure car il ne se limite pas à être seulement le récit des peines de coeur d’Elena et des déboires conjugaux de Lila (et des autres personnages). Il dénonce l’injustice sociale, la servitude des femmes, il peint des générations sacrifiées qui ne peuvent accéder au savoir, il montre que l’intelligence et le travail et l’assiduité ne sont pas à armes égales avec le pouvoir et la richesse. Il nous fait découvrir que la culture (la littérature en particulier) transforme un être mais qu’il y aura toujours une différence entre ceux pour qui c’est un dû, un phénomène naturel, et ceux qui doivent se battre pour l’acquérir.

Naples : mère 1950 nom du photographe?
Autre remarque : Certaines critiques disent que Elena Ferrante n’écrit pas bien (évidemment je ne peux juger que par la version française) et cela m’étonne car je ne sais pas ce que veut dire « mal écrire » dans ce cas précis. Quant à moi, je trouve le style efficace, direct, avec parfois une force réelle quand l’écrivaine décrit par exemple la nuit de noce de Lila, un dur apprentissage des rapports homme et femme ; ou lorsque Pinuccia mariée à Rino, le frère de Lila, découvre la gentillesse et la prévenance de Bruno Soccavo, fils d’un riche industriel et en tombe amoureuse, elle qui ne connaît des hommes que la brutalité, la vulgarité et l’épaisseur intellectuelle de son mari : tout est alors dans les non-dits;  ou encore quand  Lena « voit » pour la première fois les femmes de son quartier, comme si ses yeux se déshabituant de l’accoutumance, se dessillaient pour découvrir une triste réalité.

  Tout à coup, j’eus l’impression d’avoir vécu en limitant en quelque sorte mon regard, comme si j’étais capable de m’intéresser uniquement à nous autres jeunes filles ….
Ce jour-là en revanche je vis très clairement les mères du vieux quartier. Elles étaient nerveuses et résignées. Elles se taisaient, lèvres serrées et dos courbé, ou bien hurlaient de terribles insultes à leurs enfants qui les tourmentaient. Très maigres, joues creuses et yeux cernés, ou au contraire dotés de larges fessiers, de chevilles enflées et de lourdes poitrines, elles traînaient des sacs à commissions et enfants en bas âge, qui s’accrochaient à leurs jupes et voulaient être portés.


Vous avez dit Mal écrit ?

Voir :  Miriam ; Helène
Kathel

lundi 23 janvier 2017

Donna Leon : Un vénitien anonyme



Dans la perspective d’un voyage à Venise en février et en quête d’un livre facile à lire (j’ai eu une période de baisse de régime) voilà un titre de Donna Leon (auteure que j’ai beaucoup lue dans le passé). Il s’agit de Un vénitien anonyme, livre policier dans lequel le lecteur retrouve, bien sûr, le commissaire Brunetti.

Venise Roberto Ferruzi

Plus que Venise, c’est Mestre que nous découvrons dans cette enquête policière et vous conviendrez que la banlieue industrielle de la glorieuse cité des Doges, près des abattoirs, est une visite peu romantique. C’est là, dans un terrain vague, lieu de rencontre des prostitué(e)s que l’on découvre un travesti sauvagement assassiné. En cette période de vacances où la moitié de l’effectif de police est déjà partie, c’est à Brunetti que l’on va confier l’affaire.
Celle-ci nous mènera des milieux de prostitués masculins de Mestre à Venise dans les milieux de la banque et la société bien pensante de la bonne bourgeoisie vénitienne. En particulier cette fameuse ligue de la Moralité, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle paraît un peu louche et… pas très morale !
 L’enquête permet à Donna Leon, tout en explorant les bas-fonds des la ville, de faire un portrait charge d’une société corrompue. Elle dénonce, au passage, la catastrophe écologique qui menace la cité et dont l’homme en général et les politiques en particulier sont les grands responsables. Nous sommes en été, la chaleur est abrutissante et exalte l’odeur d’égout à ciel ouvert de la lagune  :

Nous avons tué les mers et ce n’est qu’une question de temps avant qu’elles  se mettent à puer. Etant donné que la lagune n’est qu’un égout au fond de l’Adriatique, laquelle n’est elle-même qu’un égout par rapport au reste de la Méditerranée, laquelle..

