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vendredi 17 janvier 2020

Véronique Olmi : Bakhita


Voilà un livre, Bakhita de Véronique Olmi, que j’ai dans ma PAL depuis sa parution en 2017 et je me demande ce que j’attendais pour le lire car je l’ai beaucoup aimé.

Il raconte l’histoire d’une petite fille originaire du Darfour, née en 1869 à Olgossa, appartenant à l’ethnie Dadjo (Dajou). Elle est enlevée à l’âge de sept ans et vendue comme esclave dans un marché soudanais après une longue marche harassante. Arrachée à sa famille qu’elle ne reverra jamais, elle subit la peur, l’humiliation, la violence des marchands mais aussi des patrons qui considèrent l’enfant comme un objet. Ses souffrances, peur, faim, froid, tortures physiques et mentales, sont encore accrues par les séparations répétées qui sont le lot d’un esclave dès qu’il s’attache et se lie d’amitié à une autre personne. Et c’est peut-être le pire de tout ce qu’a subi Bakhita, l’enfant puis l’adulte, cette perte de la mère, de l’amie, de l’enfant, cette arrachement à tous les gens qu’elle a aimés même lorsqu’elle deviendra religieuse à Venise en entrant dans l’ordre des soeurs canossiennes. Une vie d’obéissance et pourtant de dignité qui ne sera rompue qu’une fois, quand elle décide de suivre Dieu et refuse son statut d’esclave, ce qui entraîne un procès retentissant à Venise qui lui permettra d’être libérée. A sa mort, elle sera canonisée.

Bakhita  : Sainte Joséphine
Le roman peut se lire comme un roman historique et d’aventures tant la vie de Bakhita est pleine de rebondissements et de tristes péripéties. Elle-même les racontera plus tard à une journaliste qui écrira le livre de sa vie. Véronique Olmi retrace l’histoire de l’esclavage en cette fin du XIX siècle, des rapts d’enfants et d’adultes, l’un des fléaux de l’Afrique. Elle peint l’horreur des razzias, les esclavagistes brûlant les villages pour faire diversion et rafler les enfants. Cela nous permet de voir combien la responsabilité des africains en ce qui concerne l’esclavage et la traite des noirs est engagée au même titre que ceux qui les leur achetaient.  ( Y compris dans les siècles précédents ! Colbert a bon dos, il n’est pas le seul responsable ! Petit aparté qui parlera à certain(e)s.)
De plus, Véronique Olmi  entre dans les sentiments de son personnage et nous fait vivre ces aventures de l’intérieur. C’est avec sensibilité et intelligence qu’elle analyse les pensées de Bakhita, ses chagrins, ses terreurs, tout en décrivant son courage et sa force dont rien ne semble pouvoir venir à bout. Elle nous montre le gouffre culturel qui s’ouvre devant la jeune fille quand elle est rachetée par un consul italien qui l’amène à Venise. Il y a l’obstacle de la langue, je devrais dire des langues, elle ne sait que des bribes du langage de ses différents maîtres et même la notion du Dieu des catholiques lui est infiniment étrangère. J’ai lu qu’un critique reprochait à Véronique Olmi d’avoir fait paraître « bête » la jeune Bakhita. Je voudrais bien l’y voir, lui, s’il avait à franchir un tel écart et si, analphabète comme la jeune esclave, jetée dans une civilisation qui n’était pas la sienne, il aurait eu beaucoup plus de facilités que la jeune fille !
Un beau livre et , de plus, très bien écrit !