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mardi 31 janvier 2017

Tom Coraghessan Boyle : Les vrais durs


Les vrais durs de TC Boyle sont tellement de vrais durs que j’ai eu beaucoup de mal  à aller jusqu’au bout de leur histoire car j’éprouvais envers eux une certaine répulsion mais… il y a d’abord le talent de conteur de Boyle qui non seulement campe des personnages puissants mais sait conduire un récit crescendo, avec une telle force que l’on se laisse entraîner. Malgré le sentiment de malaise qu’il suscite, le roman finit par nous captiver.  Et puis, il n’y aucune gratuité dans cette violence. TC Boyle peint un portrait des Etats-Unis, d’une certaine Amérique - ici la Californie- qui règle ses problèmes armes à la main et manifestent une haine viscérale de l’étranger. Ceux-là même, j’imagine, qui ont voté Trump ? Peut-être ? 

Dans la famille des vrais durs, il y a Sten Stensen, professeur puis principal de son établissement scolaire. A la retraite, lors d’un voyage en Amérique centrale, son passé d’ancien Marine, vétéran de la guerre du Vietnam, resurgit quand son groupe est attaqué par des petits malfrats. Pourtant sous la dureté, il y a l’homme et c’est tout en subtilité que Boyle explore l’humanité et les failles du personnage, son sentiment de culpabilité, son amour pour sa femme, sa peur de la vieillesse et de la décrépitude et surtout le point faible, son fils.
Et oui, son fils Adam qui ne quitte jamais son fusil. Chez lui, la violence s’allie à la maladie mentale. Il pense être la réincarnation du trappeur Colter, un « dur » du XIX siècle qui, poursuivi par les indiens, sauva sa vie en accomplissant des exploits au-delà de toute endurance humaine. On suit d’ailleurs avec beaucoup d’intérêt le récit des aventures mouvementées de ce personnage hors norme. Quant à Adam, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est complètement allumé.
Enfin Sara qui vit seule avec son chien bien-aimé et refuse tout autorité, déniant à l’état de Californie le droit de lui imposer des règles. Une illuminée? mais plus inoffensive que les précédents. En fait, son refus de l’autoritarisme se retourne contre elle.
C’est donc bien l’Amérique malade que Boyle présente sans occulter les difficultés et les désastres pour la santé, la sécurité et l’écologie que provoque l’immigration mexicaine sauvage qui s’organise en cartel de la drogue. Ils développent leur culture dans les forêts californiennes qu’ils détruisent et font circuler la drogue dans le pays par l’intérieur sans avoir à franchir de frontières. La tentation est grande de céder à la haine et aucun ne va en sortir indemne.
Un livre que je ne regrette pas d’avoir lu car il permet de comprendre l’Amérique d’aujourd’hui et peut-être aussi notre monde actuel.

samedi 8 octobre 2016

Marcus Malte : Le Garçon



Le Garçon n’a pas de nom. Sa mère a accouché en pleine nature, dans la solitude, au bord de l’étang de Berre en ce début du XX siècle. Il n’a pas la parole non plus puisqu’il n’entend que les sons produits par la mère, le soir quand elle se laisse aller au chagrin. Pour lui, ces bruits sont inintelligibles et résonnent à ses oreilles comme une musique. Mais l’enfant sait se débrouiller, vit de la pêche et de la chasse, sait éviter les étrangers et les dangers. A sa manière, et même s’il ne sait pas donner un nom à ses sentiments, il aime sa mère. Aussi quand elle meurt, la solitude est pour lui un lourd fardeau. Bientôt le départ s’impose à lui.
 Ce sont les aventures du garçon dans cette Provence encore sauvage et déserte que nous conte Marcus Malte qui renoue ici avec le mythe de l’enfant sauvage et le roman d’initiation. Mais pas seulement. En fait, l’on constate que le roman est divisé en quatre grandes parties qui relatent sa découverte de la civilisation, des hommes.. et de la douleur ! Toute une vie ! Le roman d'initiation devient ainsi roman d'amour, de guerre et de voyage.

Le Garçon est écrit dans un style brillant, haletant, enlevée comme cette musique de Liszt que l’écrivain aime tant. Marcus Malte est un virtuose de l’écriture et il se sert des mots, du rythme de la phrase pour ciseler une partition molto vivace qui séduit et emporte.

Pourtant je n’ai pas aimé les différents passages du livre avec la même intensité. J’ai été complètement envoûtée par l’enfant sauvage et sa mère. J’ai suivi avec passion ses premiers pas dans le Monde. C’est un Candide chassé du paradis terrestre (qui n’est pas, après tout, si paradisiaque) et qui découvre la civilisation. Il y apprend sans le comprendre encore ce que lui dira plus tard un vieil Amérindien dans la jungle amazonienne : « votre peuple n’est constitué que de valets et de maîtres, d’une grande quantité de valets et d’une pleine poignée de maîtres, d’une infinité de valets pour un unique maître au final.. ».
La rencontre avec Brabek, l’ogre des Carpates m’a touchée, Brabek avec sa bonté et son infini laideur, sa souffrance, sa philosophie, la beauté de ce qu’il enseigne au garçon et qui a trait à la force de l’amour..
Décidément Marcus Malte est un grand amoureux de Victor Hugo car Brabek, c'est Ursus de L'homme qui rit qui accueille Gwinplaine dans sa roulotte. Brabek c’est aussi Quasimodo, comme le Garçon est Mazeppa! Et rien ne fera jamais que l'ogre des Carpates puisse être aimé d'une Esméralda. Un personnage d’une tragique intensité !

