Le Garçon n’a pas de nom. Sa mère a accouché en pleine nature, dans la solitude, au bord de l’étang de Berre en ce début du XX siècle. Il n’a pas la parole non plus puisqu’il n’entend que les sons produits par la mère, le soir quand elle se laisse aller au chagrin. Pour lui, ces bruits sont inintelligibles et résonnent à ses oreilles comme une musique. Mais l’enfant sait se débrouiller, vit de la pêche et de la chasse, sait éviter les étrangers et les dangers. A sa manière, et même s’il ne sait pas donner un nom à ses sentiments, il aime sa mère. Aussi quand elle meurt, la solitude est pour lui un lourd fardeau. Bientôt le départ s’impose à lui.
Ce sont les aventures du garçon dans cette Provence encore sauvage et déserte que nous conte Marcus Malte qui renoue ici avec le mythe de l’enfant sauvage et le roman d’initiation. Mais pas seulement. En fait, l’on constate que le roman est divisé en quatre grandes parties qui relatent sa découverte de la civilisation, des hommes.. et de la douleur ! Toute une vie ! Le roman d'initiation devient ainsi roman d'amour, de guerre et de voyage.
Le Garçon est écrit dans un style brillant, haletant, enlevée comme cette musique de Liszt que l’écrivain aime tant. Marcus Malte est un virtuose de l’écriture et il se sert des mots, du rythme de la phrase pour ciseler une partition molto vivace qui séduit et emporte.
Pourtant je n’ai pas aimé les différents passages du livre avec la même intensité. J’ai été complètement envoûtée par l’enfant sauvage et sa mère. J’ai suivi avec passion ses premiers pas dans le Monde. C’est un Candide chassé du paradis terrestre (qui n’est pas, après tout, si paradisiaque) et qui découvre la civilisation. Il y apprend sans le comprendre encore ce que lui dira plus tard un vieil Amérindien dans la jungle amazonienne : « votre peuple n’est constitué que de valets et de maîtres, d’une grande quantité de valets et d’une pleine poignée de maîtres, d’une infinité de valets pour un unique maître au final.. ».
La rencontre avec Brabek, l’ogre des Carpates m’a touchée, Brabek avec sa bonté et son infini laideur, sa souffrance, sa philosophie, la beauté de ce qu’il enseigne au garçon et qui a trait à la force de l’amour..
Décidément Marcus Malte est un grand amoureux de Victor Hugo car Brabek, c'est Ursus de L'homme qui rit qui accueille Gwinplaine dans sa roulotte. Brabek c’est aussi Quasimodo, comme le Garçon est Mazeppa! Et rien ne fera jamais que l'ogre des Carpates puisse être aimé d'une Esméralda. Un personnage d’une tragique intensité !
Décidément Marcus Malte est un grand amoureux de Victor Hugo car Brabek, c'est Ursus de L'homme qui rit qui accueille Gwinplaine dans sa roulotte. Brabek c’est aussi Quasimodo, comme le Garçon est Mazeppa! Et rien ne fera jamais que l'ogre des Carpates puisse être aimé d'une Esméralda. Un personnage d’une tragique intensité !
Passionnants aussi tous ces chapitres consacrés à ce qui se passe dans le monde à la même époque et qui replacent le récit dans l’univers, l’individu par rapport à l’humanité, la fourmi dans l’immense fourmilière, (j’ai pensé à Zadig) tout en montrant que tout est lié et que le « battement d'ailes du papillon » affecte bien celui qui se trouve à l’autre bout de l’univers.
Finalement à voir mon enthousiasme on peut se demander quelles sont mes restrictions. Elles commencent avec le personnage d’Emma lorsque celle-ci est amoureuse et qu’elle collectionne les livres érotiques. J’ai trouvé que cette recherche manque de spontanéité, de sincérité et, pour tout dire de vérité ! Voilà un jeune femme qui n’a jamais connu l’amour, qui aime le Garçon plus que sa propre vie, mais qui doit utiliser des trucs d’intello blasé pour pimenter sa libido. Le personnage est trop sophistiqué pour le jeune homme et manque de spontanéité. Ses lettres au Garçon très (trop) bien écrites semblent peu sincères car trop apprêtées. Elles ne m’ont jamais touchée. Vous allez dire que c’est un détail, et bien, non ! Non, car la jeune femme finit par devenir peu crédible. Et cela m’a gênée, surtout après les beaux personnages que l’on rencontre dans ce roman comme le père d’Emma, qui a, lui aussi, un coeur grand ouvert aux autres.
D’autre part, j’ai été intéressée par le récit de la guerre mais c'est l'aspect roman d'initiation qui m'a le plus convaincue. Le thème de l’enfant dans la nature et son rapport à la civilisation est plus original et plus neuf à mes yeux.. Pourtant si Marcus Malte a voulu montrer en décrivant la guerre à quel désastre menait la "civilisation", il a réussi ! Bien sûr, l’on retrouve ici Candide qui, lui aussi, fait connaissance, dans le meilleur des mondes, avec l’horreur de la guerre.
