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mardi 13 mars 2012

Je suis taguée : Ma corbeille de PAL


 Auguste  Renoir

Et oui, je suis taguée, le tag du sac, et c'est seulement  maintenant que je réponds à Jeenen (que la belle bretonne bretonnisante, pardonne mon retard!). Et comme l'intérieur de mon sac donne le vertige, monstre noir qui avale tout ce qu'il trouve, j'ai eu l'autorisation  extra-spéciale (de la magnanine Bigoudène) de pouvoir vous montrer l'intérieur  de ma corbeille de PAL à la place. Mais je m'arrêterai à dix livres, ne souhaitant pas vous imposer l'étendue du désastre!
Et oui, car moi aussi j'ai une PAL, cette maladie horrible qui vous saute dessus inévitablement quand vous êtes blogueuse! J'avoue que lors de mes débuts outrecuidants dans la blogosphère, non seulement je n'étais pas atteinte de ce mal pernicieux mais encore je ne savais pas ce que c'était! * Je regardais avec étonnement, pour ne pas dire commisération, les copines blogueuses. Et d'abord qu'est-ce qu'une PAL et pourquoi cela paraît-il si douloureux? 90 ans plus tard,  au cours de ma longue carrière de blogueuse, je le sais enfin! Je croule sous les livres non lus tout en m'en procurant toujours d'autres et ce n'est plus un corbeille mais une bibliothèque qu'il va me falloir! Maintenant si vous voulez une explication de ce phénomène- devrais-je dire de cette pandémie -  je laisse le soin à un sociologue ou un ethnologue  de vous l'exposer!



 La liseuse de Paul Fournel
 Celui-là, c'est Aifelle  qui m'a poussé à l'acheter. Il faut dire que je  suis depuis peu l'heureuse propriétaire d'une tablette numérique, une liseuse. Et justement le livre de Paul Fournel explore ce sujet-là! Avec humour  d'où ma curiosité! Je sens que je ne vais pas trop attendre pour le lire. NON! Mon kindle ne remplacera jamais le livre papier que j'aime tant mais je vais bientôt partir à New York et j'avoue que ne pas avoir à charger ma valise de bouquins est un argument convaincant!
La stagiaire entra dans le bureau de Robert Dubois, l'éditeur, et lui tend une tablette électronique, une liseuse. Il la regarde, il la soupèse, l'allume et sa vie bascule. Pour la première fois depuis Gutenberg....


  Camilo José Cela : Nouvelles aventures et mésaventures de Lazarillo de Tormes :  choisi dans le cadre du challenge des 12 d'Ys pour les prix Nobel. J'avoue que je suis curieuse de savoir  ce que  C.J. Cela a fait de Lazarillo de Tormes, un roman picaresque que j'ai aimé et étudié! Il fallait un bien grand talent -et, disons-le, une certaine audace- pour écrire un Lazarillo moderne, à l'image de l'universel chef d'oeuvre espagnol du XVI ème siècle
Pauline Klein :  Alice Khan , un livre prêté par ma fille avec ses chaudes recommandations. Je ne sais rien de lui et de l'auteur! A découvrir! 
Mais je dépose des traces de ma présence!





Höderlin : Odes, élégies, Hymnes:  Et là c'est de ma faute! Pour mon challenge romantique je me suis promis de découvrir la littérature allemande, en particulier les poètes! Notre journée humaine, ah! que ses bornes sont étroites!

 Alexis Jenni : L'art français de la guerre : Je suis en train de ressortir mes cadeaux de Noël! Et oui, un prix Goncourt, ça ne se refuse pas! J'allais mal; tout va mal; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède...



Laurent Gaudé : Les Oliviers du Négus :  j'ai très envie de le lire mais arrive toujours une autre lecture plus"urgente" liée à un challenge, une LC! Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers. Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie...

Edward Abbey : Désert solitaire : Et là pour les livres de Nature Writing, c'est Keisha la fautive et Folfaerie! Peu de livres ont autant déchaîné les passions que le livre que vous tenez entre les mains. Publié la première fois en 1968, Désert solitaire fait partie de ces rares livres dont on peut affirmer sans exagérer qu'il "changeait les vies"...

