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mercredi 29 juin 2016

Gunnar Staalesen : Le roman de Bergen / Images de Bergen

  

Gunnar Staalesen est un auteur de romans policiers dans lesquels apparaît son personnage récurrent, le détective Var Veum.
Le roman de Bergen est tout autre chose puisqu’il s’agit d’une saga qui compte six volumes et dont les évènements se déroulent sur un siècle, de décembre 1909 à Décembre 1999. L'écrivain y raconte l’histoire de sa ville natale.
Les tomes 1 et 2 sont réunis sous le titre de : L’aube
Les tomes 3 et 4 sous le titre : Le zénith
les tomes 5 et 6 sous le titre : Le crépuscule
 
Bergen : le port et le vieux quartier

Les deux premiers tomes du Roman de Bergen

Pour ma part, je n’ai lu que les deux premiers tomes pendant mon voyage en Norvège sachant que j’allais m’arrêter à Bergen, la seconde ville du pays.
Le roman commence pourtant comme un roman policier : le consul Frimman a été assassiné. Trine, la servante, le découvre. Si je signale ce personnage c’est qu’il tiendra une place récurrente dans le roman incarnant le peuple et son oppression face aux classes bourgeoises  dirigeantes.
 L’inspecteur Christian Moland est chargé de l’enquête. Celui-ci  apprend que le consul a eu une liaison avec Maren Kristine Pedersen, une femme belle et affranchie qui a pour amants de nombreux notables de la cité. L’enquête s’oriente bien vite vers un amoureux éconduit de Maren, un homme au bas de l’échelle sociale, qui d’ailleurs se suicide. Voilà qui arrange bien tout le monde et l’affaire est classée; mais le lecteur sait bien que le véritable auteur du crime n’a pas été découvert et qu’il se trouve dans les classes élevées de la société, intouchables. Et Moland le sait aussi!
Je vous avertis tout de suite :  vous ne découvrirez la vérité ni dans le premier volume ni dans le second et comme je n’ai pas lu la suite, je ne le sais toujours pas! On nous dit pourtant que le crime sera élucidé à la fin du sixième volume! Mais ce qui intéresse l’écrivain, c’est sa ville en ce début du XXème siècle. Nous suivons son évolution économique grâce à la révolution industrielle, à l’arrivée du chemin de fer, au développement des échanges maritimes, et ceci à travers les grandes familles de la bourgeoisie de Bergen.. Face à elles, arrivent de leurs fjords sauvages et désolés, des fermiers prêts à tout pour échapper à la misère. Ils s’engagent dans la construction du chemin de fer, un travail pénible et dangereux : ainsi Torleif Nesbo qui rentrera par la suite à la compagnie des tramways de Bergen et épousera Trine. Le tome 1 s’achève avec l’incendie de 1916 qui ravage la cité, détruisant des quartiers entiers.

Le vieux port de Bergen: Bryggen
Dans le tome 2, Bergen se relève peu à peu de ses cendres et soigne ses plaies. La grande guerre - en particulier en mer où les norvégiens sont attaqués par les sous-marins allemands- et la grippe espagnole touchent aussi la cité.
Nous retrouvons les mêmes personnages et leurs enfants qui prennent une place plus grande dans le récit, en particulier les fils de Christian Moland, Send et Per, qui deviennent ennemis dans les luttes syndicales qui agitent le pays; de même la fille adoptive de Torleif Nesbo, communiste, Martha. Nous assistons aux affrontements violents entre la police et les ouvriers syndicalistes pro-bolchévistes, à la montée du fascisme en Europe, au Krach boursier de 1920. La construction du grand théâtre de Bergen vient concurrencer celui d’Oslo.
 Gunnar Staalesen développe ici une grande fresque érudite et vivante de sa ville. 

Bryggen
D’où vient que, bien qu’ayant été intéressée par ma lecture, je n’ai pas complètement adhéré à cette saga qui avait pourtant tout pour me plaire?
Je crois que c'est lié d’abord aux conditions de lecture. Je le lisais, en voyage, d’une manière fragmentaire, avec des pauses de plusieurs jours. Il fallait ensuite rentrer dans le récit, se souvenir des noms des personnages, ce qui n’était pas simple, étant donné leur nombre et la complexité des évènements.
Ensuite, le roman a parfois des difficultés, me semble-t-il, à maintenir l’équilibre entre l’Histoire et le romanesque. Même si Staalesen fait preuve de virtuosité pour mener tout de front, j’ai parfois regretté que certains personnages auxquels je m’étais attachée  disparaissent pratiquement d’un tome à l’autre. Ainsi, Olav Kyrres venu de la campagne et son amoureuse la petite servante Tordis, victime désignée de la jeunesse dorée et pourrie de la ville avec en tête l’odieux fils du consul Frimann. Une page seulement nous apprendra ce qu’ils sont devenus. Ce qui est bien dommage!
Mais il est certain qu’en mettant ensuite le pied à Bergen après cette lecture, vous avez l’impression de ne plus être tout à fait un étranger à la ville et d’avoir des attaches avec elle!

