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mercredi 14 décembre 2011

Clara Dupont-Monot : Nestor rend les armes



Nestor rend les armes de Clara Dupont-Monot est un livre surprenant par son sujet et ses personnages  qui ont une certaine marginalité. Chaque jour, Nestor se rend à l'hôpital et veille sur sa femme qui est dans le coma et proche de la mort. Alice, le médecin qui soigne la malade est touchée par cet amour et offre son soutien moral à cet homme qui lui semble accablé de chagrin. Nestor est obèse, la nourriture est devenue son seul plaisir et la couche de graisse qu'il entretient autour de lui est une carapace qui lui permet de se protéger. Mais protéger de quoi? C'est ce que nous allons apprendre peu à peu en ajoutant les bribes de l'histoire que nous livre l'écrivaine- comme des morceaux d'un puzzle qui se reconstituerait devant nous. Et ce que nous apprenons est d'une tristesse infinie. On devine un autre Nestor, un personnage qui a été amoureux, qui a cru  au bonheur et puis est survenu l'irréparable. Et Nestor s'enfonce dans l'obésité comme un homme qui se noie, comme un homme qui se suicide. La rencontre du médecin, charmante jeune femme, et de Nestor dont le physique ne suscite autour de lui que pitié ou moquerie, est d'abord assez improbable. Mais peu à peu nous comprenons ce qui relie de ces deux êtres, la détresse qui est la leur,  la solitude qui les ronge, qui les amène hors du monde :

Souvent il s'était demandé pourquoi la solitude n'avait pas son expression corporelle, au même titre que la migraine qui s'accompagne de nausée ou que la grippe avec ses frissons de fièvre".

Le thème de la solitude est associé à celui de l'immigration, au mal du pays, à la différence, ici doublement symbolisée par l'exil et l'obésité. Et puis il a aussi le deuil que l'on ne peut pas faire, qui règle le rythme de la vie de Nestor et le fait sombrer. Une belle histoire qui transforme notre regard car le personnage que l'on considère au départ comme un malade devient profondément humain et l'on se rend compte qu'il faut dépasser l'apparence pour atteindre la vérité de ceux qui nous entourent.

Le roman est porté par un style fluide, précis qui analyse, dissèque, interprète avec clarté et sans chercher à nous apitoyer. Comment peut se terminer un telle histoire? L'écrivain nous livre trois dénouements, à nous de choisir! C'est ce que j'ai fait en faisant mienne la première, une fin relativement optimiste tout au moins pour le personnage d'Alice, parce qu'enfin si quelque chose peut contrebalancer le désespoir c'est tout de même l'amour.

Merci à Jeneen