"La légende de la sirène" est un roman à suspense de Erin Hart, américaine passionnée de folklore Irlandais. L'intrigue se déroule entre la ville de Saint Paul, Minnesota, aux Etats-Unis, et l'Irlande; elle se dédouble, entre réalité et légende, en deux enquêtes.
D'une part, dans la réalité, à Saint Paul, le meurtre de Triona dont on n'a jamais retrouvé l'assassin. Sa soeur Nora Gavin soupçonne Peter Hallett, le mari de Triona, mais ne trouve aucune preuve convaincante de sa culpabilité. C'est pourquoi, extrêmement perturbée, dépressive, elle s'exile en Irlande pour travailler avec l'archéologue Cormac dont elle tombe amoureuse. Cinq ans après la disparition de Triona, en apprenant le remariage de Peter, Nora se sent assez forte pour retourner à Saint Paul. Elle est bien décidée cette fois à réunir des preuves pour confondre celui qu'elle continue à croire coupable et qui est une menace, pense-t-elle, pour sa nouvelle épouse mais aussi pour Elizabeth, fille de Peter et de Triona.
D'autre part, au siècle passé, dans le village du père de Cormac, la disparition de Mary Heaney, jeune femme soupçonnée d'être une Selkie. La Selkie, dans le folklore irlandais, est une femelle phoque venue sur terre sous la forme d'une créature humaine pour changer de peau. Retenue prisonnière loin de son élément naturel, la mer, mariée à un homme "terrestre" et devenue mère, la Selkie garde la nostalgie de son origine mais ne peut redevenir phoque que si elle retrouve la dépouille qu'on lui a dérobée. Oui, mais, ces disparitions de Selkie ne couvriraient-elles pas des crimes sordides, en particulier, dans le cas de Marie Heaney? C'est ce que se demandent la sociologue Roz Byrne et Cormac.
Le récit se lie avec beaucoup de plaisir et l'on est pris par cette double enquête bien menée et passionnante. L'écrivain utilise, d'une part, les moyens les plus modernes d'investigations en matière de criminalité en faisant appel à la génétique des populations, à la botanique criminalistique. Nous apprenons ainsi ce qu'est "la Floerka persrpinacoïdes", "la fausse Sirène", plante qui va jouer un grand rôle dans l'enquête.. D'autre part, Erin Hart nous introduit dans le monde féerique du folklore et la musique irlandais avec la belle chanson en gaélique an "Mhaighdean Mhara" ("La Sirène") qui a inspiré l'intrigue et le titre. Erin Hart nous amène dans le Donegall mystérieux, sur les falaises battues par le vent, à la rencontre des phoques au regard liquide.. Elle l'habileté de laisser le Fantastique s'introduire dans l'histoire par le biais de personnages comme Triona et Elizabeth à la sensibilité si proche du Merveilleux celte, amies des créatures marines, femmes-phoques?
Je crois que ce que j'ai vraiment aimé dans ce livre, c'est son originalité. Il s'agit, bien sûr, d'un roman avec une intrigue policière classique qui joue sur les ressorts du suspense mais l'introduction du folklore irlandais, du Merveilleux celte, donne une tonalité nouvelle au genre.
Merci à Dialogues croisés et aux éditions Payot