Me voilà bien en retard pour parler des livres que j'ai lus au mois de février!! Alors voilà, j'ai décidé de mettre les bouchées doubles et d'écrire dans cet article sur deux romans que l'on peut classer dans le genre policier(?)... et que j'ai dévorés à la suite l'un de l'autre : Détonations rapprochées de CJ Box paru dans Points aux éditions du Seuil et Prisonniers du ciel de James Lee Burke dans Rivages/Noir. Ils m'ont procuré tous deux un plaisir de lecture de qualité très différente .
Tout d'abord Détonations rapprochées de CJ. Box, est le premier d'une série présentant les enquêtes d'un jeune garde-chasse du Wyoming, Joe Pickett. Celui-ci effectue un travail de routine : dresser des procès verbaux à ceux qui chassent ou pêchent sans permis, protéger les espèces en voie de disparition, arrêter les braconniers. Oui, mais voilà, ces derniers peuvent parfois se révéler dangereux! Et même très dangereux surtout quand Ote Keeley, un guide de chasse avec qui Joe a déjà eu maille à partir, vient mourir sur un tas de bois devant chez lui. Et ceci d'autant plus que le mort fait des petits, pour reprendre l'expression de George Brassens, que l'on retrouve deux cadavres dans une tente, que Joe et ses collègues, se sentant menacés, abattent Clyde Lidgard, un déséquilibré considéré pourtant comme inoffensif. Commence alors une chasse à l'homme pour retrouver le véritable meurtrier, dans laquelle Sheridan, la petite fille de Joé, va se trouver impliquée.
Détonations rapprochées fonctionne comme un thriller et l'intrigue nous tient en haleine. Mais ce que j'ai le plus aimé dans le roman est ce qui le distingue des livres de ce genre. Tout d'abord le personnage, Joé, qui est un anti-héros, timide, maladroit, gaffeur. Pourtant il est honnête et courageux même si ,comme tout un chacun, il peut avoir une peur bleue qui lui fait perdre ses moyens. L'amour qu'il porte à sa famille, sa femme et ses deux petites filles, tient une grande place dans l'histoire, ce qui donne envie de suivre le personnage, de le voir évoluer, de voir grandir ses enfants qui ont -surtout Sheridan- une forte personnalité. La description du Wyoming profond, de sa population et, en particulier, de ses chasseurs parfois primaires (!) qui sont en nombre prédominant dans la région, donnent lieu à des scènes assez savoureuses comme celle de l'enterrement de Ote Keeley et de ses amis. L'auteur parle manifestement d'un milieu qu'il connaît bien puisqu'il a été lui-même guide de pêche et a travaillé dans un ranch.
Bref! un livre qui accroche sans être un grand roman. On se dit : il faut voir la suite*!Détonations rapprochées fonctionne comme un thriller et l'intrigue nous tient en haleine. Mais ce que j'ai le plus aimé dans le roman est ce qui le distingue des livres de ce genre. Tout d'abord le personnage, Joé, qui est un anti-héros, timide, maladroit, gaffeur. Pourtant il est honnête et courageux même si ,comme tout un chacun, il peut avoir une peur bleue qui lui fait perdre ses moyens. L'amour qu'il porte à sa famille, sa femme et ses deux petites filles, tient une grande place dans l'histoire, ce qui donne envie de suivre le personnage, de le voir évoluer, de voir grandir ses enfants qui ont -surtout Sheridan- une forte personnalité. La description du Wyoming profond, de sa population et, en particulier, de ses chasseurs parfois primaires (!) qui sont en nombre prédominant dans la région, donnent lieu à des scènes assez savoureuses comme celle de l'enterrement de Ote Keeley et de ses amis. L'auteur parle manifestement d'un milieu qu'il connaît bien puisqu'il a été lui-même guide de pêche et a travaillé dans un ranch.
