Le Caravage : la nativité avec Saint François et Saint Laurent |
"En revanche, il me dit que la nativité palermitaine du Caravage avait été volée en 1969..."
J’ai voulu découvrir Camilleri puisque le mois italien d’Eimelle m’a permis de lire de nombreux billets sur cet auteur italien.
La couleur du soleil commence comme un livre policier, genre auquel Camilleri s’est intéressé. Lors d’un voyage en Sicile, il accepte un rendez-vous avec un inconnu et est amené dans le plus grand secret, les yeux bandés, sur les pentes de l’Etna. Là, dans une grande villa, un homme de belle prestance, Carlo, lui fait découvrir des documents appartenant à sa femme décédée. Pour le remercier d’avoir apporté du réconfort à son épouse pendant sa maladie, Carlo laisse Camilleri libre, pendant quelques heures, de lire et de recopier des fragments de ces textes précieux car il ne s’agit de rien d’autre que du journal authentique du Caravage. L’écrivain est ensuite reconduit sans avoir connaissance ni de l’endroit où il est allé, ni de la véritable identité de son interlocuteur que l’on nous laissera deviner par la suite..
La couleur du soleil sont les notes forcément fragmentaires des derniers jours du Michelangelo Merisi da Caravaggio ou Le Caravage, de ses pérégrinations à travers la Sicile. Le récit commence à Malte où il a été fait chevalier de Grâce, titre honorifique qui lui permet d’échapper à sa condamnation à mort à la suite d’un meurtre au cours d’une rixe; puis de nouveaux esclandres l’obligent à fuir en direction de Syracuse, puis de Girgenti (Agrigente) et Licati, Messine et Palerme, poursuivi par la justice.
Pendant les séjours dans ces villes, il reçoit maintes commandes qu’il exécute avant d’être à nouveau obligé de partir et c’est ainsi que nous découvrons les oeuvres de cette période tourmentée et les pensées que lui prête Camilleri sur ces peintures qu’un court livret, à la fin du livre, nous permet de découvrir. Mais Camilleri s’intéresse aussi à ce qui peut expliquer ses oeuvres, au glissement vers la folie du personnage, à ce soleil noir qui l’aveugle et envahit ses jours comme ses nuits, à ces visions terrifiantes qu’il ne distingue pas de la réalité, cette souffrance, ces tourments incessants suivis par des crises de violence.
" J’ai commencé à travailler à la Décollation de Saint-Jean Baptiste et
la lumière noire du soleil noir ne me quitte plus. Je ne vois pas un
tantin de différence entre le jour et la nuit."
Michelangelo Caravaggio : La décollation de Saint-jean Baptiste |
"Il lui semblait que Lazare se prêtait assez mal
à la résurrection et à la vie nouvelle qui l’attendait. Comme il m’en
demandait la raison, je lui répondis que la mort avait peut-être été
pour Lazare un affranchissement des maux de cette terre. Et que, de ce
fait, recouvrer la vie ne lui serait peut-être pas agréable."
J'ai aimé en apprendre un peu plus sur la vie du Caravage dont je savais bien peu de choses, en somme, sinon qu'il avait eu une vie agitée. J’ai aimé le style de ce texte écrit dans un vieil italien « rocailleux » censé représenter la langue du Caravage, que le traducteur, Dominique Vittoz, a su préserver dans la traduction en moyen-français, pittoresque et goûteuse, surtout dans le vocabulaire
Ainsi nous voyons le peintre se « belutant le cerveau », en proie à la « mésaise ». Et nous l’abandonnons quand il s’embarque à Naples déguisée en moine, « pour enquinauder la mort, un court instant »
Par contre, j’ai été déçue par l’aspect fragmentaire du récit. Par moments, il ne s’agit que de bribes disparates comme si le copiste, pressé par le temps, n’avait pu tout recopier si bien que lorsque je commençais à m'intéresser, le fragment s'interrompait. Je sais bien que c’est un choix voulu par l’auteur et que cela donne au récit un certain réalisme comme si Le Caravage s'adressait vraiment à nous, mais ... cela m’a laissée sur ma faim.
Quatrième de couverture
Et
si le Caravage, grand peintre italien à l’existence tumultueuse, avait
laissé un journal? Et si Camilleri, écrivain brillant et érudit, avait
été mystérieusement guidé vers la découverte de ce précieux manuscrit?
Et si ces pages, qui nous replongent dans un seizième siècle finissant,
nous donnaient de nouvelles clés pour comprendre les foucades de l’homme
et les prouesses de l’artiste?
Andrea Camilleri nous offre ici de
vivre de l’intérieur le dernier voyage aventureux du Caravage fuyant la
justice des Chevaliers de Malte. Avec le brio de l’écrivain rompu au
genre historique comme au policier, il sait imaginer pour ce génie du
clair-obscur une voix d’une authenticité confondante.
Né
en 1925 près d'Agrigente, en Sicile, metteur en scène de théâtre,
réalisateur de télévision, scénariste, Andrea Camilleri s'est fait
connaître tardivement comme romancier, mais avec un succès foudroyant.
Auteur culte de la série des enquêtes du commissaire Montalbano, il
écrit parallèlement des romans inspirés par des documents d'archives.
Chez Fayard sont parus : La Concession du téléphone, La Saison de la
chasse (Prix de traduction Amédée Pichot), Un filet de fumée, Le Roi
Zosimo, Le Cours des choses, Privé de titre, Les Enquêtes du commissaire
Collura et Petits Récits au jour le jour.
Assez tentant, quand même !
RépondreSupprimerOui, malgré mes restrictions, c'est intéressant.
SupprimerPour le Caravage il y un très beau livre de Dominique Fernández. Ce Camilleri à tout pour me plaire mais la liste s allongé
RépondreSupprimerJe le connais mais je ne l'ai pas lu. Effectivement, je pense que ce Camilleri te plairait, j'en ai un de lui sur Renoir.
SupprimerCela me semble un peu ardu pour moi en ce moment...
RépondreSupprimerNon, ce n'est pas difficile du tout mais il faut en avoir envie.
SupprimerSuperbe Nativité pour ouvrir ce billet. La couleur du soleil, serait-ce la lumière ?
RépondreSupprimerPlutôt l'absence de lumière, le soleil noir, signe de la folie qui guette Le Caravage mais qui est interprété par les religieux comme un signe de damnation.
SupprimerJe note tes réserves mais je retiens ce titre quand même car j'aime beaucoup découvrir des artistes grâce à des fictions. D'autant plus que Caravage est un personnage extrêmement mystérieux ...
RépondreSupprimerSi tu aimes Caravage, c'est sûr que ce livre te plaira..
SupprimerPour moi qui adore Caravage, ce livre est indispensable ! Merci.
RépondreSupprimerBon dimanche.
Meric! Le Caravage est un personnage hors du commun; ce livre nous permet de le découvrir!
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