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mardi 2 décembre 2025

Kay O'Neil : Le chant de nos pas

  

Le chant de nos pas de K.O'Neill aux Bliss Editions est une adorable BD pleine de poésie et aux douces illustrations pour les jeunes enfants.

Rose et Kes

 

Rose veut être ranger, c’est à dire qu’elle se destine, dans l'univers de la Fantasy, à défendre et protéger les plus faibles des dangers qui les entourent. C’est pourquoi elle s’entraîne sans arrêt au tir à l’arc, monté sur Kes, son splendide cheval volant. Elle est très en avance sur les autres apprentis dans tous les exercices, mais elle ne sait pas se détendre, regarder et admirer les choses qui l’entourent, se lier avec les autres, rire et plaisanter, on dirait qu’elle ne sait pas être elle-même.

 

Leone
 

Pour la dernière épreuve qui lui permettra de voir son nom gravé dans la pierre, la chef des rangers l’affecte à une zone paisible avec mission de veiller sur le petit berger, Leone, qui passe son temps à jouer du violon en gardant ses moutons. « Un paresseux », pense Rose, non sans dédain. 

Un endroit trop paisible pour Rose

 

Oui, mais lorsqu’elle expose Kes au danger au cours d’une tempête, elle va être amenée à réfléchir, à être moins impulsive, à prendre le temps. 

 

 Kes se blesse pendant la tempête

 

Rose va faire des découvertes sur elle-même, elle ne veut plus être Rose mais Rowan. Ce sera son nom désormais, son vrai nom. 

 " J'aime bien les roses sauvages mais... parfois les gens disent mon nom et je pense qu'ils appellent quelqu'un d'autre, jusqu'à ce que je réalise qu'ils me regardent. C'est comme une paire de bottes parfaites qui n'a jamais été à ma taille. Est-ce que je devrais continuer d' essayer d'les porter pour toujours ?"

Plus de chevauchées fantastiques avec Kes blessé à l’aile en attendant que celui-ci guérisse. C’est à pied que Rowan, Léone et Kes parcourent la région, tissant des liens avec les habitants, le teinturier, la fileuse, la petite Sosha, les fermiers... Rowan découvre l’amitié mais aussi la beauté des plantes, des fleurs, des insectes qu’il prend le temps d’aimer, de comprendre, de dessiner.

 

Rowan dessine les fleurs

 Leone apprend à ne plus douter de lui-même, à se faire confiance, à jouer devant un public. Grâce à lui, la musique se révèle à Rowan, le bonheur de danser aussi et d’être en paix avec soi-même, en accord avec la nature. Même le cheval, guéri, danse et s'envole, la nature éclate de joie  ! 

 

La musique, la danse et la joie vivre


Le chant de nos pas aborde avec délicatesse le problème du genre, la recherche de l’identité, la nécessité de s'accepter soi-même pour être heureux. Les dessins et les coloris pastels, tout en nuances, donnent une impression de paix, d’équilibre et de joie. Rowan et Léone nouent une belle complicité autour de la nature et de l’art. La connaissance des autres enrichit les deux enfants. Un très joli livre agréable à regarder et qui amène à une belle réflexion. 

"C’est un peu fatiguant, d’essayer de faire ses preuves devant les autres. Certaines personnes ne te verront jamais comme tu veux être vu, t’sais ? J’crois qu’il vaut mieux te plaire à toi-même d’abord, et ceux qui t’aiment le verront. " 

 


 

jeudi 6 novembre 2025

Naomi Novik : La fileuse d'argent

  
 