Prisonniers du ciel est d'une autre trempe au niveau de l'écriture et, dès les premières pages, j'ai senti que j'étais face à un grand écrivain; j'ai été saisie par le foisonnement d'un style qui capture le lecteur, l'emporte par la puissance de l'écriture sur la côte de Louisiane, au sud de New Iberia, au milieu des marais couverts de cladions, de cyprès morts aux guirlandes vaporeuses de barbe espagnole, véritables labyrinthes de canaux et de bayous qui étouffent sous les jacinthes d'eau, dans l'odeur des embruns salés. Il y a une puissance d'évocation envoûtante, sensuelle, prenante, dans les descriptions de ce pays hors du commun, un peu en marge et sur le déclin, où tout semble livré à l'érosion lente du temps. Et ce roman résonne un peu comme un adieu à ce monde en décomposition qui perd peu à peu ses repères et oublie son passé.
Et puis il y a la noirceur des thèmes, étouffante, terrible, sans issue. Car il n'y a pas d'espoir dans les romans de Lee Burke. Et ce n'est pas son héros, ivrogne repenti mais toujours prêt à sombrer, ancien combattant du Vietnam dévoyé par la guerre et policier rompu à la violence, qui me contredira, Dave Robicheaux et son baroque nom français, Dave Robicheaux, personnage récurrent des romans de Lee Burke, avec son incapacité au bonheur, ses flambées de violence, sa soif de bagarre et de vengeance. Aucun espoir, donc, dans cette Louisiane où des familles noires vivent dans la misère, où la maffia est toute puissante et intouchable et la police inefficace ou corrompue.
Pourtant Dave Robicheaux fait des efforts. Il fait tout son possible pour trouver le bonheur dans l'amour de sa nouvelle épouse, Annie, plus jeune que lui et qui représente l'avenir, pour aimer cette vie tranquille comme patron de location de bateaux de pêche, une vie proche de la nature, celle qu'il a connue enfant avec son père, celle qui le tient quitte de la violence et de l'horreur de ce monde. Seulement voilà! Il y a ce petit avion qui s'écrase près de chez lui sur les marais, il y a cette petite fille qu'il sauve, qu'il adopte, qu'il protège, une petite réfugiée du Salvador qui porte sur ses épaules toute la malédiction de la guerre, il y a les victimes de cet accident d'avion qui ne sont pas morts naturellement. Alors Dave Robicheaux reprend la route et ses démons vont se réveiller.
Et puis il y a la noirceur des thèmes, étouffante, terrible, sans issue. Car il n'y a pas d'espoir dans les romans de Lee Burke. Et ce n'est pas son héros, ivrogne repenti mais toujours prêt à sombrer, ancien combattant du Vietnam dévoyé par la guerre et policier rompu à la violence, qui me contredira, Dave Robicheaux et son baroque nom français, Dave Robicheaux, personnage récurrent des romans de Lee Burke, avec son incapacité au bonheur, ses flambées de violence, sa soif de bagarre et de vengeance. Aucun espoir, donc, dans cette Louisiane où des familles noires vivent dans la misère, où la maffia est toute puissante et intouchable et la police inefficace ou corrompue.
Pourtant Dave Robicheaux fait des efforts. Il fait tout son possible pour trouver le bonheur dans l'amour de sa nouvelle épouse, Annie, plus jeune que lui et qui représente l'avenir, pour aimer cette vie tranquille comme patron de location de bateaux de pêche, une vie proche de la nature, celle qu'il a connue enfant avec son père, celle qui le tient quitte de la violence et de l'horreur de ce monde. Seulement voilà! Il y a ce petit avion qui s'écrase près de chez lui sur les marais, il y a cette petite fille qu'il sauve, qu'il adopte, qu'il protège, une petite réfugiée du Salvador qui porte sur ses épaules toute la malédiction de la guerre, il y a les victimes de cet accident d'avion qui ne sont pas morts naturellement. Alors Dave Robicheaux reprend la route et ses démons vont se réveiller.