Passionnants aussi tous ces chapitres consacrés à ce qui se passe dans le monde à la même époque et qui replacent le récit dans l’univers, l’individu par rapport à l’humanité, la fourmi dans l’immense fourmilière, (j’ai pensé à Zadig) tout en montrant que tout est lié et que le « battement d'ailes du papillon » affecte bien celui qui se trouve à l’autre bout de l’univers.

Finalement à voir mon enthousiasme on peut se demander quelles sont mes restrictions. Elles commencent avec le personnage d’Emma lorsque celle-ci est amoureuse et qu’elle collectionne les livres érotiques. J’ai trouvé que cette recherche manque de spontanéité, de sincérité et, pour tout dire de vérité ! Voilà un jeune femme qui n’a jamais connu l’amour, qui aime le Garçon plus que sa propre vie, mais qui doit utiliser des trucs d’intello blasé pour pimenter sa libido. Le personnage est trop sophistiqué pour le jeune homme et manque de spontanéité. Ses lettres au Garçon très (trop) bien écrites semblent peu sincères car trop apprêtées. Elles ne m’ont jamais touchée. Vous allez dire que c’est un détail, et bien, non ! Non, car la jeune femme finit par devenir peu crédible. Et cela m’a gênée, surtout après les beaux personnages que l’on rencontre dans ce roman comme le père d’Emma, qui a, lui aussi, un coeur grand ouvert aux autres.
D’autre part, j’ai été intéressée par le récit de la guerre mais c'est l'aspect roman d'initiation qui m'a le plus convaincue. Le thème de l’enfant dans la nature et son rapport à la civilisation est plus original et plus neuf  à mes yeux.. Pourtant  si Marcus Malte a voulu montrer en décrivant la guerre à quel désastre menait la "civilisation", il a réussi ! Bien sûr,  l’on retrouve  ici Candide qui, lui aussi,  fait connaissance, dans le meilleur des mondes, avec l’horreur de la guerre.

Enfin, pour tout dire et malgré ces quelques bémols, j'ai aimé le roman de Marcus Malte brillamment écrit entre poésie, gravité et humour; il présente des idées passionnantes et des récits qui nous enchaînent. J’aime aussi cet ancrage dans notre littérature et dans la musique. J'aime que ces personnages soient de la même pâte que les grandes figures littéraires, qu'ils incarnent des mythes adaptés à notre époque.

et allez lire le billet de Kathel ICI


 Allez, une petite photo de Marcus Malte pour faire plaisir à Asphodèle !
Marcus Malte est né à La Seyne-sur-Mer en 1967. Enfin, un écrivain qui ne vient pas du Nord !
J'ai vu qu'il avait aussi écrit des polars pour la jeunesse. Il faut que j'aille voir cela pour ma petite fille.







Ce livre Le Garçon de Marcus Malte aux éditions Zulma participe aux matchs de la rentrée littéraire 2016.



Merci à Price Minister pour cet envoi .

jeudi 6 octobre 2016

Victor Hugo : Mazeppa et Marcus Malte dans Le Garçon

Mazeppa :  Eugène Delacroix

Dans Le Garçon, un roman de la rentrée littéraire 2016 que je vous présenterai bientôt, Marcus Malte développe un thème, lié à un poème de Victor Hugo, celui d’un héros légendaire nommé Mazeppa.
 Dans la première version du poème Mazeppa dans Les Orientales Victor Hugo ouvre le récit par ces vers :

Ainsi quand Mazeppa, qui rugit et qui pleure
A vu ses bras, ses pieds, ses flancs qu'un sabre effleure, 

Tous ses membres liés 

Sur un fougueux cheval, nourri d'herbes marines,

                                         Qui fume, et fait jaillir le feu de ses narines 

                                                              Et le feu de ses pieds.  
                                                                                         
Le coursier galopant furieusement, emporte le héros dans une course que rien ne semble pouvoir interrompre.

 Ils vont. Dans les vallons comme un orage ils passent, 

Comme ces ouragans qui dans les monts s'entassent, 

Comme un globe de feu; 

Puis déjà ne sont plus qu'un point noir dans la brume, 

Puis s'effacent dans l'air comme un flocon d'écume 

Au vaste océan bleu.


Ils vont. L'espace est grand. Dans le désert immense, 

Dans l'horizon sans fin qui toujours recommence, 

Ils se plongent tous deux. 

Leur course comme un vol les emporte, et grands chênes, 

Villes et tours, monts noirs liés en longues chaînes, 

Tout chancelle autour d'eux.

