Le recueil Les Trois roses jaunes réunit plusieurs nouvelles de Raymond Carver extraites de dWhereI'm calling from et New and selected stories. La dernière histoire qui raconte la mort de Tchékov donne son titre au recueil.
Après la lecture du premier récit intitulé : Cartons je  me sens perplexe voire déçue. Bien sûr,  il y a quelque chose de  poignant dans  l'histoire de cette femme qui ne peut se fixer nulle part  et qui voit dans ses déménagements une manière de fuir le néant de son  existence; terrible aussi la manière dont elle détruit la vie de son  fils partagé envers elle entre amour et haine. Mais l'écriture me  déroute, non pas parce qu'elle d'une grande sobriété mais parce qu'elle  s'intéresse surtout à une foule de petits détails insignifiants qui  paraissent sans relation avec ce qui se passe. Bon, je continue!
Débranchés : un homme et une femme sont  réveillés dans la nuit par le téléphone, nuit d'insomnie où les époux,  incapables de se rendormir, vont échanger des petits propos d'abord  anodins (semble-t-il) mais qui finissent par exprimer toutes les craintes  profondes que nous enfouissons au fond de nous, peur de la maladie, de  la souffrance et de la mort... Une banale nuit d'insomnie, en somme!
Puis Intimité, d'une âpreté saisissante : un  homme revient voir son ex-femme après quatre ans d'absence et elle  reprend la liste de ses griefs comme s'il l'avait quittée la veille!  L'accumulation, la violence de cette haine nous font frémir mais la  femme s'interrompt brusquement à l'arrivée du second mari.
Menudo, le récit du mensonge, de l'infidélité conjugale et de la souffrance qui ne guérit jamais. L'éléphant :  un homme, modeste ouvrier, exploité par sa famille, épouse, frère,  enfants, ne reçoit jamais aucun amour ou respect en retour; le bout des doigts,  une femme quitte son mari qui n'est préoccupé que par un détail, sans  importance, il ne reconnaît pas l'écriture de sa femme sur la lettre  qu'elle lui a écrite.
Et  enfin Les trois roses jaunes, la mort de  Tchékov, tuberculeux, dans un hôtel, vue à travers l'embarras d'un jeune  homme qui ne sait pas quoi faire du vase aux trois roses qu'il lui  apportait et du bouchon de champagne qui a roulé à ses pieds. 
Un  recueil magnifique!
Et je crois que c'est cela la force de Carver,  d'opposer ainsi les petites choses, la banalité quotidienne, à tout ce  qu'il y a d'absolu dans l'existence humaine : la fin de l'amour enlisé  dans la mesquinerie, la trahison, la séparation, les blessures qui ne se  referment jamais, la souffrance, la maladie, la mort.
Si j'ai commencé par être surprise au début du  recueil, je peux dire que j'ai refermé ce livre avec un sentiment de  lourde tristesse et l'impression d'avoir rencontré un grand auteur capable de suggérer beaucoup, de nous remuer au plus profond de nous, avec l'air de ne pas y toucher.
 Challenge de Sabbio


 