 Un si parfait jardin, un petit livre déniché par mon gendre, d'un auteur algérien  Sofiane Hadjadj , illustré par des photographies de Michel Denancé, photographe d'architecture. Le 21 Juin 2003, un mois après le terrible tremblement de terre qui frappe les environs d' Alger, Naghem L..., vient évaluer les dégâts occasionnés au célèbre jardin d' Essai.







 Jean Claude Michéa : le complexe d'Orphée, la gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès :  un essai prêté par des amis.  C'est que gauche et Droite ont rallié le mythe originel de la pensée capitaliste : cette anthropologie noire qui fait de l'homme un égoïste par nature






Enfin, toujours dans le cadre du challenge d'Ys, le roman de Toni Morrisson, Tar baby que je viens de finir et dont il faut que je rédige le billet.  Mais si j'ai bien compris, ce livre n'est plus dans ma PAL mais dans ma LAC, liste de livres à commenter.

*Petite note pour un Candide faisant ses premiers pas  dans nos blogs  : P.A.L =  Pile de livres à lire et comme rien n'arrête les blogueuses, elles ont aussi inventé la L.A.L  = liste de livres à lire.

Erwan Larher : Autogénèse




Le livre Autogénèse de Erwan Lerher est un livre original dans le paysage littéraire français. Loin du nombrilisme de certains romans, il nous promène dans toutes les couches de notre société pour nous en présenter les travers.
Erwan Larher a imaginé un homme qui se réveille dans une maison éloignée de tout. Il est nu, il n'a aucune trace de souvenir dans sa mémoire vierge, aucun papier pour lui révéler son identité. Il décide donc de se donner un nom qu'il trouve au fond du verre dans lequel il est a bu : Ikea. Muni de de ce seul viatique, Ikea part dans le vaste Monde - qui semble être la France- à la découverte de ses semblables. Je dis qui semble car nous sommes dans le futur et le pays a bien changé, la population regroupée dans d'immenses centres urbains au détriment des villages et des campagnes abandonnées. Ikea, vous l'avez compris, comme le personnage de Voltaire, est un Candide qui découvre une société et par sa naïveté en fait ressortir les dysfonctionnements, les erreurs voire les horreurs.

Alors, allez-vous me dire, il s'agit d'un roman de science-fiction? Oui et non! Certes nous sommes dans le futur mais c'est bien à notre société actuelle que s'attaque Erwan Larher. Il a seulement porté la logique de notre système jusqu'au bout et montrer ce qu'il nous adviendra si nous continuons dans cette direction.
Notre Candide dans ses tentatives bon enfant et sympathiques pour nouer des liens avec autrui va se heurter à la peur de ses semblables qui considèrent tout étranger comme suspect et dangereux. Il découvre des hommes et des femmes, des enfants même, qui ont perdu toute notion de solidarité; l'individualisme triomphe, une déshumanisation où personne ne se soucie de son voisin. Et comme il ne peut prouver son identité, il devient un sans papier, traqué, humilié,  envoyé dans une usine où des êtres humains travaillent comme des esclaves sans avoir l'espoir d'en sortir un jour.
Larher démonte les rouages des pouvoirs politiques, des puissances d'argent qui sont maîtres des médias, contrôlent tout information, musellent la vérité, achètent les consciences ou les écrasent, empêchent les opposants d'agir par le chantage ou par la peur. Des gouvernements prompts à déclarer la guerre à ceux qui ne vont pas dans leur sens, à utiliser la force là où ils ne peuvent tromper et dominer par les moyens habituels.. Il dénonce les "cadeaux" que les gouvernements font aux grandes entreprises privés au détriment des plus pauvres : 

Ce projet était un partenariat public-privé; le privé retirant ses billes (et ses dividendes) avant la débâcle, les Etats partenaires seraient obligés de payer le surcoût imposé par les retards de livraison. On se procurerait cet argent en augmentant certains  prélèvements indirects pesant sur ceux qui végètent vers les bas de l'échelle sociale( puisqu'ils se laissaient faire sans broncher, pourquoi avoir pitié d'eux.)en augmentant les taxes sur certains produits de consommation locale.