Enfin, pour tout dire et malgré ces quelques bémols, j'ai aimé le roman de Marcus Malte brillamment écrit entre poésie, gravité et humour; il présente des idées passionnantes et des récits qui nous enchaînent. J’aime aussi cet ancrage dans notre littérature et dans la musique. J'aime que ces personnages soient de la même pâte que les grandes figures littéraires, qu'ils incarnent des mythes adaptés à notre époque.
et allez lire le billet de Kathel ICI
Allez, une petite photo de Marcus Malte pour faire plaisir à Asphodèle !
Marcus Malte est né à La Seyne-sur-Mer en 1967. Enfin, un écrivain qui ne vient pas du Nord !
J'ai vu qu'il avait aussi écrit des polars pour la jeunesse. Il faut que j'aille voir cela pour ma petite fille.
Ce livre Le Garçon de Marcus Malte aux éditions Zulma participe aux matchs de la rentrée littéraire 2016.
Allez, une petite photo de Marcus Malte pour faire plaisir à Asphodèle !
Marcus Malte est né à La Seyne-sur-Mer en 1967. Enfin, un écrivain qui ne vient pas du Nord !
J'ai vu qu'il avait aussi écrit des polars pour la jeunesse. Il faut que j'aille voir cela pour ma petite fille.
Ce livre Le Garçon de Marcus Malte aux éditions Zulma participe aux matchs de la rentrée littéraire 2016.
Merci à Price Minister pour cet envoi .
Jamais lu cet auteur, peut être faudrait-il que je commence avec du moins pavé?
RépondreSupprimerPeut-être mais c'est Le garçon que j'ai préféré. D'ailleurs pavé ou non cela se lit très vite. Demande à la spécialiste de l'écrivain, j'ai nommé Asphodèle.
Supprimerj'aime bien ce que j'ai lu jusqu'à présent de cet auteur, j'ai noté celui là dans mes envies!
SupprimerTu as raison, je pense que le livre te plairait.
SupprimerAsphodèle conseillerait de commencer par "Garden of love" ! Mais j'ai très envie de lire ce titre-là aussi.
RépondreSupprimerMerci ! Voilà un bon renseignement pour Keisha (et pour moi aussi! )
SupprimerIl n'y a pas qu'à Asphodèle que la photo fait plaisir ! J'aime beaucoup Marcus Malte, que j'ai déjà croisé à plusieurs reprises aux Quais du Polar et au Festival du Livre jeunesse de Villeurbanne (je ne connais pas ses polars, mais il y a un joli album pour les plus jeunes, "Le chapeau, et c'est toujours la même histoire", qui est très sympa et poétique). Bon, je l'ai croisé "incognito", je n'arrive jamais à dire à un auteur "j'écris sur un blog" "j'ai écrit à propos de votre roman", mais nous avons échangé quelques mots !
RépondreSupprimerMerci pour le titre du livre jeunesse.. je vais aller voir! Personnellement je n'arrive pas à parler avec les écrivains pendant les signatures, je ne pourrais dire que des banalités. Tu crois que cela les intéresse de savoir qu'on écrit sur eux dans un blog?
SupprimerJe ne saurais dire, en général... En ce qui concerne Marcus, lui ou quelqu'un d'autre qui s'occupe de son site internet recense les billets de blog, et j'avais échangé un mail ou deux en tant que blogueuse avec lui.
SupprimerAh! tu en sais plus que moi !
SupprimerEt je suis assez d'accord avec toi, j'ai un peu moins aimé la partie avec Emma, même si je lui accorde un peu plus de crédibilité que toi, un petit quelque chose m'a gênée dans cette partie, mais je n'ai pas réussi à mettre le doigt dessus.
RépondreSupprimerHeureuse que tu aies éprouvé la même chose que moi! Difficile parfois de comprendre pourquoi l'on aime moins. Tu ne penses pas que c'est le côté artificiel du personnage qui est en cause?
SupprimerVoilà un livre qui présente bien des éléments susceptibles de me plaire ! J'ai lu seulement des nouvelles de cet auteur, mais j'avais été conquise...
SupprimerEt moi un polar avant celui-là ! Evidemment dès le début on est prise par le style...
SupprimerL'or rouge
RépondreSupprimerQuelque bémols alors quand même, mais à lire tout de même au final, non ? Sur un si gros pavé il est inévitable d'avoir des passages qui nous plaisent moins, par contre ce que tu dis sur le personnage d'Emma m'inquiète un peu. Mais bon comme je te disais j'adore Marcus Malte et je le lirais forcément. Je rajoute ton billet dans vos plus tentateurs. Gros bisous
http://lorouge.wordpress.com
Oui,il est à lire! Tu te rends bien compte que j'ai aimé ce roman même si tout ne m'a pas paru à égalité. Et puis, il s'agit de ma sensibilité personnelle. D'autre sont aimé.
SupprimerBises à toi aussi;
Je n'ai encore jamais lu Marcus Malte mais ce roman semble sacrément passionnant ! tu sais donner envie !
RépondreSupprimerBonjour claudialucia, tu parles bien de ce roman mais personnellement, l'histoire ne me tente pas trop. En revanche, la bonne nouvelle est que ce roman a reçu le prix Femina cette année. En général, les dames du Femina ont bon goût. Bonne après-midi.
RépondreSupprimer