Mais son destin tragique qui paraît le vouer à une mort certaine …

Voilà l'infortuné gisant, nu, misérable, 

Tout tacheté de sang, plus rouge que l'érable 

Dans la saison des fleurs. 

… se transforme pourtant et contre toute attente en grandeur. Ce n’est pas la mort qui attend Mazeppa mais la gloire ! L'homme n'est pas maître de son destin, il lui est impossible de déchiffrer son avenir.

Sa sauvage grandeur naîtra de son supplice. 

Un jour, des vieux hetmans il ceindra la pelisse, 

Grand à œil ébloui;
 
Et quand il passera, ces peuples de la tente, 

Prosternés, enverront la fanfare éclatante 

Bondir autour de lui !

Le personnage de Marcus Malte, appelé le garçon, en ce début du XXième siècle, rappelle le héros de Hugo. Une  automobile conduite par Emma accroche et renverse sa roulotte et le blesse gravement à la tête, le précipitant dans le coma. De même que Mazeppa, lorsque le jeune homme revient à la vie, il connaît, lui orphelin, seul et pauvre, ce qu’il n’a jamais eu jusqu’alors, un foyer, un père, un grand amour, Emma, et la musique comme un splendide cadeau. Après avoir été misérable, il est comblé. Ce n'est pourtant pas la gloire qu'il acquiert mais le bonheur.
L’allusion à Mazeppa revient ensuite dans Le Garçon au moment de la déclaration de guerre en 1914. Sans patronyme jusque là puisqu’il est un enfant sauvage, le personnage prend officiellement le nom de Mazeppa pour partir se battre, à l’instigation d’Emma qui veut forcer le destin et faire en sorte que celui qu’elle aime revienne vivant.

Mais qui est Mazeppa?

Portrait de Ivan Stepanovitch Mazeppa
Portrait de Ivan Stepanovitch Mazeppa
Mais qui est Mazeppa, pourquoi est-il attaché à un cheval, comment échappe-t-il à la mort et comment s’élève-t-il aux honneurs suprêmes?
C’est Voltaire qui nous conte le premier l’histoire d’Ivan Stepanovitch Mazepa, personnage historique, page du roi de Pologne, Jean II Casimir Vasa, qui devint prince d’Ukraine.
«  Celui qui remplissait alors cette place était un gentilhomme polonais, nommé Mazeppa, né dans le palatinat de Podolie ; il avait été élevé page de Jean-Casimir, et avait pris à sa cour quelque teinture des belles-lettres. Une intrigue qu’il eut dans sa jeunesse avec la femme d’un gentilhomme polonais, ayant été découverte, le mari le fit lier tout nu sur un cheval farouche, et le laissa aller en cet état.
Le cheval, qui était du pays de l’Ukraine, y retourna, et y porta Mazeppa, demi-mort de fatigue et de faim. Quelques paysans le secoururent : il resta longtemps parmi eux, et se signala dans plusieurs courses contre les Tartares. La supériorité de ses lumières lui donna une grande considération parmi les Cosaques ; sa réputation, s’augmentant de jour en jour, obligea le czar à le faire prince de l’Ukraine. »
(Voltaire, Histoire de Charles XII)

La popularité de ce héros 

Louis Boulanger (1827) Mazeppa est condamné pour adultère à être attaché à un cheval
Louis Boulanger (1827)

La littérature

La littérature s’empare du héros ukrainien. Mazeppa est le trente quatrième poème des Orientales publié en 1829 par Victor Hugo quelques années après celui de Byron en 1819 qu'il avait lu et qui l'influença. Pouchkine parle aussi de Mazeppa dans Poltava, récit de la bataille où le héros qui a osé s’attaquer au Tsar, Pierre Le Grand, subit une défaite.
Le poème de Hugo présente deux partie. La première, citée ci-dessus, décrit la chevauchée du coursier et de Mazeppa attaché sur son dos et décrit la sauvagerie du suuplice, les souffrances endurées
Dans la seconde version le poète s’adresse directement à l’animal en le tutoyant,

En vain il lutte, hélas ! tu bondis, tu l'emportes
 
Hors du monde réel, dont tu brises les portes 

Avec tes pieds d'acier !

Tu franchis avec lui déserts, cimes chenues 

Des vieux monts, et les mers, et, par delà les nues, 

De sombres régions; 

Et mille impurs esprits que ta course réveille
 
Autour du voyageur, insolente merveille,
 
Pressent leurs légions.

Ces strophes d’un lyrisme flamboyant évoque non plus un simple cheval mais une bête fantastique, un pégase animé par Dieu, qui s’élève jusqu’à la Création, au-delà du monde terrestre. Le héros s'élève ainsi au-dessus de la nature humaine. Il vole, nouvel Icare, il s'approche de Dieu. Hugo brode ici autour d'un thème qui lui est cher, celui du mythe du Génie et en particulier du Poète, visionnaire, inspiré par Dieu et qui conduit les foules. Mythe typiquement romantique, on pense aussi au Moïse, "puissant et solitaire" de Vigny ou au Pélican qui nourrit ses enfants de sa chair de Musset. Cependant l'image d'Icare introduit celle de la chute.

