Résumé :
Troublant, diabolique même, ce manuscrit qu'Alexandre Astrid reçoit par la poste. Le titre : Garden of love. L'auteur : anonyme. Une provocation pour ce flic sur la touche, à la dérive, mais pas idiot pour autant. Loin de là. Il comprend vite qu'il s'agit de sa propre vie. Dévoyée. Dévoilée. Détruite. Voilà soudain Astrid renvoyé à ses plus douloureux et violents vertiges. Car l'auteur du texte Edouard Dayms, jeune homme aussi brillant que déséquilibré exerce une impressionnante emprise sur les autres. Avec tant de perversion que s'ouvre un subtil jeu de manipulations, de peurs et de pleurs.Alex fait alors ce qu'il sait faire : il enquête, fouille, fouine. Mais cette fois, sa matière, c'est son propre passé. Comme dans un impitoyable palais des glaces où s'affronteraient passé et présent, raison et folie, Garden of love est un roman palpitant, virtuose, peuplé de voix intimes qui susurrent à l'oreille confidences et mensonges, tentations et remords. Et tendent un redoutable piège. Avec un fier aplomb. (source zulma et folio policier)
Garden of love a reçu de nombreuses distinctions et provoquent une adhésion quasi unanime. Je suis donc désolée de ne pas pouvoir communier à cette messe pro-maltienne ou marcusienne! Et que me pardonnent (si c’est possible?) les nombreuses admiratrices de Marcus! N’est-ce pas Asphodèle?
Le titre fait allusion à un poème de William Blake : The garden of love. Il donne au roman une coloration qui avait tout pour me plaire :
So I turned to the Garden of Love
That so many sweet flowers bore.
And I saw it was filled with graves,
And tombstones where flowers should be..
Ce retour vers le passé, vers les images de la jeunesse et de l’amour, quand tout est dit, tout est fini, quand il ne reste plus que des ombres, quand les fleurs poussent au milieu des tombes, c’est ce que va vivre le personnage Alexandre Astrid. Ces vers me rappellent la dernière nouvelle du très beau Les gens de Dublin de Joyce.
Et certes, le roman a des qualités. j’ai aimé le style dont je me souvenais depuis ma lecture de Les harmoniques, une écriture toujours aussi belle, aux accents nostalgiques, parfois douloureux. De plus, Marcus Malte a un don pour faire vivre des personnages noirs, torturés, voire machiavéliques, en proie au mépris d’eux-mêmes, des personnages qui ont tout perdu, qui auraient pu m’emporter entièrement si…
Si.. j’avais pu accrocher à la construction du roman dont la complexité suscite l’admiration des lecteurs mais qui, personnellement, m’a gênée.. Le jeu entre la réalité et la fiction, entre le vrai et le faux, entre ce qui est raconté et ce qui est réellement vécu, est très subtil. Un artifice de composition qui est fait pour brouiller les pistes, pour que l’on ne sache plus où l’on en est, quels sont les personnages, dans quel niveau d’histoire l’on se situe! S’agit-il du récit fictif inspiré du réel que l’auteur du manuscrit a envoyé à Alexandre Astrid ou bien de la propre expérience qu’Alexandre reconnaît comme la sienne? Les deux histoires s’interpénètrent, les personnages se brouillent, la transposition des faits réels dans la fiction nous perd. L’on ne peut que saluer la virtuosité de l’écrivain qui parvient ainsi à chambouler son lecteur. Le problème, c’est qu’à force de subtilité, à force de m’interroger sur qui était qui, j’ai perdu le contact avec les personnages et je ne suis pas parvenue à m’intéresser à eux et à me sentir complètement intégrée dans l’histoire. Autrement dit l’admiration reste intellectuelle alors que j’ai besoin, quand je lis, de vivre, de sentir, d’éprouver, quitte à réfléchir plus tard sur ce que j’ai lu. Bref! Il m’a manqué l’émotion! Dommage!
Je n'ai pas pu respecter les dates de cette Lecture commune avec Eimelle ; Jérome ; Noukette,
Philipsine
Mais mieux vaut tard que jamais!