Quant au président François Copain, voilà les difficultés auxquelles il doit faire face au moment des élections :
Le bourbier perse où quelques soldats français venaient de perdre la vie dans une embuscade, sans compter l'Afpac où l'occident s'embourbait depuis des décennies.Le chômage en hausse, la dette égale; deux de ses ministres dans de sales draps : l'un au sens propre, chopé avec la fille mineure de sa femme de ménage, obligée de la fermer pour que maman garde sa place, l'autre pris la main dans pot-de-vin, une histoire d'appels d'offres truqués qui durait depuis des années.

Bref! Vous voyez bien que nous ne sommes pas si loin de notre monde actuel!
Les partis politiques aussi se retrouvent dans le collimateur et certes, ils ne portent pas le même nom dans le Monde d'Ikéa mais comme nous les reconnaissons bien !

Les Feuillants, François Copain et Hugues Borlette en tête valorisaient l'individu au détriment du collectif, castrateur et émollient.
Ses leaders et maîtres à penser affirmaient que l'homme est un loup pour l'homme, que l'on n'y peut rien changer, que la compétition et le struggle for life étaient dans ses gènes depuis la nuit des temps.
On ne pouvait donc pas critiquer les politiques au pouvoir : ils ne faisaient qu'appliquer les principes aux quels ils croyaient en laissant les pauvre s'appauvrir, les riches prospérer, en maintenant étiques les services publics, en ne soutenant plus les indigents, les artistes, les handicapés.


Au contraire des Feuillants, les Montagnards avaient longtemps soutenu que le rôle d'une société était de transformer les inégalités de droit, pour protéger les faibles et faire en sorte que le bien-être ne soit pas réservé aux quelques plus forts du troupeau.... Pourtant ils avaient peu à peu cessé de lutter  principes contre principes avec les Feuillants qui avaient progressivement, via les médias et les programmes scolaires, instillé les leurs dans les crânes comme des évidences. Si bien que l'idéalisme originel des Montagnards apparaissaient comme une faiblesse, au contraire du réalisme de leurs opposants.

Le livre est donc une sorte de récapitulatif de tout ce qui ne va dans la la société française, ce qui est très réconfortant (Ah ! enfin quelqu'un qui s'intéresse  à ce qui se passe autour de nous pour faire entendre une voix indignée ) et il ne manque pas d'humour. Celui-ci provient principalement de la naïveté absolue d'Ikéa qui ne comprend pas le monde qui l'entoure et doit se faire expliquer ce qui est évident pour tous. Par exemple son incompréhension de l'homophobie, plonge ses camarades de travail dans l'embarras. Mais l'auteur n'oublie pas qu'il s'agit d'un roman et crée des personnages qui (à l'exception d'Ikéa) ont une histoire, un passé, des sentiments même s'ils restent parfois trop démonstratifs et sont plus des idées que des personnages réels .
Autogenèse me rappelle certains titres d'écrivains américains Percival Everett ou James Frey qui promènent aussi le lecteur dans la société de leur pays. Il en a les qualités et va même plus loin dans la dénonciation du mondialisme,  des magouilles et des errements politiques. L'on aimerait bien parfois, au lieu d'un survol général, que l'écrivain aille plus loin, creuse plus profond sur certains sujets, mais quoi qu'il en soit Autogénèse est un roman qui fait du bien parce qu'il nous permet de réfléchir sur nous-mêmes et sur le monde politique et, en ce moment, en particulier, nul doute que ce n'est pas superflu!! (Voir citation extraite de Autogenèse Jeudi  15 dans : Que disent-ils de la politique?)

Merci à Keisha pour ce livre  voyageur : Voir son billet ICI
Voir aussi Aifelle