Tout le monde parlait, tout le temps, de la destruction imminente de la ville, ce qui n’empêchait pas le prix des appartements de doubler tous les deux ou trois ans et les loyers d’augmenter dans des proportions qui les mettaient hors  de portée de la classe laborieuse.

Comme d’habitude, le charme de l’histoire tient au commissaire Brunetti, toujours aussi sympathique et qui tranche par son ouverture d’esprit et malgré son éducation de mâle italien sur les homophobes primaires qu’il rencontre dans son enquête. Nous suivons avec plaisir ses déambulations dans Venise sous la statue de bronze de Goldoni, Campo San Bartolomeo, au marché d’herbes du Rialto, ou dans le quartier de Dorsudoro, place Ramo Dietro gl'Incurabili chez un ami journaliste, possesseur de tableaux de maîtres italiens Ferruzi, Morandi, Guttoso.. Nous  nous attablons avec lui dans les petites trattoria où il fuit l’insalata di calamari laissée par sa femme dans le réfrigérateur.

Giorgio Morandi

Bref! une lecture agréable, peut-être pas la meilleure enquête parmi celles que j’ai lues de  cette écrivaine mais avec une recette toujours gagnante : Venise, véritable personnage de tous les romans de Donna Leon et à son commissaire Brunetti.


jeudi 1 décembre 2016

Elena Ferrante : l'amie prodigieuse


Dans  L’amie prodigieuse, Elena Greco, fille du portier de la mairie, se prend d’amitié pour Lila Cerullo, fille de cordonnier dans un quartier pauvre de Naples dans les années 1950. Lila est l’amie « prodigieuse », qui la subjugue par son intelligence. Extrêmement douée, la petite Lila a un caractère affirmé, une  indépendance et une personnalité forte que rien ne semble pouvoir brimer. Pourtant au moment du choix, Lila se verra interdire le collège par des parents intraitables alors que Lena poursuivra ses études jusqu’au lycée grâce à l’intervention de l’institutrice.
L’amie prodigieuse est l’histoire d’une amitié profonde mais complexe entre les deux fillettes qui grandissent devant nous, mais aussi le récit d’une séparation inéluctable, Lena s’éloignant peu à peu de son entourage qui parle encore le dialecte. Sa maîtrise de la langue italienne et de la culture fait d’elle une étrangère dans son propre milieu.

C’est Lena, âgée, devenue écrivaine, qui raconte cette histoire et fait revivre  le quotidien des familles pauvres dans un quartier où la violence est de mise entre adultes mais aussi entre les enfants. Nous faisons connaissance avec toutes ces familles qui sont non seulement marquées par la misère mais aussi par les souvenirs de la guerre, du fascisme et des exactions commises pendant le conflit. Le marché noir qui a permis à certains de s’enrichir sur le dos des autres est loin d’être oublié et peut encore pousser au crime. Mais le point de vue est celui d’une enfant qui ne comprend pas tous les sous-entendus et peuple son quartier de personnages échappés des contes comme l’ogre, Don Achille Carracci. Peu à peu, en grandissant et en s’instruisant, le regard de Lena, adolescente, s’éclaire et les zones sombres de son enfance prennent une autre signification. Quant à Lila, elle ne peut échapper au déterminisme social et à son statut de fille pauvre mais belle et son intelligence supérieure doit être mise sous éteignoir. C’est Mozart qu’on assassine !

J’ai beaucoup aimé les talents de conteuse de Elena Ferrante et sa manière de décrire des personnages populaires vrais, sans misérabilisme mais aussi sans concession. Ni mépris, ni angélisme. Un ton si juste que l’on se demande si la Lena du roman n’est pas l’Elena qui signe le livre. Pas de réponse à cette question puisque Elenaa Ferrante semble être un personnage mystérieux qui se cache sous son pseudonyme. (voir article du Figaro ICI)

Un bon livre, plein de sensibilité qui, je m’en suis aperçue à la fin du roman, n’est pas terminé et se poursuit dans les tomes suivants : Le nouveau nom et Celle qui fuit et celle qui reste (sortie en Janvier 2017).