Il traverse d'un vol, sur tes ailes de flamme, 

Tous les champs du possible, et les mondes de l'âme;
 
Boit au fleuve éternel; 

Dans la nuit orageuse ou la nuit étoilée, 

Sa chevelure, aux crins des comètes mêlée, 

Flamboie au front du ciel.

Les six lunes d'Herschel, l'anneau du vieux Saturne,
 
Le pôle, arrondissant une aurore nocturne 

Sur son front boréal, 

Il voit tout; et pour lui ton vol, que rien ne lasse, 

De ce monde sans borne à chaque instant déplace 

L'horizon idéal.

Et c’est par un procédé stylistique saisissant, déjà utilisé dans La Légende des siècles (« le lendemain Ameyrillot prit la ville ») que Victor Hugo clôt le poème. Une fin très courte, d’un seul vers « et se relève roi! » crée un décalage par rapport aux longues strophes descriptives qui précèdent.

L’extraordinaire destin de Mazeppa est ainsi mis en valeur par le hiatus, je dirai même la béance qui existe entre la longueur et la brièveté, entre ce qu’il était et ce qu’il devient..

Il crie épouvanté, tu poursuis implacable. 

Pâle, épuisé, béant, sous ton vol qui l'accable 

Il ploie avec effroi; 

Chaque pas que tu fais semble creuser sa tombe. 

Enfin le terme arrive... il court, il vole, il tombe, 

Et se relève roi !

La musique

Mazeppa de Liszt pinaiste Denis Kozhukhin

La musique : Mazeppa est aussi la quatrième étude en ré mineur du recueil Les Douze études d'exécution transcendante de Liszt. Elle a été composée entre 1826 et 1852 et est réputée pour sa grande difficulté. Liszt a retenu trois éléments de cette histoire :
la course folle sur le dos du cheval ; la chute qui semble annoncer la mort ; le réveil et le triomphe
C’est l’étude que joue Emma au garçon lorsque celui-ci se réveille :
Il y a de par le monde tout au plus quarante virtuoses capables d'interpréter cette pièce. Elle (Emma) n'en fait pas partie. 
Le pauvre cheval harassé est contraint à une cadence infernale, il s'emballe, et le calvaire du cavalier se poursuit dans des cascades d'octaves, dans des déferlements de tierces et de quartes, et son martyre augmente à l'aune de la beauté qu'il engendre.
Tchaïkowsky, lui, s'inspirant du Poltava de Pouckine écrit un opéra intitulé Mazeppa

L'art

Mazeppa de  Théodore Gericault (1820) romantisme
Mazeppa de  Théodore Gericault (1820)
Nombreux sont aussi les grands peintres romantiques, les illustrateurs, les sculpteurs qui se passionnent pour ce héros.  Pour le romantisme français : Delacroix, Gericault, Vernet, Boulanger, Chassériau... Le mythe perdure tout au long du XIX siècle mais aussi dans les oeuvres contemporaines.

Mazeppa Horace Vernet  (1826) musée Calvet Avignon
Mazeppa Horace Vernet  (1826)

Mazeppa Horace Vernet (1820)
Theodore Chasseariau Mazeppa 1851
Théodore Chassériau  : Mazeppa (1851)

Mazeppa : Nicolas Lieberich (1857)

Rian Keller : Mazeppa (2012)

 
Mazeppa Patrice Mesnier artiste contameporain ICI
Bartabas : Film de  Mazeppa (Clément Marty) 1993

 

Un héros romantique 

Mazeppa Anonyme 1830
 Les auteurs, les peintres, les musiciens romantiques, on le voit, se sont passionnés pour Mazeppa. Pourquoi? En quoi est-il représentatif du héros romantique?
Il s’agit d’un homme qui est né au bas de l’échelle (Mazeppa est noble, certes, mais d’une famille pauvre et il commence à la cour de Pologne comme page) et son ascension fulgurante jusqu'au titre de prince d’Ukraine en est d’autant plus frappante. Nous avons vu que Victor Hugo en faisait avec le cheval volant le mythe du poète placé au-dessus de la foule pour la guider. D'une manière plus générale, il incarne pour les romantiques le héros proscrit, le rebelle mais qui parvient à s’élever au sommet comme Ruy Blas ou Gwinplaine. D’autre part, alors qu’il est marqué par le fatum et doit mourir il parvient à y échapper, pourquoi? Parce que c'est un homme hors du commun, parce qu'il est l'égal ou le protégé des Dieux. Ce contraste vertigineux frappe l’imagination romantique.
Une autre caractéristique de  Mazeppa, c’est sa démesure. Il  devient chef (hetman) des cosaques, prince d’Ukraine, mais ne se contente pas de ce qu’il a.  Son hybris, car la démesure romantique rejoint ici le thème grec de l’orgueil, le pousse à vouloir se hisser encore plus haut, à tenir tête au Tsar, Pierre le Grand. Il en sera puni. Victor Hugo n'a pas retenu cet aspect du héros au contraire de Pouchkine qui en décrivant la bataille de Poltava montre l'échec du Hetman. Marcus Malte lui aussi ne s'est intéressé qu'à la première partie du mythe, celui du marginal, du démuni, qui finit par trouver une place dans la société. Mais si le garçon n'est jamais dans l'orgueil et la démesure comme le sera Mazeppa, il est par contre marqué par le destin. Pour lui, le bonheur est de faible durée et chaque fois qu'il est heureux, survient un évènement tragique. Il est marqué par la fatalité comme tout héros romantique à moins que ce ne soit par le pessimisme de son auteur?