Quelques images de Bergen/ Bryggen/ Le musée hanséatique

Bryggen : Maisons des marchands de la Hanse
Bergen a été ravagée au cours des siècles par de nombreux incendies. Aussi il reste peu de témoignages  de la cité ancienne. Bryggen, le quartier de la Hanse, le long du quai (Brygge) qui lui donne son nom, garde son plan du XII siècle; ses maisons les plus anciennes datent du XVIII siècle. Les marchands allemands de la Hanse s'y sont regroupés du XIV au XVIII siècle se soustrayant aux lois de la cité et obéissant à leur propres règles. 
La visite (très intéressante) du musée hanséatique permet de voir  l'intérieur d'une de ces maisons, le logement bourgeois derrière les façades à haut pignon et les entrepôts à l'arrière.

Salon d'un riche marchand allemand donnant sur le port

Dortoir des apprentis, des enfants allemands réduits à l'esclavage

Musée hanséatique : Chambre du gérant

Bryggen : les maisons accolées les unes aux autres

Bryggan : intérieur de ville hanséatique

Poulie pour hisser les marchandises à l'étage

Bryggen des maisons en bois, séparées par des ruelles étroites


Bryggen : l'étroitesse des ruelles

Bryggen des maisons en bois,

Bryggen des maisons en bois  un très beau quartier ancien

Bryggen des maisons en bois  un très beau quartier ancien
Je n'ai pas tout aimé à Bergen.  Il y a des constructions modernes qui sont parfois lourdes et froides, qui s'accordent mal avec la beauté des maisons et gâchent le paysage. Comme ce bâtiment derrière les musées que je me suis ingéniée à ne pas faire figurer dans la photographie ci-dessous mais qui apparaît malgré tout sur la gauche!

Musées de Bergen : Kode

Bergen :  Le quartier des musées

Les musées portent le nom de Kode. Il y en a quatre
Les musées de Bergen sont regroupés dans le même quartier face au mont Floyen dont un funiculaire permet d'atteindre le sommet et un grand bassin intérieur entouré d'un parc (très fleuri à cette époque de l'année. La taille des tulipes y est impressionnante et les rhododendrons sont d'une grande beauté).

Léonie aux tulipes
Rhododendron
Le kode 1 est réservé aux arts décoratifs, le Kode 2 est le musée d'art contemporain; il est assez petit mais c'est là que j'ai rencontré Rolf Aamot dont je vous ai donné un aperçu dans mes billets ICI et ICI.

Photo prise par Léonie : Rolf Aamot
Le Kode 3 m'a enchantée avec son exposition Munch ICI et sa rétrospective de grands maîtres de la peinture norvégienne du XIX siècle. Le guide vous dit de ne pas y manquer le trio : Christian Krohg, Harriet Backer et Erik Werenskiold... entre autres!

Christian Krohg : Haut-fond
                Harriet Backer : A la lumière de la lampe
Werenskiold : Henri Ibsen
 Enfin le kode 4 présente Astrup, je vous en ai longuement parlé ICI.

Bergen Le mont Floyen et le bassin  du quartier des musées

Bergen Le mont Floyen et le bassin  du quartier des musées

quartier des musées Kiosque







vendredi 24 juin 2016

Norvège : Astruptunet, le village de Nicolaï Astrup et l'exposition Astrup du musée de Bergen

Nicolaï Astrup : nature morte (détail)

Astrup et son village

Sandalstrand maintenant appelé Astruptunet, au bord du lac Jolstravatn, est le village où vécut Nicolaï Astrup  avec sa femme Engel et sa fille Kari. Il s'y est installé, après un long voyage d'étude en Europe,. C'est là qu'il a conçu la plus grande partie de son oeuvre. Quand nous arrivons dans ce  lieu verdoyant, fleuri et calme (le musée-atelier du peintre est fermé en mai donc nous sommes seuls) une sorte de magie s'opère; nous nous lançons à l'assaut du chemin qui grimpe sur le coteau, nous apercevons tout de suite les petites maisons au toit de tourbe et d'herbe verte, restées intactes et..  les reconnaissons comme si nous les avions déjà visitées! Impression d'être passé de l'autre côté de la toile.

Nicolaï Astrup : Sandalstrand ou Astruptunet

Sandalstrand ou Astruptunet

Sandalstrand

La maison- atelier de Nicolaï Astrup
Sandalstrand


Astruptunet : le village de Nicolaï Astrup



 Sandalstrand avec femme
Nous sommes entrés dans le tableau du Maître. Peut-être allons-nous y croiser les petites filles qui cueillent la rhubarbe, les femmes qui font sécher leur linge ou travaillent au champ?