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samedi 30 juillet 2016

Festival Off d'Avignon 2016 Théâtre italien : Prêt-à-partir de Fabio Marra et Fabio Gorgolini et Ensemble de Fabio Marra



Prêt-à-partir

« Prêt-à-partir » est une histoire rocambolesque où l'ironie se mêle au drame, le passé au présent, la fantaisie à la réalité. Le voyage vers la Cour d’une troupe de théâtre proche de la faillite est interrompu par un accident. On assiste alors aux répétitions du spectacle qui décidera du sort de la compagnie. Un roi obèse traversera une série d’aventures et de métamorphoses pour conquérir ce que le pouvoir seul ne peut pas lui donner. Les répétitions terminées, nos quatre comédiens vont-ils être prêts à partir ?

J’ai trouvé la mise en scène et la scénographie de Prêt-à-partir, pièce de théâtre de Fabio Marra et Fabio Gorgolini, inventives et réussies. Une roulotte comme celle de la troupe de Molière immobilisée à la suite d’une roue cassée va servir de décor à la répétition de la pièce, devenant tour à tour, le palais du roi, la chambre de la reine, la prison…
Saverio, auteur des pièces et aussi directeur de la troupe,  (amusante allusion à un certain Jean-Baptiste!) trouve son inspiration dans la découverte qu’ils font d’un bébé abandonné dans les bois et que la femme de Saverio accueille avec ravissement. Pendant les répétitions les personnages de la pièce, roi, prince, reine, serviteurs, médecin, cuisinier, prennent vie devant nous. Mais lorsque les comédiens interrompent la répétition pour redevenir eux-mêmes, ils retrouvent leurs soucis d’argent, la nécessité de partir au plus vite pour atteindre la cour du Duc, leur désir de réussite, leur rivalité et leur jalousie professionnelles…
Cette mise en abyme est passionnante parce qu’elle fait et défait les personnages au fur et à mesure qu'ils se construisent devant le spectateur amenant à une réflexion sur le théâtre, ses conventions, sa réalité et la nécessaire distance qu'un comédien doit entretenir par rapport à son personnage. De plus, elle est une source d’amusement constant.
Certains passages sont proches de la farce lors des scènes avec le personnage du roi-obèse et pourtant sa souffrance de se voir rejeté par sa bien-aimée est tragique comme pourrait l'être la lutte des deux princes pour le pouvoir qui se double d’une rivalité amoureuse… mais elles sont désamorcées par le rire. La pièce est servie par de bons comédiens, italiens mais qui jouent en français, au tempérament comique et qui ne se ménagent pas pour nous amuser! Quant au nouveau-né découvert par la troupe je vous laisse découvrir ce qu’il advient de lui !

C’était la dernière représentation de cette pièce en ce samedi 30 juillet 2016, dernier jour du festival OFF pour la grande majorité des spectacles. Mais demain je vais encore en voir deux car certains théâtres ont décidé de poursuivre un jour de plus.

Compagnie Teatro Picaro
Auteur(s) : Fabio Gorgolini / Fabio Marra
    •    Interprète(s) : Ciro Cesarano, Paolo Crocco, Laetitia Poulalion, Fabio Gorgolini
    •    Mise en scène : Fabio Gorgolini
    •    Lumières : Orazio Trotta
    •    Costumes : Virginie Stuki
    •    Décor : Atelier Jipanco
    •    Régie : Cécile Aubert
    •    Chargée de prod. : Sarah Moulin
    •    Communication : Maria Rosaria De Riso
    •    Soutiens : Ville de Bièvres, Ville d'Yzeure, Ville de Montreuil, Ville de Gerzat


Ensemble de Fabio Marra

Croyant au rire comme antidote au drame Fabio Marra écrit une nouvelle création.
L'histoire se déroule autour d’un thème aussi inconnu qu’universel : la normalité. Qu’est-ce qu’être normal ? Sommes–nous prêts à accepter la différence ?
Isabella, interprétée par Catherine Arditi, est une femme déterminée, elle vit avec son fils Michele, un jeune homme simple d’esprit.
Cette relation fusionnelle entre une mère et son fils nous parle d’attachement, de sacrifice, avec un mélange de tendresse et d’ironie.

