Fra Angelico :Archange Gabriel de l'Annonciation |
Fra Giovanni dit Fra Angelico
Autoportrait supposé de Fra Angelico dans La déposition du Christ |
Guidolino di Pietro rentre chez les dominicains au couvent de Fiesole, situé sur les hauteurs de Florence, en 1408. Il a alors 21 ans. Selon l'usage de l'ordre, il change de patronyme pour un nom religieux : Fra Giovanni. Ses contemporains, en raison de la haute spiritualité de sa peinture ainsi que de la profusion d'anges dont il aime parer ses oeuvres, le surnommeront Fra Angelico.
Les règles strictes et la vie de pénitence de l'ordre religieux resteront profondément ancrées chez le peintre pour qui le renoncement au monde et à soi-même permettent d'atteindre la pureté, tant d'un point de vue spirituel que dans l'expression de son travail.
Encouragé par ses supérieurs, Fra Angelico abrège ses études théologiques pour se consacrer exclusivement à la peinture, les dominicains considérant l'art comme un moyen efficace de transmettre la foi et la vérité. Suite sur Histoire de l'Art
Les règles strictes et la vie de pénitence de l'ordre religieux resteront profondément ancrées chez le peintre pour qui le renoncement au monde et à soi-même permettent d'atteindre la pureté, tant d'un point de vue spirituel que dans l'expression de son travail.
Encouragé par ses supérieurs, Fra Angelico abrège ses études théologiques pour se consacrer exclusivement à la peinture, les dominicains considérant l'art comme un moyen efficace de transmettre la foi et la vérité. Suite sur Histoire de l'Art
Les oiseaux de Fra Angelico d'Antonio Tabucchi
Dans la nouvelle de Tabucchi Les oiseaux de Fra Angelico, Fra Giovanni da Fiesole, qui se nomme toujours dans son for intérieur Guidilino, son prénom de baptême, s’affaire à son jardin, dans le clos du couvent San Marco. C’est occupé à une humble tâche de jardinage comme le veut la règle de l’ordre des dominicains, qu’il voit apparaître un oiseau pour le moins étrange :
C’était une créature rose et menue, délicate avec de petits bras osseux d’un jaune pareil à des coqs plumés, deux pattes très maigres elles aussi, aux jointures proéminentes et aux phalanges calleuses comme chez les poules d’Inde.
Et pourtant les ailes de cette créature sont extraordinaires :
Incroyables voiles en forme de triangle, deux ailes gigantesques partaient de ses omoplates (…) faites de plumes couleur ocre, jaune et turquoise, mais aussi d’un vert émeraude pareil à celui du marin pêcheur, elles s’ouvraient en éventail jusqu’au ras de la terre.
Deux autres oiseaux arrivent le lendemain, l’un « pareil à une grand libellule, » l’autre "en forme de balle" " c'était un être tout en rondeur auquel manquait la base du corps"
Leur laideur n’égale que leur fragilité et leur immense fatigue après le long voyage qu’ils ont entrepris. Fra Giovanni comprend que Dieu les lui a envoyés pour figurer dans ses tableaux et il s'empresse d'obéir. Il les peint et « les frères tous en choeur s’exclamaient « oh! »
Car ce que peint Fra Angelico dépasse l’imagination. Regardez !
Fra Angelico : L'annonciation |
Puis, en dernier, il peignit
l’oiseau qui était arrivé le premier.. Il peignit d’abord un portique
avec des colonnes et des chapiteaux corinthiens, puis le raccourci d’un
jardin derrière une palissade. Enfin il fit poser l’oiseau, et comme il
lui demandait une génuflexion, la créature prit appui sur un siège pour
ne pas tomber; il lui demanda aussi de croiser les mains sur la poitrine
en signe de révérence et lui dit : Je te couvrirai d’une tunique rose
car ton corps est trop ingrat. Je ne dessinerai pas la Vierge avant
demain (…) Je vais faire une Annonciation.
Voilà ce qu'est devenu l'oiseau qui ressemble à un coq déplumé!
Et le deuxième oiseau, celui pareil à une grande libellule?
Fra Angelico : Le jardin de Gethsémani (cellule 34) |
Il ajouta une figure supplémentaire à une
fresque pourtant achevée, celle de la trente-quatrième cellule où il
avait peint le Christ au jardin de Gethsémani. L’oeuvre semblait déjà
finie, comme s’il ne restait plus d’espace disponible; mais il trouva
une surface vacante au-dessus des arbre de droite et c’est là qu’il
peignit la grande libellule qui avait le visage de Nerina, avec ses
ailes translucide et dorées; dans sa main il mit un calice, dont elle
ferait offrande au Christ.
Et le troisième, celui qui ressemble à une boule? Je ne peux vous le montrer mais si vous allez un jour au couvent San Marco vous le retrouverez dans la celulle 23; c'est l'ange qui rive les clous qui transpercent les mains et les pieds du Christ "pour soulager la douleur de la Vierge et pour lui faire comprendre que la souffrance de son fils est la volonté de Dieu.."
Quel sens donner à cette nouvelle?
Je propose une interprétation qui est la mienne, donc celle d'une athée : l'écrivain signifie que l'artiste transcende la réalité et qu'il peut créer le Beau même à partir de choses et d'êtres qui ne le sont pas et inspirer ainsi la spiritualité et la paix.
Un croyant pourrait interpréter autrement : l'artiste tient son art de Dieu, il utilise ce don qui lui est accordé pour créer la beauté, inspirer la spiritualité et la paix.