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lundi 9 décembre 2013

Tout Blanc, un magnifique album pour enfants





Tout Blanc de Marie-Sabine Roger et Sylvie Serprix est un album pour enfants que j'offre pour la Noël à ma Minuscule de 3 ans et demi. (chut!! gardez le  secret! ). 

Le récit, simple, doux, plein de poésie et de tendresse conte une histoire d'amitié qui aurait pu être triste mais qui se termine au coin du feu, dans la chaleur rassurante et chaude d'un foyer aimant...

 Les illustrations sont splendides : le contraste des couleurs entre le blanc et le rouge, l'effet de matière qui nous permet de sentir le froid de la neige, de l'entendre crisser sous les pas, le mouvement de la petite patineuse sur le lac gelé, tout est d'une grande beauté. Les flocons de neige auréolent la fillette comme des petits diamants si bien que l'on a l'impression de voir apparaître une enfant-fée ou un petit lutin rouge, ce qui confère au récit un aspect magique..

Tout blanc (détail) Une enfant-fée


Le récit est conté du point de vue d'un être  mystérieux que nous ne voyons pas et que nous ne découvrirons qu' à la fin.  Mais peut-être apercevons-nous ses empreintes dans la neige? Il a froid, il a mal.

Il voit apparaître un petit point rouge sur le lac gelé. Qu'est-ce que c'est? Peut-être est-ce un loup?

Tout blanc (détail) Est-ce un loup?


Non c'est une  petite fille qui le voit, qui l'emporte, qui le sauve et lui donne son amitié.





Vous l'avez compris, Tout blanc est un coup de coeur que je voulais vous faire partager.

mercredi 7 septembre 2011

Christian de Metter : Marylin ou de l'autre côté du miroir (BD Casterman)



 La BD de Christian de Metter  "Marylin , de l'autre côté du miroir", que je viens de découvrir, est un véritable coup de coeur.

L'histoire d'abord : un jeune homme, écrivain en herbe, que l'on devine rêveur et imaginatif, aperçoit Truman Capote en compagnie d'une jeune femme brune dans un bar new yorkais. Truman Capote! Son écrivain préféré, admiré, adulé! Aussi quand la compagne de Capote, ivre morte, est prête à rouler sous la table, le jeune homme propose sa voiture pour les raccompagner! C'est ainsi qu'il découvre que la jeune femme n'est autre que Marylin, la blonde Marylin débarrassée de sa perruque! C'est le début d'une amitié respectueuse qui les entraînera au cours d'un voyage en voiture et d'une panne dans la neige jusqu'à un manoir mystérieux où vivent d'étranges personnages...

Le titre, de l'autre côté du miroir, bien sûr, hommage à Lewis Caroll, donne le ton. L'auteur va nous faire pénétrer dans un univers mystérieux et fantastique. Les images ont les teintes froides, bleutées et grises de l'hiver seulement éclairé par les flocons de neige. Le nom de la demeure  Mirror House où les héros vont se réfugier, cette petite fille en robe d'été qui leur apparaît au milieu de la neige pour les guider, ces domestiques taciturnes et légèrement effrayants qui les accueillent, le maître de maison dont l'absence crée un malaise, tout nous amène à ce glissement d'un monde à l'autre, un passage à travers le miroir.

Avec habileté, humour, il nous introduit dans la vie de ces personnages célèbres, dans la nostalgie d'une époque révolue. Truman regrette que le rôle de Holly soit attribuée à la trop sage Audrey. Il parle, bien sûr de l'adaptation de Breakfast at Tiffany. Il vient d'apprendre qu'il y a eu un crime dans le Kansas. Nous savons que ce fait divers donnera naissance à In cold blood (De sang froid). Mais le livre est surtout un bel hommage à Marylin. Christian de Metter s'intéresse non à l'artiste célèbre et glamour, non à la séductrice mais à la femme blessée, mal aimée, à ce côté enfantin qu'elle porte  en elle et qui contraste avec sa vie  fantasque, folle, noyée dans l'alcool. L'image refuse de montrer Marylin en représentation. Elle reste sobre, souvent dans les teintes sombres. La beauté vient des paysages extérieurs, New York, la campagne sous la neige. Tout en nous intéressant à l'histoire pleine de poésie et de mélancolie, l'auteur nous permet de cerner la personnalité de Marylin, en fait un personnage sensible, profondément humain.

