Tropismes de Nathalie Sarraute réunit une série de textes très courts autour d'un thème résumé par le titre : Tropismes.
Il faut d'abord comprendre le titre pour accéder au sens du texte. Tropisme provient du grec qui signifie « donner une direction ». Chez les végétaux le tropisme est une réaction d'orientation des organes au milieu, la lumière et la gravité étant les principaux facteurs.
Dans la préface de L'ère du soupçon Nathalie Sarraute explique ce que signifie pour elle le mot tropisme :
J'ai commencé à écrire Tropismes en 1932.
Les textes qui composaient ce premier ouvrage étaient l’expression
spontanée d’impressions très vives, et leur forme était aussi spontanée
et naturelle que les impressions auxquelles elle donnait vie.
Je me suis aperçue en travaillant que ces impressions étaient produites par certains mouvements, certaines actions intérieures sur lesquelles mon attention s’était fixée depuis longtemps. En fait, me semble-t-il, depuis mon enfance.
Je me suis aperçue en travaillant que ces impressions étaient produites par certains mouvements, certaines actions intérieures sur lesquelles mon attention s’était fixée depuis longtemps. En fait, me semble-t-il, depuis mon enfance.
Ce sont des mouvements indéfinissables, qui
glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; ils sont à
l’origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous
manifestons, que nous croyons éprouver et qu’il est possible de définir.
Ils me paraissaient et me paraissent encore constituer la source
secrète de notre existence. […]
De tous ces textes naît un sentiment de tragique, quelque chose de bouleversant, de poignant :
Texte X : Elles allaient dans les thés
Et elles parlaient, parlaient toujours, répétant les mêmes choses, les retournant , puis les retournant encore, d'un côté puis de l'autre, les pétrissant, roulant sans cesse entre leurs doigts cette matière ingrate et pauvre qu'elles avaient extraite de leur vie (ce qu'elles appelaient "la vie", leur domaine), la pétrissait, la tirant, la roulant jusqu'à ce qu'elle ne forme plus entre leurs doigts qu'un petit tas, une petite boulette grise.
L'écriture est riche, métaphorique. Elle vous prend au piège, vous englue, vous implique irrémédiablement car, bien sûr, selon les mots de Montaigne, c'est la peinture de "l'humaine condition".
Texte IV Le maître de ballet
Là, là, là, elles dansaient, tournaient et pivotaient, donnaient un peu d'esprit, un peu d'intelligence, mais comme sans y toucher, sans jamais passer sur le plan interdit qui pourrait lui déplaire.