Myriem vit dans un petit village où son père est prêteur. Trop généreux, il n’a pas la force de réclamer son dû aux villageois aussi sa famille vit dans la précarité. Quand la mère de Myriam tombe malade, la jeune fille comprend qu’il lui faut agir et c’est elle qui va  passer de foyer en foyer réclamer le paiement aux emprunteurs, soit en espèce, soit en nourriture ou de tout autre manière. Par exemple, chez Wanda dont le père, une brute alcoolique, ne peut rembourser car il boit l’argent de ses dettes, elle décide que Wanda viendra travailler pour sa mère à la ferme. Elle rétablit la prospérité dans sa famille mais s’attire, en tant que prêteuse juive, l’inimitié des gens du bourg. Naomi Novik, écrivaine américaine, dont le père est d'origine lithuanienne et juive, sous la couleur du conte, aborde une réalité qui était celle de l’époque. Les prêteurs étaient d’origine juive, les chrétiens ne pouvant exercer l'usure. D’ailleurs le grand-père de Myriem est un riche prêteur de la grande ville de Vysnia. Mais les parents de Myriem sont compatissants et honnêtes et viennent en aide à Wanda ainsi qu’à son frère Sergey et son petit frère Stepon. Bientôt, ceux-ci n’ont plus de préjugés et forment une famille aimante. Seulement, voilà, la réputation de Myriem de changer l’argent en or arrive à l’oreille des Stariks, un peuple étrange, aux curieux pouvoirs, qui vit dans le pays du froid et a décidé de plonger la terre dans la glace qui leur assure la vie éternelle. Ainsi le roi Staryk ordonne à Myriam de changer l’argent en or et la choisit ( bien contre son gré) pour reine. Pendant ce temps, à la cour, la fille du Duc de Vysnia, Irina, est forcée d’épouser le tsar, (pour son plus grand déplaisir), un gamin malveillant et cruel dont elle découvre qu’il est possédé par un esprit du Mal issu du feu. Le Feu et la Glace ! On imagine la bataille qui va avoir lieu. Le récit polyphonique raconte les aventures de Miryem, Irina et Wanda et les dangers que chacune va affronter. Il leur faudra beaucoup de débrouillardise, de volonté et d’intelligence pour dominer les forces du mal et rétablir la paix.

"J'avais peur. Le Staryk avait des éperons à ses talons et des bijoux à ses doigts qui rappelaient d'énormes cristaux de glace et les voix de toutes les âmes perdues dans le blizzard hurlaient derrière lui. Bien sûr que j'avais peur.

Mais j'avais appris à craindre d'autres choses bien d'avantage : d'être méprisée, dépouillée de ma fierté, petit morceau après petit morceau, moquée, dupée. J'ai levé haut le menton et j'ai dit, avec autant de froideur que je pouvais en rassembler : " Et que me donnerez-vous en échange ?"

La fileuse d’argent est un petit livre ( au moment où j’écris « petit », je vérifie le nombre de pages :  500, tout de même !) de fantasy pour ados qui devrait plaire et emporter l’imaginaire des jeunes lecteurs. Quant à moi, j’aime ce genre de romans où l’auteur possède une imagination débridée et en même temps nourrie par toutes sortes de contes et mythes de divers pays. Avec La Fileuse d’argent, on est au choeur du folklore russe avec ses Baba Yagas, avec son tsar et sa tsarine, ses étendues enneigées, ses isbas blotties au fond des forêts; Andersen nous prend par la main pour nous amener aux confins des pays de glace au palais de la Reine des neiges (sauf qu’ici il s’agit d’un roi), on passe à travers les miroirs comme Alice, on vit dans deux dimensions du temps et puis l’amour ne peut-il pas naître entre deux êtres différents ? Réminiscence de la Bête et la Belle. Les mythes grecs sont revisités, celui de Perséphone et Hadès, car le roi Staryk ne peut rendre visite à la famille de son épouse qu’en hiver, les autres saisons de l’année étant trop chaudes pour lui. Ajoutez à cela une touche moderne :  les  jeunes  héroïnes Myriem, Irina et Wanda rencontreront l’amour et le bonheur mais elles le devront non pas à leur beauté et à leurs cheveux d'or comme la fille du Meunier, mais à leur courage, leur habileté, leur intelligence et leur combativité.  Elles ne seront pas sauvés par le Prince Charmant, ce sont elles qui le sauveront. Soyez persuadées, les filles ! Ce n'est pas en restant soumises et passives que vous vous en sortirez !