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jeudi 10 décembre 2020

Hannelore Cayre : La daronne

 

Quel livre ! La daronne de Hannelore Cayre, est un policier hors norme !  Hors norme par le personnage, cette Patience Portefeux, fille d’un malfrat qui se retrouve dans la dèche pour élever ses deux filles à la mort de son mari. Hors norme par le style, cette langue acide, féroce, qui passe la société  française, la justice, les magistrats au vitriol et ceci avec un humour noir défiant toute concurrence.

Patience Hortefeux est interprète d’arabe pour le ministère de la justice et elle passe son temps à traduire les conversations des dealers ! Elle a besoin d’argent pour élever ses filles et d’encore plus encore pour maintenir sa mère dans un EPHAD qui est un gouffre budgétivore sans fond.
C’est donc sans beaucoup d’état d’âme qu’elle glisse du côté obscur de la force (et oui, j’ai des références cinématographiques grâce à mon petit-fils) et lorsque l’occasion se présente, elle récupère une grosse cargaison de shit et la cache dans sa cave! Mais il faut vendre la marchandise et la voilà devenue la daronne, pourvoyeuse pour les petits dealers des quartiers parisiens.

Immoral ce roman ? Ou plutôt amoral ? oui ! Bien sûr !  Mais pas plus que le ministère de la justice qui emploie Patience au noir, pas plus que ce juge qui condamne l'ouvrier arabe dont le travail n'est pas déclaré.
… j’étais payée au noir par le ministère qui m’employait et ne déclarait aucun impôt.
C’est d’ailleurs assez effrayant quand on y pense, que les traducteurs sur lesquels repose la sécurité nationale, ceux-là même qui traduisent en direct les complots fomentés par les islamistes de cave et de garage, soient des travailleurs clandestins sans sécu, ni retraite.

Et tout est ainsi au demeurant, dans ce pays où règne l’hypocrisie, tous ceux qui détiennent un pouvoir, ceux qui chassent les dealers, punissent les drogués, policiers, avocats, magistrats, mais dont les fils, sinon eux-mêmes, sont les premiers à se défoncer !
Tolérance zéro, réflexion zéro, voilà la politique en matière de stupéfiants pratiquée dans mon pays pourtant dirigé par des premiers de classe. Mais heureusement, on a le terroir… Etre cuit du matin au soir, ça au moins c’est autorisé. Tant pis pour les musulmans, ils n’ont qu’à picoler comme tout le monde s’ils ont envie de s’embellir de l’intérieur.

Hannelore Cayre se fait un plaisir de fustiger tout ce qui ne tourne pas rond et elle n’épargne rien, le racisme, la société de consommation qui fait de l’argent un but en soi, l’acharnement thérapeutique… Les scènes dans les maisons de retraite, les rapports avec sa mère démente, la souffrance de la vieillesse, la détresse prolongée de ces fins de vie, tout cela, sous l’humour noir et la causticité, laisse percer une profonde humanité.   

Un policier à découvrir absolument !