Voir le poème intégral ICI 

 Ce livre Le Garçon de Marcus Malte aux éditions Zulma  participe aux matchs de la rentrée littéraire 2016. Merci à Price Minister.




Et comme vous le voyez, voici le retour de la poésie du jeudi d'Asphodèle. Merci à elle d'avoir renoué avec ce rendez-vous !



lundi 26 septembre 2016

Diane de Margerie : A la recherche de Robert Proust



A la recherche de Robert Proust de Diane de Margerie paru chez Flammarion pour la rentrée littéraire 2016 part d’un constat : le petit frère de Marcel, Robert, (moins deux ans les séparaient) n’existe pas dans La Recherche du temps perdu. Le narrateur Marcel y est devenu fils unique. Certaines scènes familiales qui impliquaient Robert, comme celle décrite dans Contre Sainte Beuve à propos d’un chevreau, transposée dans La Recherche du temps perdu, n’ont désormais, qu’un acteur, lui-même.

Diane de Margerie scrute donc les rapports entretenus par les deux frères depuis leur enfance à travers des photographies, des témoignages, des lettres de l’auteur ou de ses amis, et des études littéraires. Mais bien sûr, La Recherche est à  la base de cet essai. L’analyse révèle l’intimité de Marcel et de son frère, nous dit qui se cache derrière les personnages de l'oeuvre et éclaire d’un jour nouveau le roman.


Robert et Marcel Proust

Marcel a sans conteste reçu un choc à la naissance du petit frère, lui qui avouera  plus tard dans une lettre à un ami qu’il  est « jaloux à chaque minute  à propos de rien ». Sa maladie, son asthme qui se déclarera à l’âge de neuf ans, peut être considéré comme une manière de capter l’attention et les soins maternels. Marcel réagit en étant d’une douceur quasi maternelle envers son frère, en protégeant son cadet durant la petite enfance comme s’il voulait prendre la place de la mère, manipuler son affection. Puis les deux frères s’éloignent l’un de l’autre à l’adolescence et bientôt le petit frère va se marier, devenir chirurgien et plus tard entretenir un rapport inversé avec Marcel, fragile, malade, qu’il appelle alors « mon petit ». Trahison originelle qui tue chez Marcel le mythe de  de la fraternité… et de la famille car son père lui aussi médecin, en entretenant une complicité étroite avec Robert, exclut Marcel, considéré comme « nerveux » « hypersensible ».

"Le mot trahison qui revient des dizaines de fois dans La Recherche évoque irrésistiblement pour moi l’époque où Marcel s’est trouvé comme « remplacé » par la naissance d’un second fils, puis l’inévitable détachement quand le petit frère quitte la protection de l’aîné en même temps que ses boucles et ses jupes. "

Proust en conclut que les liens familiaux ne peuvent qu’être brisés à cause des trop grandes ressemblances qui divisent les familles. Or, comme le constate Diane de Margerie, le parallèle entre les frères Proust s’accompagnent d’abord de forts contrastes :
Si tous deux ont une grande intelligence, une vive curiosité intellectuelle, l’égocentrisme de Marcel tourné vers lui-même, sa maladie, ses intérêts, son oeuvre, contraste avec le dévouement, le désintéressement, l’ouverture de Robert ouvert aux autres pour soulager leurs souffrances.
Pourtant, malgré ces différences, les frères ont des points communs. Tous les deux s’intéressent au détail, à l’anormalité, aux relations entre le corps et l’esprit, l’un à travers « le scalpel de l’écriture », l’autre « à travers le bistouri ». Tous deux ont pour intérêt commun : « de décortiquer l’âme et le corps » « d’étudier la maladie -  la maladie  de l’amour comme celle de la chair. ».

Il faut constater d’ailleurs l’importance des termes de médecine dans l’oeuvre de Marcel qui a été initié par la fréquentation des milieux médicaux à la table de son père et le nombre de médecins qui peuplent La Recherche, comme le docteur Cottard ou le docteur du Boulbon, Marcel s’inspirant de praticiens qu’il a fréquentés. On constate aussi une défiance de l’écrivain pour la médecine et les médecins -il refusera de se faire soigner-. Dans La recherche les portraits ironiques qu’il brosse d’eux lui permettent de régler ses comptes avec son père et son frère, et montrent la supériorité de l’homme d’art sur l’homme de science : " La résurrection possible, l’espoir d’immortalité ne sont permis qu’à l’artiste".  Ainsi la mort de Bergotte « il était mort. Mort à jamais? Qui peut le dire? »

Enfin si Robert est absent de La Recherche, constate Diane de Margerie, il y figure pourtant sous les traits d’un personnage Robert de Saint Loup qui apparaît tout au long du roman.

