Dans la préface du roman gothique Le château d'Otrante d'Horace Walpole, Paul Eluard salue cette oeuvre ainsi :
“Le château d’Otrante est un drame plastique, la forme la plus amère, la plus rugueuse, mais aussi la mieux taillée du malheur en amour. Seuls immortels, les désirs vont leur chemin, malgré d’extraordinaires obstacles, malgré les rideaux du sang et les miroirs vides, la nature exclue, l’existence approximative, la vue inutile, les ancêtres vomis par l’Enfer, malgré la peur, l’héroïsme, la férocité, malgré le marbre des tombeaux et les squelettes, les désirs sans cesse au fil de la mort, cherchent à briser avec l’imaginaire.
Horace Walpole a été le précurseur du Roman noir : de Maturin (pour la mise en scène), de Lewis (pour la précipitation passionnée des événements), d'Ann Radcliffe (pour l’atmosphère et le droit à l’absurde) et même d’Achim d’Arnim (pour la froideur dans le bizarre). Et quelques-uns des grands pans d’ombre du Château d’Otrante alimentent le terrible feu qu’allumèrent Sade, Poe et Lautréamont pour échapper au néant. Comme il n’y a qu’une grandeur, cela assure à jamais la gloire d’Horace Walpole.”
Le sujet
L’action du roman Le Château d’Otrante se déroule à Otrante, dans le Salento, au
sud de l’Italie.
Il commence avec la mort de Conrad, le fils
de Manfred, le jour même de son mariage, tué par la chute d'un casque
géant tombé du ciel. En raison des implications politiques du mariage,
Manfred décide de divorcer de sa femme Hippolita et d’épouser Isabella,
la fiancée de Conrad. Une antique prophétie affirme cependant que le
château et la seigneurie sur Otrante seront perdus pour ses détenteurs
lorsque le vrai propriétaire sera devenu trop grand pour l’habiter. Le
second mariage de Manfred sera perturbé par une série d’événements
surnaturels comme l’apparition de membres surdimensionnés, des fantômes,
du sang mystérieux et d'un vrai prince. (source)
Mon avis :
Je voulais lire ce roman fondateur du gothique parce que je savais
l'importance qu'il a eu sur le mouvement romantique français mais aussi
dans la littérature en général et encore au XX siècle sur le surréalisme
français.
Je comprends pourquoi l'étrangeté du récit a frappé l'imagination et alimenté toute une littérature fantastique en permettant aux écrivains comme aux lecteurs de se libérer du rationalisme pour goûter ces romans noirs où la mort rôde dans des paysages en ruines, où les fantômes, les statues s'animent et procurent des émotions fortes : Walter Scott, Balzac, Victor Hugo, Nodier, Gautier, Sand pour ne citer qu'eux... mais aussi le roman policier de nos jours et tant d'autres s'en sont largement inspiré.
Mais de mon point de vue, non seulement ce roman "terrifiant" ne fonctionne pas mais je ne le trouve ni bien construit, ni bien écrit. Je suis cependant heureuse de le connaître d'un point de vue de
l'histoire littéraire! Mais alors que j'avais pu apprécier le roman
gothique de Ann Radcliffe avec le mystère d'Udolphe, je dois dire que Le château d'Otrante ne m'a pas convaincue du tout.
LC avec Miriam ICI