Tove Jansson, auteure, peintre finlandaise de langue suédoise, est surtout célèbre pour ses livres de jeunesse et les petits personnages qu’elle a créés, les Moumines.
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Tove Jansson et ses Moumines |
Aujourd’hui, c’est un recueil de nouvelles s’adressant aux adultes que je présente : L’art de voyager léger.
L’art de voyage léger donne son titre au recueil bien que cette nouvelle soit la dernière publiée, comme un adieu au lecteur, un zeste d’humour à savourer, à la fois léger et un peu amer. C’est l’histoire d’un homme qui part en voyage, en emportant le minimum dans ses bagages et qui a l’air de dire un adieu à sa maison, à ses proches, à ses voisins, qui tous ignorent son départ. Pourquoi ce mystère, cette angoisse d’être découvert, pourquoi rompt-il ainsi avec sa vie antérieure ? lorsque nous l’apprendrons, nous ne pourrons pas nous empêcher de sourire et… de le plaindre !
Les autres récits concernent des moments de sa vie de petite fille, Noël, la jupe de tulle, L’iceberg mais aussi de l’âge adulte, dans l’île où elle a vécu en Finlande. Si l’on distingue bien la voix de l’enfant avec sa vision magique du monde, l'art de se raconter des histoires et d'y croire, et celle de la femme plus âgée, les deux se rejoignent pourtant dans la description d’un univers qui n’est pas toujours rationnel et où la nature, les animaux restent souvent inexplicables, mystérieux.
La mer y est omniprésente et l’insularité façonne la fillette comme la vieille femme qui toutes deux vivent presque en osmose avec la mer. Dans Le bateau, la petite fille part seule avec la complicité de sa mère qui veut faire d’elle une femme libre, sur le canot que lui a offert son père. On la sent volontaire, sans peur, aventureuse, en phase avec la nature. Tout comme le sera dans L’écureuil, l’adulte qui vit seule dans son île, coupée du monde l’hiver, avec ce petit animal pour unique compagnon. Pourtant, quelques failles se font sentir, quelques fêlures dans la voix vieillissante de l’écrivaine. Elle ne parvient pas à réparer le moteur du bateau, ne peut plus monter sur le toit pour ramoner la cheminée… Et puis surtout elle commence à avoir peur de la mer, ce qu’elle ressent comme une trahison ! C’est l’heure de Prendre congé. Il y a beaucoup de nostalgie dans ces beaux textes de l'enfance puis du renoncement. Le style est sobre, refuse l'emphase, la dramatisation. Tout paraît doux et léger mais toujours avec cette petite pointe de tristesse qui est celle des souvenirs qui s'effilochent, d'une vie qui passe...
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L'ile de Tove Jansson : Télérama |