« Oui, Saint Loup est vraiment le frère idéal auquel Marcel-le-narrateur peut songer à loisir à travers le silence observé sur le frère réel. »

Voilà donc un aperçu de ce court essai (150 pages) intéressant et riche, que je n’ai fait que résumer. Il y est aussi question, bien sûr, des rapports entre les perceptions corporelles et la mémoire, de la différence entre le souvenir et la mémoire, de la culpabilité envers la mère, de l'homosexualité, de Céleste qui fut la garde malade et l’amie de Marcel, des similitudes entre Flaubert et Marcel, entre les frères Proust et les frères James (Henry et William) et de bien d’autres personnages réels ou fictifs côtoyés ou créés par Marcel Proust… Un régal!

dimanche 25 septembre 2016

Richard Adam : Watership Down



Watership down de Richard Adams a été publié en 1972 et a connu un succès international. Il est aujourd’hui réédité pour cette rentrée littéraire 2016 aux éditions Monsieur Toussaint Louverture.

Hélas! je n’ai pas eu la chance de lire ce livre quand j'étais jeune sinon je suis sûre que j’en aurais gardé un souvenir ébloui comme l’a fait Keisha. ICI
En tant qu’adulte, j’ai été un peu gênée au départ parce que j’ai cherché pendant un bon moment à lire ce livre au second degré.

Que représentent les lapins sinon le monde des hommes? Une société d’abord patriarcale, placée sous les ordre du Maître Padi-Shâ, dans la première Garenne, Sandleford, où règne l’inégalité sociale et où vivent les jeunes lapins, héros de ce roman : Hazel, son frère Fyveer, Bigwig, Pypkin et les autres. 
Puis, lorsque ces derniers s’enfuient de ce lieu menacé par les hommes, ils fondent une garenne située dans une colline au nord du Hampshire, Watership Down, démocratie dont Hazel est le chef, librement choisi par ses amis pour ses qualités intellectuelles et humaines.
Enfin, ils ont à lutter contre la Garenne Effrefa et son terrible chef le colonel Stachys qui règne en tyran sur la population. Sous prétexte de sécurité, les habitants perdent leur liberté et doivent se soumettre à une dictature militaire implacable.


Watership Down, lieu où se déroule le roman et où vit Richard Adam

L’histoire peut se lire ainsi mais Richard Adam lui-même se défend d’avoir voulu faire de ce roman "une parabole ou une allégorie ". Pour lui c’est "une sacrée bonne histoire " qu'il racontait à ses deux filles pendant un trajet en voiture et  c’est ainsi qu’il faut la lire. Alors j’ai retrouvé mon âme d’enfant et je suis vraiment entrée dans ce récit d’aventures, une épopée à la taille des lapins en butte à tous les dangers et d’abord les Vilous, renards, hermines, belettes, chats… Une épopée peuplée de monstres terribles comme le Kataclop (tracteur) ou une autre bête terrifiante, « grosse comme un shaar Kataclop »  (le train), démoniaques inventions des humains. Car ce sont les hommes qui restent les plus grands prédateurs et se servent de leur pouvoir pour dominer les animaux comme nous le voyons dans la garenne Primerol, première étape où s'arrêtent nos amis lapins.. On vibre devant tous les dangers auxquels échappent les héros, on s’attache à eux comme à n’importe quel personnage humain. Le langage est aussi un plaisir du roman. Certains « étrangers » qui deviennent leurs amis, la mouette, le mulot, parlent d'une manière pittoresque alors que nous, lecteurs, nous parlons lapin couramment. 

Mais au-delà de l’aventure, les thèmes développés sont intéressants, la solidarité, l’amitié, le courage, le chagrin de l’exil, le mal du pays, les mythes des origines .. et puis la nature est toujours présente et déjà, oui, le sentiment écologiste qui dénonce la destruction de la nature par l’homme, lutte que Richard Adam continue à mener aujourd'hui à l'âge de 96 ans.  Et même si les lapins nous rappellent les êtres humains, l'auteur évite un anthropomorphisme trop poussé en s’appuyant sur des connaissances réelles du monde animal.

Un très beau roman donc que pourraient lire tout enfant ou ado bon lecteur et ses parents pour le plus grand plaisir de tous, un roman à partager en famille.

Voir une analyse très complète ICI  chez le profPlatybus

et aussi Grominou qui a adoré  ICI

vendredi 23 septembre 2016

Emily St John Mandel : Station Eleven


J’ai déjà beaucoup lu ou vu des livres ou des films décrivant la fin de la civilisation après une catastrophe et la situation de ceux qui survivent : Ravages de Barjavel ou Malevil de Robert Merle pour ne citer qu’eux.
Aussi j’avais peur de cette impression de déjà (trop) connu dans le roman Station Eleven d’Emily St John Mandel, jeune écrivaine canadienne. Mais le livre est placé sous le signe de Shakespeare puisque l’épidémie qui va décimer 99% de la population terrestre a lieu le jour suivant la mort de l’acteur Arthur Leander. Or, celui-ci s’écroule sur scène, victime d'une crise cardiaque,  au milieu de la représentation du Roi Lear. Alors ma curiosité a été piquée.

