Anne-Marie Desplat-Duc écrit Sorcière blanche pour un public adolescent à partir de 12 ans.
Les ruelles de Rennes
1664 : Dans la première partie, Les ruelles de Rennes, l'héroïne Agathe de Préault-Aubeterre vit une enfance difficile avec sa mère et son frère Josselin pendant que son père croupit dans une prison de Rennes sur l'ordre de Louis XIV. Nous ne saurons que plus tard, en même que la fillette, les raisons de cet emprisonnement. Quoi qu'il en soit, c'est la misère pour la famille, Marie, la mère, qui a été demoiselle d'honneur de la reine Marie-Thérèse, aristocrate déclassée, a bien du mal à gagner sa vie. Heureusement, la demi-soeur de Marie, Françoise de Talhouet Séverac, propose de s'occuper des enfants et les accueille dans son château, dans la campagne bretonne. Là, la fillette reçoit de bons soins et se prend d'affection pour sa tante et son oncle avec qui elle vit en bonne entente. Là, elle fait connaissance d'une guérisseuse qui lui apprend qu'elle a un don de magie, et lui enseigne les plantes qui guérissent. D'abord inquiète de ce don qui pourrait être celui du Diable, Agathe finit par comprendre que c'est un don de Dieu et qu'elle l'a reçu pour faire le bien. Elle est une sorcière blanche !
Mais ses parents viennent mettre fin à cette vie paisible en réclamant leurs enfants pour les amener à Saint Domingue. Le père qui s'est enfui de prison cherche à se faire oublier de la cour et compte faire fortune dans la plantation de cannes à sucre avec son associé. Sur le bateau, l'adolescente et son frère font connaissance de deux enfants Marguerite et Samuel Guiraud qui fuient avec leur père pasteur, les persécutions contre les protestants. Mais lorsque le pasteur meurt en mer, les enfants, désormais orphelins, vont suivre la famille d'Agathe.
Saint Domingue
Saint Domingue constitue la seconde partie du roman : Saint Domingue avec la chaleur accablante, lourde d'humidité, les centaines d'insectes qui piquent et rendent la vie insupportable, la découverte d'une végétation luxuriante et d'une faune étonnante :
Je découvris les palmiers échevelés, le feuillage vert tendre des bananiers, les petites balles de braise des orangers entourés d'un vol d'oiseaux -mouches et les nappes violettes de bougainvilliers.
La
découverte aussi d'une habitation rudimentaire, une grande case
carrée avec un toit couverte de feuilles de palme. Si la mère,
frivole et mondaine, se désole de cette précarité, Agathe, elle,
aura la chance d'être initiée aux secrets des plantes de l'île par
un maître du vaudou et elle va utiliser son don de guérisseuse
tandis que son frère rêve d'être pirate ! Marguerite et
Samuel Guiraud vont être embauchés sur la plantation et travailler
à côté des esclaves.
La jeune fille et sa mère finiront par retourner en France quand le père les abandonne. Josselin
devient pirate !
La Rochelle
La troisième partie s'intitule La Rochelle et est assez étonnante surtout dans un roman pour de jeunes adolescents. La mère accouche d'un enfant noir qu'elle abandonne. Agathe s'occupe de son petit frère, le met en nourrice et pour payer sa pension accepte de se marier avec un « vieux » riche ! Finies les amourettes secrètes, elle qui en ado de 14 ans, tombait tout le temps amoureuse.
J'ai trouvé la fin bien pessimiste pour une littérature qui s'adresse aux jeunes adolescents. Pessimiste, non, plutôt conforme à la réalité de l'époque et aux mentalités. Pourtant, si ma petite fille lit ce livre, je suis sûre que ce dénouement la mettra en colère !
Mais il y a une suite intitulée Pirate rouge qui raconte l'histoire de Josselin, le frère d'Agathe. Peut-être y retrouverons-nous Agathe ? Je me prends à rêver qu'elle échappe à ce mariage d'argent !
L'esclavage dans les plantations de sucre
Quand j'ai acheté ce livre pour ma petite fille, je ne savais pas qu'il allait m'entraîner de la France de Louis XIV à Saint Domingue et rejoindre ainsi le thème des minorités ethniques. Le roman est, en effet, un prétexte à la dénonciation de l'esclavage et raconte comment les noirs sont arrachés à leur village par d'autres tribus et vendus aux négriers. La récolte de la canne à sucre dans la plantation est extrêmement pénible. Samuel et Marguerite sont mieux traités que les noirs mais leurs souffrances nous révèlent les horribles conditions de travail des esclaves. Ils travaillent dix sept heures par jour et subissent des sévices corporels s'ils ne travaillent pas assez vite.
«
J'ai discuté un peu avec Sango, le fils de Doudou. Leurs
conditions de vie sont encore plus misérables que les nôtres.
Le maître a droit de mort sur eux, il peut les vendre comme...
des moutons. » dit Samuel
Samuel
et Madeleine prennent le parti des esclaves, assistent
la nuit aux assemblées secrètes et rejoignent les esclaves marrons.
Voilà donc, par ce biais, avec ce livre pour enfants, une participation au rendez-vous sur les minorités ethniques d'Ingammic.