La personnalité du narrateur est aussi très intéressante. Ecrivain en herbe, on devine qu'il est un lecteur assidu et que la littérature est tout pour lui comme le prouve son admiration pour Capote. Il a une personnalité attachante, ne profite pas de la détresse de Marylin pour coucher avec elle. Il est encore comme elle le lui dit un petit garçon, plein d'admiration, en train de vivre une rêve. On devine aussi qu'il est connu par sa famille comme un affabulateur. Il a dû raconter tellement d'histoires que personne ne veut le croire! En fait, un passage à la fois plein d'humour mais triste aussi,  montre que sa mère, malade, dont il a oublié l'anniversaire, ne peut le croire que s'il raconte un mensonge!

La chute du récit est très belle mais je ne vous ne dis pas plus pour vous laisser la surprise!

Voir aussi  ici 
Wens



Chez George

samedi 6 novembre 2010

Daeninckx et Tardi : Le der des ders (BD)



Je n'ai  pas lu le livre de Daeninckx Le der des ders que Tardi a adapté pour sa bande dessinée. Je ne peux donc juger de la valeur de l'adaptation et c'est donc sur la BD de Tardi que je m'attarderai.
Varlot, détective privé, aidé par sa secrétaire et petite amie Irène, enquête sur une affaire confidentielle à la demande du colonel Fantin de Larsaudière. Celui-ci un héros de la guerre de 14 se voit menacé dans son honneur par un maître chanteur qui est au courant des infidélités de sa femme. Histoire banale et simple, pense Varlot! Le détective va s'apercevoir peu à peu que l'enquête est beaucoup plus complexe que prévu et qu'elle met en cause le passé du colonel et sa conduite en temps de guerre. Une affaire dangereuse qui pourrait bien être fatale à plus d'un comme nous le constaterons en lisant le livre!
Dans cette BD, on retrouve un thème commun aux deux hommes, Daeninckx et Tardi, tous deux hantés par la guerre de 14-18 dont ils sont devenus des spécialistes. Ils dénoncent l'horreur la stupidité de ces combats meurtriers présents partout et d'une manière presque hallucinatoire dans l'image et le texte : Varlot passe devant l'abattoir de la Villette vers lequel est conduit un troupeau de  moutons et l'image se transforme sous ses yeux en une armée de poilus marchant en rangs serrés vers la mort, prêts à l'abattage dans cette grande "boucherie héroïque" dont parle Voltaire. Varlot aperçoit, en ouvrant une porte, les corps enlacés d'un club échangiste? Se substituent alors la vision  et les râles des corps gisant dans la douleur et le sang des soldats de la Grande Guerre. La guerre est partout. Elle poursuit le jeune détective jusque dans ses rêves violents et obsessionnels qui ne le quittent jamais. Ici, on visite l'hôpital des Gueules cassées. Là on voit une charmante mariée sortant de l'église à côté d'un infirme, assis dans un fauteuil roulant. C'est donc avec véhémence et passion que Daeninckx et Tardi dénoncent la guerre mais aussi ceux qui en vivent, ceux qui envoient les simples soldats se faire tuer en se retranchant derrière leur tenue galonnée. Autant dire que l'antimilitarisme des deux est virulent et que leur vision de la société est pessimiste parce que la raison du plus fort, comme nous le prouve le dénouement, est toujours la meilleure. Une vision amère et désabusée à la Céline!
J'aime beaucoup les illustrations de Tardi. Le Paris des années 1920 nous y apparaît reproduit avec une précision et une richesse qui se révèlent dans le moindre détail. Le choix du noir et blanc est fidèle à l'esprit du livre, à son pessimisme et rappelle le cinéma de l'époque. Détailler chaque image est un plaisir ainsi que reconnaître les rues, les quartiers de Paris, constater la différence avec la ville contemporaine. La circulation a bien changé, peu intense. Les voitures hippomobiles concurrencent encore l'automobile surtout pour les véhicules utilitaires servant aux livraisons. La bébé Peugeot voisine avec la petite anglaise Carden ou l'énorme Vauxhall, la grosse anglaise des riches, du colonel et de la colonelle Fantin. Le train à vapeur avec sa grosse colonne de fumée, le métro avec la publicités du lait Maggie, les pavés des rues minutieusement dessinés luisant sous la pluie, le siège de l'Humanité, l'Opéra, Neuilly avec ses hôtels particuliers, la place Clichy , Roissy ... le Paris des riches et des pauvres apparaît ici avec une foule de personnages dont certains ont pratiquement disparu du paysage français : les Hirondelles, agents de police sur leur vélo avec leurs grandes capes déployées comme des ailes, les religieuses en cornette, la Nurse coiffée d'un bonnet blanc promenant les trois enfants de bonne famille en costume de marin, les ouvriers grévistes (ceux-là, non, ils sont toujours d'actualité!), cigarette au bec, casquette enfoncée sur la tête, surveillés par les gardes mobiles à cheval.. Un monde passé ressucite traversé par des images de cauchemar et fait de cette BD une réussite!