Mathieu rebuffat Nîmes après la fin du monde ICI
Bien sûr, j’ai retrouvé dans Station Eleven des situations récurrentes à tous les romans d’anticipation qui explorent ce thème et ceci est inévitable. La fin de la civilisation s’accompagne toujours d’un retour à la loi du plus fort. Et contrairement à la philosophie rousseauiste, comme l’homme est naturellement mauvais, il va s’emparer par la force de ce qu’il désire pour assurer sa survie, son confort (même relatif) et son plaisir! L’enfant et la femme sont une proie pour ces prédateurs. Le roman post-cataclysme développe donc, avec ce retour à la nature primitive, le mythe du chef qui est en général un homme. Souvent la femme, du moins chez les deux écrivains précédemment cités, occupe une place secondaire, importante surtout pour la survie de l’espèce !  Par contre, la femme chez Emily St John Mandel apprend à se défendre seule comme Kirsten, à combattre et à jouer du couteau, s’il le faut. De plus, elle aussi peut-être détenir l’autorité ! Ainsi la chef d’orchestre de la petite troupe autour de laquelle se rallient musiciens et acteurs. Ce qui est entièrement nouveau.
Le rôle de la religion est aussi un thème très présent. Dans Station Eleven le fanatisme est un moyen de manipulation et de contrôle du pouvoir. Le Prophète, nouveau gourou, s’empare d’une petite ville et soumet ses habitants.
Et puis, bien sûr, l’on retrouve dans toutes ces oeuvres la souffrance liée à la disparition d’êtres chers mais aussi du monde ancien. Ceux qui s’en sortent le mieux ce sont les enfants qui n’en ont plus le souvenir. Le regret lancinant des bienfaits de la civilisation disparue taraude les esprits : l’absence d’électricité qui plonge les nuits dans une obscurité angoissante, la lutte pour trouver à manger, la disparition des transports, du téléphone, d’internet qui abolissaient les distances, l’insécurité des villes et des chemins infestés de voleurs de tueurs. Et cette nostalgie donne une coloration au roman qui nous fait regarder d’une autre manière notre civilisation. Un point de vue différent qui nous permet d’en voir les aspects positifs et non, comme nous le faisons souvent à l’heure actuelle, ce qu’il y a de négatif. Nous prenons conscience de la facilité de notre vie liée aux sciences. Là aussi le roman va à l'encontre des idéologies qui critiquent le progrès, l'asservissement de l'homme à la machine.

Matthieu Rebuffat : Nîmes après la fin du monde l'autoroute  ICI
Mais la vraie réussite de ce roman, c’est d’avoir fait d’une petite troupe de comédiens itinérants le symbole insubmersible de la civilisation. En effet, les personnages d’Emily St.John Mandel sont des artistes. Ils se déplacent de ville en ville dans des voitures tirées par des chevaux, comme Molière, et oui, pour donner leur spectacle musical et théâtral. Ce sont eux qui maintiennent l’espoir, l’émotion, la beauté et redonnent un sens à la vie, de même qu'ils rendent aux survivants leur statut d’êtres humains. Pourquoi? «  Parce que survivre ne suffit pas ».
« Ce qui a été perdu lors du cataclysme : presque tout, presque tous. Mais il reste encore tant de beauté : le crépuscule dans ce monde transformé, une représentation du Songe d’une nuit d’été sur un parking dans la localité mystérieusement baptisée Saint Deborah by the Water avec le lac Michigan qui brille à cinq cent mètres de là. »
Et si les comédiens interprètent uniquement des pièces de Shakespeare, « c’est parce que les gens veulent ce qu’il y avait de meilleur au monde »
Et tant qu’il y a de la beauté sur cette terre, tant que la vie intellectuelle subsiste, la civilisation peut reprendre ;  témoin le renouveau avec la création d'un musée, d'un journal et la réapparition timide de l'électricité. Un livre assez optimiste, finalement.

Enfin, l’originalité du roman, c’est cette construction savante de récits conçus non comme des retours dans le passé, mais comme des espaces temps qui font coexister le présent et le passé ou même parfois anticiper l'un par rapport à l'autre. La vie de l’acteur Arthur Leander, de son fils Tyler et de ses trois épouses, sa mort, l’enfance de Kirsten et sa vie actuelle se déroulent en parallèle… Et entre passé et présent émerge un personnage très beau, celui Miranda, la première femme de Leander, une artiste elle aussi, qui écrit et dessine une bande dessinée. Elle y raconte une histoire de survie après la fin d’une civilisation, récit dans le récit, fil conducteur entre le passé et le présent et entre les personnages, en particulier entre Kirsten et Tyler, tous deux très jeunes au moment de la catastrophe.
Un roman bien écrit et intéressant qui trouve sa place auprès des bons romans illustrant ce genre.