Sandalstrand ou Astruptunet

Nicolaï Astrup :  L'oie (1925_1926)

Sandanstral Astruptunet
Nicolaï Astrup : Sandastral (1927)
Mais tout est désert! Assis sur un banc, à l'endroit même où Astrup a installé son chevalet, nous regardons le lac au-dessous de nous et les hautes montagnes peints en toute saison et à toute heure du jour ou de la nuit..
Le lac  : Jolstravatn
Le lac  : Jolstravatn
Le lac  : Jolstravatn Oiseau sur un rocher  gravure bois et couleurs sur papier



Astrup and the way home Exposition au musée de Bergen Kode 4 

Bernhard Folkestad : Portrait de Nicolaï Astrup
Nicolaï Astrup (1880-1938) a étudié la peinture avec Harriet Backer à Kristiana (1889-1901) puis avec Christian Krohg à Paris en 1902. Il a été initié à la peinture naturaliste par ses maîtres et donc au réalisme de la représentation. Mais pendant son voyage en Europe où il fait connaissance avec l'oeuvre de Gauguin, du Douanier Rousseau, de Maurice Denis et à son retour à Jolster, puis à Sandalstrand, il développe une idée qui va transformer toute son oeuvre et fonder son style personnel : le regard que le peintre porte sur la Nature doit être innocent, affranchi des règles; l'artiste doit retourner vers l'enfance et regarder la nature avec des yeux d'enfant. Il trouve son inspiration dans les dessins et peintures de son enfance et de son adolescence qu'il a conservés. Il s'oriente donc vers le naïvisme.  Dans ses paysages, il recherche l'âme de la Norvège, ses secrets, ses mystères et ses contes, faisant fi des règles pour donner toute son importance aux couleurs vives. Il peint les couleurs des paysages lointains aussi pures et claires que si ceux-ci étaient près de lui. De la sorte, nous sommes mis en contact direct avec la nature.  Il aime peindre aussi les intérieurs et les scènes familiales. De plus, c'est un graveur sur bois de talent. L'exposition du musée de Bergen s'intéresse à son oeuvre de jeunesse pour montrer son évolution.

De la jeunesse à...

Astrup : portrait de femme (1901_1902)
Nicolaï Astrup femme à demi-nue (1902)
Nicolaï Astrup  : Vieille femme à la lanterne (avant 1899)

Astrup : Olaves (1900)

Astrup : nuit duveteuse (entre 1902 et 1912)
Mon atelier (1913)
Nuit de Juin et vieille ferme Cotter (1908)

Jeux de lumière

Nuit de printemps dans le jardin(1905)
Nicolaï Astrup s'intéresse aux variations de la lumière sur les paysages. Il peint plusieurs fois la même scène à différents moments de la journée et de la nuit mais aussi sur des années. C'est le cas de Nuit de printemps dans le jardin qui existent en cinq versions. J'en ai vu trois dans l'exposition.

Nuit de printemps dans le jardin(1909)

Dimanche (1912)

 Une nature enchantée

Comme beaucoup de ses contemporains Nicolaï Astrup est fasciné par le folklore et l'histoire de son pays. Il a vu, avec l'artiste Kittelsen qui illustre des contes, comment la nature peut-être réinventée par l'imagination. Dans les deux tableaux ci-dessous l'on voit les montagnes enneigées qui surplombent le lac Jolstravatn devenir la Reine des Glaces endormie

Nicolaï Astrup : Arbres et montagnes enneigées

Nicolaï Astrup : La reine des Glaces
Nuit de printemps et saule ( 1917) (gravure bois et couleurs sur papier)
Le saule-Elfe et la Reine des Glaces... une nature féérique! le feu de joie de la Saint Jean a pour Nicolaï enfant, l'attrait de l'interdit (son père, pasteur, lui interdisait d'y assister) et du paganisme.

 Le feu de joie de  la nuit d'été (Missummer) (avant 1917) gravure bois et couleurs sur papier

Les fermes des montagnes Brefing gravure
Digitales (1920)
Digitales, une interprétation par le conte avec ces petits chaperons rouges...

Des intérieurs évocateurs

Astrup s'est toujours intéressé à la peinture des intérieurs en accord avec le développement du mouvement des Arts et métiers.  A partir de 1920 il est d'ailleurs plus tourné vers la maison et la vie de famille.
Nicolaï Astrup : Intérieur avec berceau (1920)
Nicolaï Astrup : Les Amants
Les amants : le réalisme du décor (purin et bouses de vache, bouteille dans la poche de la veste,  l'homme qui les épie dans la soupente) est transcendé par la beauté de la palette.

Nicolaï Astrup: nature morte

Nicolaï Astrup: nature morte