Dans la pièce Ensemble de Fabio Marra l’amour d’une mère pour son fils - qu’elle refuse de voir comme anormal - est touchant. La comédienne Catherine Arditi transmet avec sensibilité ce sentiment fort, exclusif, ce dévouement de tous les instants pour ne pas dire cette abnégation qui s’appelle amour maternel.
Mais j’ai parfois été dérangée par certains faits qui m'ont paru peu crédibles. Par exemple, l’histoire de la fille qui revient 10 ans après chez sa mère après avoir quitté la maison et être devenu cadre supérieur dans une entreprise. On se demande bien comment elle a pu faire des études aussi poussées en s’éloignant de sa famille si jeune. Etait-il nécessaire aussi pour expliquer le dévouement de la mère et surtout convaincre la jeune femme d’aimer son frère de faire de celui-ci le sauveur de la famille ? Ce sont des détails ? Peut-être ? Mais qui m’ont empêchée d’adhérer complètement à l'histoire car il s'agit d'un théâtre réaliste. Le milieu social est modeste, la mère me fait un peu penser à un personnage de Dario Fo et elle peine à arriver à la fin du mois. 
Cependant, il y a de beaux moments d’émotion au cours du spectacle et d’autres d’humour un peu triste. Ensemble reste donc un pièce intéressante qui, de plus, est bien interprétée.

Carrozzone Teatro 
Coproduction : LM Productions
Interprète(s) : Catherine Arditi, Sonia Palau, Floriane Vincent, Fabio Marra
  Metteur en scène : Fabio Marra
  Lumières : Cécile Aubert
  Régie plateau : Camille Fleurance
  Billetterie : Leslie Likion, Romane Hoquet-Trentinella
  Diffusion : Fiona Tschirhart
    

        Fabio Marra 

 Il débute au Théâtre Historique Bellini de Naples. Il s’intéresse vite à l’écriture et il écrit et met en scène plusieurs pièces courtes qui sont représentées dans différents théâtres de la ville. En 2005, il quitte son pays natal et s’installe à Paris où il poursuit sa formation à l’Ecole Internationale Jacques Lecoq. Parallèlement il travaille auprès des dramaturges espagnols Jordi Galceran et José Sanchis Sinisterra.
Son parcours s’amorce au sein de Carrozzone Teatro qu’il fonde en 2006 et  qui produit les textes dont il est l’auteur, metteur en scène et comédien. Dans son écriture l’ironie vient souvent s’infiltrer dans les moments tragiques. (wikipedia)

vendredi 30 octobre 2015

Andrea Camilleri : La couleur du soleil

Le Caravage : la nativité avec Saint François et Saint Laurent
"En revanche, il me dit que la nativité palermitaine du Caravage avait été volée en 1969..."


J’ai voulu découvrir Camilleri puisque le mois italien d’Eimelle m’a permis de lire de nombreux billets sur cet auteur italien.
La couleur du soleil commence comme un livre policier, genre auquel Camilleri s’est intéressé.  Lors d’un voyage en Sicile, il accepte un rendez-vous avec un inconnu et est amené dans le plus grand secret, les yeux bandés, sur les pentes de l’Etna. Là, dans une grande villa, un homme de belle prestance, Carlo, lui fait découvrir des documents appartenant à sa femme décédée. Pour le remercier d’avoir apporté du réconfort à son épouse pendant sa maladie, Carlo laisse Camilleri libre, pendant quelques heures, de lire et de recopier des fragments de ces textes précieux car il ne s’agit de rien d’autre que du journal authentique du Caravage. L’écrivain est ensuite reconduit sans avoir connaissance ni de l’endroit où il est allé, ni de la véritable identité de son interlocuteur que l’on nous laissera deviner par la suite..
La couleur du soleil sont les notes forcément fragmentaires des derniers jours du Michelangelo Merisi da Caravaggio ou Le Caravage, de ses pérégrinations à travers la Sicile. Le récit commence à Malte où il a été fait chevalier de Grâce, titre honorifique qui lui permet d’échapper à sa condamnation à mort à la suite d’un meurtre au cours d’une rixe; puis de nouveaux esclandres l’obligent à fuir en direction de Syracuse, puis de Girgenti (Agrigente) et Licati, Messine et Palerme, poursuivi par la justice.
Pendant les séjours dans ces villes, il reçoit maintes commandes qu’il exécute avant d’être à nouveau obligé de partir et c’est ainsi que nous découvrons les oeuvres de cette période tourmentée et les pensées que lui prête Camilleri sur ces peintures qu’un court livret, à la fin du livre, nous permet de découvrir. Mais Camilleri s’intéresse aussi à ce qui peut expliquer ses oeuvres, au glissement vers la folie du personnage, à ce soleil noir qui l’aveugle et envahit ses jours comme ses nuits, à ces visions terrifiantes qu’il ne distingue pas de la réalité, cette souffrance, ces tourments incessants suivis par des crises de violence.