dimanche 18 septembre 2016

James McTeer II : Minnow



Minnow  paru aux éditions du Seuil sous la marque Editions du sous-sol, est un roman qui a tout du conte traditionnel dont il épouse la structure. Nous sommes en Caroline du Sud. Un petit garçon Minnow  part à la recherche d’un médicament pour sauver son père mourant.  Il ne doit aller que jusqu’à la ville la plus proche mais sa rencontre avec un sorcier vaudou le Dr Crow va changer son destin. Ce dernier lui promet un médicament à condition qu’il poursuive sa route dans les Sea Islands à la recherche de la tombe de Sorry George, un ancien sorcier très puissant, réputé pour avoir tué une cinquantaine de personnages grâce à ses sortilèges. Mais personne ne sait où est cette tombe, c’est à Minnow de la découvrir. L’enfant est averti que l’esprit du grand sorcier qui veille dans l’au-delà, fera tout pour l’en empêcher. Il va devoir affronter de graves dangers. En chemin, il recevra de l’aide et un ami sous la forme d’un petit chien.

Il s'agit donc d'un conte, impression renforcée par l’atmosphère fantastique que représentent les paysages eux-mêmes, les marais saturés d’humidité, à l’air épais, les forêts inquiétantes, la faune sauvage et parfois aussi les rencontres avec les hommes dangereux ou amicaux. Fantastique aussi la présence du Vaudou, des incantations, des sortilèges, des fantômes qui  accompagnent le voyage du gamin. Et puis, il y a aussi un contraste qui frappe l’imagination entre l’enfant si petit, si fragile (Minnow signifie petit poisson ou fretin en français, ce qui n'est pas sans rappeler là encore les Petit Poucet, Poucette et Tom Pouce des contes) et l’immensité de ces terres, les dangers démesurés qu’il rencontre, les actes héroïques qu’il accomplit, traversée de fleuve ou d’une baie à la nage, combat avec un alligator ou un sanglier fou furieux, rencontre avec des brigands, lutte contre les éléments déchaînés et puis le froid, la faim, la peur, les maladies et les blessures…

Mais alors que le conte traditionnel qui se déroule dans un lieu et à une époque intemporels est symbolique, le roman de James Mcteer est bien ancré dans un lieu réel et un temps précis. Le conte décrit le passage de l’enfance à l’âge adulte. Il s’agit d’un récit d’initiation où l’on ne craint jamais pour la vie du personnage. Le roman Minnow qui est aussi un quête initiatique n’a plus rien, lui, de symbolique. Minnow sera marqué dans sa chair à tout jamais par les épreuves qu’il doit subir même s’il ressort de l’épreuve grandi et plus fort. Aucune formule magique ne peut lui venir en aide. Et s’il s’agit d’un récit d’aventures, le lecteur comprend bien vite qu’il n’y aura pas d’intervention miraculeuse.

Minnow est en fait une magnifique histoire d’amour et de courage. La volonté de petit garçon ne faiblit pas car son but est de sauver son père. Tout le roman est un combat contre la Mort qui est partout présente, aux aguets, en attente. La description de l’ouragan et du raz de marée est sidérante et constitue un des grands moments de ce roman. La Mort omnipotente règne en maîtresse absolue  dans un pays ravagé et participe à la fois à l’atmosphère fantastique et en même temps horriblement réaliste. Nous quittons le conte par l'irruption de la violence et la manifestation de la force des éléments naturels. Encore que... le petit garçon y voit, lui, l'intervention maléfique par delà la tombe, du sorcier Sorry George. On voit que la lecture peut toujours se faire à des degrés différents.

Un beau premier roman bien écrit et d’une originalité surprenante. Il a obtenu le prix du premier roman de Caroline du Sud et il est sélectionné pour le prix Médicis étranger 2016.

dimanche 11 septembre 2016

Livres pour la rentrée littéraire 2016 : Pour qui j'ai craqué...



Voici les titres pour lesquels j'ai craqué dans la librairie !  Quelle joie de revenir ployant sous le poids des bouquins. J'exagère juste un peu pour le poids mais pas trop ... Regardez plutôt la photo !

J'avais un peu de doute sur certains titres comme La maison des hautes falaises mais la première page qui place le personnage face à des baleines évoluant avec  grâce en pleine mer est tellement bien écrite et poétique que j'ai été séduite. Je viens de lire aussi que Keisha a beaucoup aimé Watership Down. Et je vais découvrir les autres avec plaisir.

C'est intentionnellement que je n'ai pas choisi les trois livres que j'ai retenus pour le tirage au sort de Price Minister mais que je lirai aussi un jour, j'espère !

Valentyne Goby : un paquebot dans les arbres
Smith Anderson : Yaak Valley Montana
Marcus Malte :  Le garçon

Je vais être absente pendant trois ou quatre jours de mon blog pour aller en Lozère et je me promets déjà de bonnes heures de lectures. A bientôt et bon dimanche !