Fernando Pessoa de Almada Negreiros, 1954 |
Le jeu de la poésie continue sur facebook :
" L'idée est d'occuper Facebook en poésie. Quelqu'un vous attribue un(e) poète et vous partagez son texte comme suit. Chaque personne qui cliquera qu'elle aime ce statut se verra attribuer en retour un(e) poète par vos soins, poète dont vous partagerez un poème sur votre propre mur Facebook. "
Aifelle m'a proposé Fernando Pessoa :
Fernando António Nogueira Pessoa est un écrivain, critique, polémiste et poète portugais . Né le 13 juin 1888 à Lisbonne, ville où il meurt des suites de son alcoolisme le 30 novembre 1935, il a vécu une partie de son enfance en Afrique du Sud.
Pessoa a créé une œuvre poétique multiple et complexe sous différents hétéronymes en sus de son propre nom. un hétéronyme est un pseudonyme utilisé par un écrivain pour incarner un auteur fictif, possédant une vie propre imaginaire et un style littéraire particulier. :
- Alberto Careio qui incarne la nature et la sagesse païenne;
- Ricardo Reis, l'épicurisme à la manière d'Horace;
- Alvaro de Campos le « modernisme » et la désillusion;
- Bernardo Soares, modeste employé de bureau à la vie insignifiante s'il n'était l'auteur du Livre de l'intranquillité
- Alii (soixante-douze en incluant les simples pseudonymes)
« Nombreux sont ceux qui vivent en nous ;
Si je pense, si je ressens, j’ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l’on pense, où l’on ressent.. »
Le pasteur amoureux
L’amour est une compagnie.
Je ne peux plus aller seul par les chemins,
parce que je ne peux plus aller seul nulle part.
Une pensée visible fait que je vais plus vite
et que je vois bien moins, tout en me donnant envie
de tout voir.
Il n’est jusqu’à son absence qui ne me tienne compagnie.
Et je l’aime tant que je ne sais comment la désirer.
Si je ne la vois pas, je l’imagine et je suis fort comme
les arbres hauts.
Mais si je la vois je tremble, et je ne sais de quoi se
compose ce que j’éprouve en son absence.
Je suis tout entier une force qui m’abandonne.
Toute la réalité me regarde ainsi qu’un tournesol dont le
coeur serait son visage.
Maurice Hagemans, Berger et son troupeau. |
Je suis un gardeur de troupeaux.
Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles
et avec les mains et avec les pieds
et avec le nez et avec la bouche.
Penser une fleur c'est la voir et la respirer
et manger un fruit c'est en savoir le sens.
C'est pourquoi lorsque par un jour de chaleur
je me sens triste d'en jouir à ce point,
et couche de tout mon long dans l'herbe,
et ferme mes yeux brûlants,
je sens tout mon corps couché dans la réalité,
je sais la vérité et je suis heureux.