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mardi 14 juin 2011

Javier Cercas, Les Soldats de Salamine (2)


Je venais juste de lire Les Soldats de Salamine de Javier Cercas  quand je suis partie en Espagne et plus exactement en Galice.  Arrivée à Saint Jacques de Compostelle. J'étais encore toute imprégnée de ce roman et c'est peut-être pour cela que j'ai remarqué, gravé en lettres dorées sur le mur du monastère de  San Payo de Antealtares, praza  da Quentana, le nom : Jose Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange, avec Sanchez Mazaz, son ami, personnage principal du livre de Cercas.

 Sanchez Mazas devint le conseiller le plus écouté de Jose Antonio et, après la fondation de la Phalange, son principal idéologue et propagandiste...

A côté de ces lettres, une grande croix qui l'associe au catholicisme et au-dessous une plaque à la mémoire des Héros du bataillon Literario de 1808.

Oui, j'ai éprouvé un choc, comme s'il m'était arrivée, passant dans une rue en France, de découvrir une plaque  à la gloire d'Hitler, du maréchal Pétain ou de Pierre Laval.
Comment peut-on conserver cette inscription? Réaction instinctive, bien sûr, car la réponse est évidente. Elle tient dans cette phrase de Jaime Gil citée par le narrateur-journaliste (alias Javier Cercas?) dans Les soldats de Salamine, pour un article de journal :
"De toutes les histoires de L'Histoire, la plus triste est sans doute celle de L'Espagne, parce qu'elle finit mal"
Citation à laquelle notre narrateur fait écho par ces mots : "Mais finit-elle mal?". Ce qui lui vaut une réponse indignée d'un lecteur qui préfigure le personnage de Miralles :

"Elle finit bien pour ceux qui ont gagné la guerre, mais mal pour nous qui l'avions perdu! Personne n'a eu le moindre geste, même pour nous remercier d'avoir lutté pour la liberté. Dans tous les villages, il y a des monuments à la mémoire des morts de la guerre. Sur combien d'entre eux avez-vous figuré ne serait-ce que le nom des deux camps, faute de mieux.

Il n'est donc pas étonnant  dans ce cas de voir célébrer le nom de Primo Rivera sur les murs de Saint Jacques de Compostelle.  Si Jose Antonio Primo de Rivera fut  jugé et exécuté pour trahison par la République en 1936, il fut ensuite réhabilité par le franquisme. De nos jours, sa dépouille repose toujours à côté de celle de Franco à Sainte Croix del Valle de los Caidos, un monument prétendument érigé à la gloire de tous ceux qui sont "tombés" ("caidos") alors que commencent à peine, de nos jours, les recherches pour retrouver les milliers de disparus de la dictature franquiste.