Géricaut le radeau de la Méduse |
LES SECRETS DU RADEAU DE LA MÉDUSE
Présentation par le théâtre
Nombreux sont ceux qui connaissent le chef-d’œuvre de Théodore Géricault Le Radeau de la Méduse, mais combien sont-ils à être au fait de la succession d’évènements tragiques qui conduisirent à ce terrible naufrage ? Combien sont-ils à avoir pu éclairer la lanterne du peintre ? Pierre-Laurent Coste est l’un d’eux, et pour cause, puisqu’il en est un des survivants. Et il a beaucoup de révélations à faire…
• Mal dirigé par le capitaine Duroy de Chaumareys, qui n’a plus navigué depuis vingt ans et ne reçut le commandement du navire qu’en vertu de ses relations dans la cour de Louis XVIII, pressé par un gouverneur avide de mettre la main sur les ressources de ce qui n’est pas encore une colonie française, le navire n’a pas su éviter les bancs de sable d’Arguin pourtant bien connus de tous les marins habitués de la région.
• Alors, 147 soldats et membres de l’équipage s’entassent tant bien que mal sur un radeau, tandis que les officiers et les hauts fonctionnaires fuient en chaloupes…
• C’est le récit de ce drame que le matelot Pierre-Laurent Coste, l’un des rares rescapés du radeau, qui s’est embarqué tout joyeux pour l’aventure, livre au jeune peintre Géricault.
Voir des extraits du texte de Franck Ferrand sur la Méduse radio classique
"D’ascendance noble, monsieur Hugues Duroy de Chaumareys, avec ses belles médailles, compte parmi les grands officiers de la marine royale. Il a sous ses ordres quatre navires : l’excellente frégate La Méduse, la corvette l’Écho, un brick un peu lourd, L’Argus, et enfin une flûte trop lente, la Loire, qui retardait tout le convoi, ce qui fait que le capitaine Chaumareys a cru bon de les distancer.
L’équipage pourtant ne fait pas entièrement confiance aux qualités du capitaine. Bonapartistes et républicains se côtoient à bord du navire. On est alors en juin 1816, le frère de Louis XVI règne désormais sous le titre Louis XVIII. Napoléon est reparti pour la deuxième fois après son retour de l’île d’Elbe.
C’est la période de la Restauration. Tous les anciens officiers, toutes les personnes qui ont émigré pendant la Révolution sont de retour. Le capitaine Chaumareys en fait partie bien entendu et n’est pas très sûr de lui parce qu’il n’a pas navigué depuis longtemps. Par ailleurs, il adopte une attitude étrange pour un capitaine de son acabit : il autorise un certain nombre de passagers civils à donner des ordres à sa place à l’équipage."
"Quelle est la mission confiée au convoi la Méduse ? Il s’agit de mener à bon port la petite population envoyée par le nouveau gouvernement de sa Nouvelle Majesté reprendre possession du Sénégal. Le Sénégal était tombé dans l’escarcelle des Anglais à la faveur des guerres napoléoniennes. Il vient tout juste d’être rétrocédé à la France à l’issue du congrès de Vienne. "
"Donc, il s’agit d’une mission politique importante mais non vitale. Le seul vrai danger du voyage réside dans le caractère incertain de la côte mauritanienne et notamment du fameux banc d’Arguin, une gigantesque bande de sable à fleur d’eau que les cartes de l’époque indiquent mal. Le seul moyen de l’éviter à coup sûr est de prendre très au large sitôt repérer le Cap blanc, de réduire l’allure et de sonder fréquemment. Par Franck Ferrand "
Mon avis
Les secrets du radeau de la méduse : Geoffrey Gallènes |
Cette année 2024 au festival d'Avignon, il y avait deux pièces sur le radeau de la Méduse. L'une se présentait comme une conférence sur l'oeuvre du peintre Géricaut, l'autre, celle que j'ai vue, intitulée Les secrets du radeau de la méduse raconte l'histoire du naufrage et l'horreur vécue par les survivants. Il dénonce, raconté par un simple matelot, la responsabilité et la lâcheté du capitaine et des officiers, tous des nobles proches du pouvoir royal, qui, à bord de leur chaloupe, ont abandonné 147 personnes entassé sur le radeau. Parmi eux des soldats républicains. Il n'y aura que 10 rescapés dont, on s'en doute, aucune femme.
Le survivant Pierre-Laurent Coste qui est censé raconter l'histoire au peintre, est interprété d'une manière hallucinante par Geoffrey Gallènes, seul en scène, qui donne à voir magnifiquement tous les autres personnages de la pièce. On se sent happé par la présence de ce comédien qui fait revivre ce voyage au bout de l'Enfer. On comprend toutes les souffrances endurées, la soif, - on en arrive à boire son urine-, la famine, le cannibalisme, les maladies, les blessures et l'action incessante du soleil et de l'eau de mer qui brûle, creuse les plaies et dessèche les corps. Une scène en particulier est atroce, vire à la folie, celle du combat pour la survie. Trop nombreux sur le radeau, il leur faut tuer pour faire leur place. Tous sont pris de frénésie et s'égorgent jusqu'à épuisement. Le comédien parvient à nous faire sentir la douleur de ce jeune matelot, doux et timide, amoureux de la belle Angélique embarquée sur le bateau et qu'il voit disparaître, et qui soudain se retrouve semblable à une bête féroce tuant pour ne pas être tué. Une excellente interprétation et une pièce très intéressante pour nous faire comprendre et revivre les douleurs morales et physiques qui se cachent derrière le tableau de Géricault et une réflexion sur l'Homme et les limites de son humanité.
Théâtre des LUCIOLES – Salle Fleuve – du 29 juin au 21 juillet à 10h15
LES SECRETS DE LA MEDUSE de Geoffrey Callènes et Antoine Guiraud
Distribution : Geoffrey CALLENES
Mise en scène : Antoine GUIRAUD