" J’ai commencé à travailler  à la Décollation  de Saint-Jean Baptiste et la lumière noire du soleil noir ne me quitte plus. Je ne vois pas un tantin de différence entre le jour et la nuit."

Michelangelo Caravaggio : La décollation de Saint-jean Baptiste

"Il lui semblait que Lazare se prêtait assez mal à la résurrection et à la vie nouvelle qui l’attendait. Comme il m’en demandait la raison, je lui répondis que la mort avait peut-être été pour Lazare un affranchissement des maux de cette terre. Et que, de ce fait, recouvrer la vie ne lui serait peut-être pas agréable."
 
Italie : Le Caravage : La résurrection de Saint Lazare Musée antional de Messine
Le Caravage : La résurrection de Saint Lazare


J'ai aimé en apprendre un peu plus sur la vie du Caravage dont je savais bien peu de choses, en somme, sinon qu'il avait eu une vie agitée. J’ai aimé le style de ce texte écrit dans un vieil italien « rocailleux » censé représenter la langue du Caravage, que le traducteur, Dominique Vittoz, a su préserver dans la traduction en moyen-français, pittoresque et goûteuse, surtout dans le vocabulaire 
Ainsi nous voyons le peintre se « belutant le cerveau », en proie à la « mésaise ». Et nous l’abandonnons quand il s’embarque à Naples déguisée en moine, « pour enquinauder la mort, un court instant »
Par contre, j’ai été déçue par l’aspect fragmentaire du récit. Par moments, il ne s’agit que de bribes disparates comme si le copiste, pressé par le temps, n’avait pu tout recopier si bien que lorsque je commençais à m'intéresser, le fragment s'interrompait. Je sais bien que c’est un choix voulu par l’auteur et que cela donne au récit un certain réalisme comme si Le Caravage s'adressait vraiment à nous, mais ... cela m’a laissée sur ma faim.

Quatrième de couverture
Et si le Caravage, grand peintre italien à l’existence tumultueuse, avait laissé un journal? Et si Camilleri, écrivain brillant et érudit, avait été mystérieusement guidé vers la découverte de ce précieux manuscrit? Et si ces pages, qui nous replongent dans un seizième siècle finissant, nous donnaient de nouvelles clés pour comprendre les foucades de l’homme et les prouesses de l’artiste?
 Andrea Camilleri nous offre ici de vivre de l’intérieur le dernier voyage aventureux du Caravage fuyant la justice des Chevaliers de Malte. Avec le brio de l’écrivain rompu au genre historique comme au policier, il sait imaginer pour ce génie du clair-obscur une voix d’une authenticité confondante.


Andrea Camilleri
Né en 1925 près d'Agrigente, en Sicile, metteur en scène de théâtre, réalisateur de télévision, scénariste, Andrea Camilleri s'est fait connaître tardivement comme romancier, mais avec un succès foudroyant. Auteur culte de la série des enquêtes du commissaire Montalbano, il écrit parallèlement des romans inspirés par des documents d'archives. Chez Fayard sont parus : La Concession du téléphone, La Saison de la chasse (Prix de traduction Amédée Pichot), Un filet de fumée, Le Roi Zosimo, Le Cours des choses, Privé de titre, Les Enquêtes du commissaire Collura et Petits Récits au jour le jour.