Pages

mardi 31 janvier 2017

Tom Coraghessan Boyle : Les vrais durs


Les vrais durs de TC Boyle sont tellement de vrais durs que j’ai eu beaucoup de mal  à aller jusqu’au bout de leur histoire car j’éprouvais envers eux une certaine répulsion mais… il y a d’abord le talent de conteur de Boyle qui non seulement campe des personnages puissants mais sait conduire un récit crescendo, avec une telle force que l’on se laisse entraîner. Malgré le sentiment de malaise qu’il suscite, le roman finit par nous captiver.  Et puis, il n’y aucune gratuité dans cette violence. TC Boyle peint un portrait des Etats-Unis, d’une certaine Amérique - ici la Californie- qui règle ses problèmes armes à la main et manifestent une haine viscérale de l’étranger. Ceux-là même, j’imagine, qui ont voté Trump ? Peut-être ? 

Dans la famille des vrais durs, il y a Sten Stensen, professeur puis principal de son établissement scolaire. A la retraite, lors d’un voyage en Amérique centrale, son passé d’ancien Marine, vétéran de la guerre du Vietnam, resurgit quand son groupe est attaqué par des petits malfrats. Pourtant sous la dureté, il y a l’homme et c’est tout en subtilité que Boyle explore l’humanité et les failles du personnage, son sentiment de culpabilité, son amour pour sa femme, sa peur de la vieillesse et de la décrépitude et surtout le point faible, son fils.
Et oui, son fils Adam qui ne quitte jamais son fusil. Chez lui, la violence s’allie à la maladie mentale. Il pense être la réincarnation du trappeur Colter, un « dur » du XIX siècle qui, poursuivi par les indiens, sauva sa vie en accomplissant des exploits au-delà de toute endurance humaine. On suit d’ailleurs avec beaucoup d’intérêt le récit des aventures mouvementées de ce personnage hors norme. Quant à Adam, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est complètement allumé.
Enfin Sara qui vit seule avec son chien bien-aimé et refuse tout autorité, déniant à l’état de Californie le droit de lui imposer des règles. Une illuminée? mais plus inoffensive que les précédents. En fait, son refus de l’autoritarisme se retourne contre elle.
C’est donc bien l’Amérique malade que Boyle présente sans occulter les difficultés et les désastres pour la santé, la sécurité et l’écologie que provoque l’immigration mexicaine sauvage qui s’organise en cartel de la drogue. Ils développent leur culture dans les forêts californiennes qu’ils détruisent et font circuler la drogue dans le pays par l’intérieur sans avoir à franchir de frontières. La tentation est grande de céder à la haine et aucun ne va en sortir indemne.
Un livre que je ne regrette pas d’avoir lu car il permet de comprendre l’Amérique d’aujourd’hui et peut-être aussi notre monde actuel.