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jeudi 23 juillet 2015

Le mariage de Figaro de Beaumarchais mise en scène de Agnès Régolo au théâtre des Halles

Le mariage de Figaro : Kristof Lorion le comte/ Guillaume Clausse Figaro

Le mariage de Figaro mise en scène par Agnès Régolo au théâtre des Halles est un spectacle dont on sort heureux.
D’abord parce que la mise en scène est au service de la pièce pour éclairer ses différentes facettes. En effet, sans oublier l’aspect de la comédie et tout en nous faisant rire de ce jeu de dupes qui se déroule devant nous, Agnès Régolo éclaire le sens politique, révolutionnaire et féministe de la pièce. Le jeu des acteurs, tous très bons, y compris dans les rôles secondaires, met en valeur un texte qui n’a pas vieilli et qui est toujours tellement actuel, la puissance et le pouvoir d’oppression ayant juste changé de mains et de forme!
Ah! qu’il est bon d’écouter et de savourer les paroles de Figaro, homme du peuple, qui porte la parole révolutionnaire et dont le comédien Guillaume Clausse  fait entendre les accents de la révolte, de la colère contenue mais prête à éclater : « ah! monsieur le comte parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie » « Vous vous êtes donnés la peine de naître et rien de plus ».  Quant au comte, Kritof Lorion, il est, le noble, tout puissant, avec ses accès de colère, ses brusques démonstrations d’autorité devant qui tout le monde plie : un grand seigneur méchant homme, sous un aspect qui se veut débonnaire! On peut rire de lui quand il se fait berner mais on le redoute!

La mise en scène met aussi en relief le statut des femmes quelle que soit leur classe sociale, chacune soumise, souvent maltraitée, abandonnée, trompée, la servante plus encore que la grande dame, la pauvre encore plus que la riche mais toutes dépendantes du pouvoir de l’homme. Elisa Voisin et Sophie Lahayville font merveille dans le rôle respectif de Suzanne et de Rosine mais si elles sont solidaires lorsqu’il s’agit de s’opposer aux hommes, la classe sociale de l’une et de l’autre n’est jamais oubliée. Quant à Catherine Monin elle attire l’attention dans le rôle de Marceline  à qui la mise en scène donne une importance particulière; c’est la première fois que je perçois avec autant d’acuité la force de son discours qui va très loin dans la dénonciation du sort réservé à la femme..

J’ai cependant éprouvé un peu de surprise dans le choix du comédien, Nicolas Gény, qui interprète Chérubin car Agnès Regolo rompt avec la tradition qui veut que ce très jeune homme soit souvent joué par une femme ou bien par un presque adolescent s’éveillant à l’amour. Ici, le comédien qui l’incarne est plus âgé que le rôle; cela choque un peu au début jusqu’au moment où l’on s’aperçoit de l’effet comique que cela produit quand la comtesse dit  « un enfant », le comte répond « pas tant que ça »! D’autre part ce choix accentue aussi l’ambiguité du trouble de la comtesse vis à vis de son « filleul »!

 Si l’on ajoute à ce plaisir de la mise en scène et du jeu d’acteurs une jolie scénographie, un rythme enlevé, une musique contemporaine et le vaudeville du dénouement amusant et sérieux à la fois, vous comprendrez que ce spectacle est un régal.



De l’attitude des adultes dans les spectacles pour enfants


Je fais partie de ces avignonnais, heureux et chanceux, qui sont en vacances pendant le festival et j’adore aller de pièces en pièces, éprouver émotions et rires, partager la fête perpétuelle du plus grand théâtre du monde, selon l’expression consacrée et vraisemblablement vraie! Je ne vais donc pas faire la liste de ce qui ne va pas dans le festival mais je voudrais tout de même signaler les problèmes qui se posent quand on amène les enfants voir des spectacles qui leur sont dédiés. Voilà ce qui m’est arrivé avec ma petite fille pour voir Mozart l’Enchanteur et Le Chat botté.

Quand je vais au théâtre avec ma petite fille j’arrive toujours avec beaucoup d’avance pour qu’elle ait une place devant et qu’elle puisse profiter du spectacle. Mais à La Luna, salle 2, on paie à l’intérieur (la caisse est dans le hall) et on attend dehors sous le soleil… Or il fait plus de 30° (et cette année la température est montée jusqu’à 45°) dans les rues d’Avignon, vous imaginez le plaisir! Mais passe encore, c’est le lot des spectateurs dans la plupart des théâtres, ce n’est pas là que le bât blesse le plus, c’est dans la suite! Quand on vient vous chercher, vous êtes bien rissolés, cuits à point, sauf que les gens qui arrivent au dernier moment à la caisse, souvent des professionnels, sont proches de la porte d’entrée de la salle de spectacle et.. entrent avant vous! Et quand vous parvenez à pénétrer dans la salle tous les premiers rangs sont occupés par des adultes sans enfants (des programmateurs? ou autres?) qui s’installent aux premiers rangs -sans état d’âme! Que les enfants soient placés derrière eux et n’y voient rien ne les gênent absolument pas! 
Deux questions se posent. Pourquoi les programmateurs font-ils tous trois mètres de haut? Pourquoi oublient-ils que les enfants, dans un spectacle pour la jeunesse, devraient être les rois et ceci d'autant plus que c'est avec eux qu'ils travaillent!?
Pour être honnête, ce genre de choses arrive certainement ailleurs qu’à La luna mais je ne peux rien dire des salles où je ne suis pas allée! Au moins, au collège de La Salle, les enfants passent avant les adultes et il faut bien reconnaître que c’est justice puisque les pièces s’adressent à eux!