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mercredi 20 juillet 2011

Festival OFF d'Avignon : Volpone d 'après Ben Jonson par la Fox Cie


Volpone par la Fox Compagnie


Ben Jonson( 1572-1637)
  On sait que Volpone, Le Renard en italien, grand seigneur vénitien, veut soutirer de l'argent à ses prétendus amis  qui guettent son héritage! Grâce à la complicité de son valet, Mosca, il se fait passer pour mourant. Les charognards viennent le voir sur son lit de mort, lui apportant de coûteux cadeaux,  espérant ainsi devenir son héritier. Volpone se croit rusé mais rira bien qui rira le dernier!
Avec cette pièce, Ben Jonson, le rival de Shakespeare, nous fait rire, en effet, mais il s'attaque avec férocité aux  travers des hommes, aux riches cupides et avides, à la justice qui donne raison à ceux qui ont le pouvoir et l'argent. Il peint aussi  la condition de la femme enfermée chez elle, surveillée par un mari jaloux et finalement  prostituée à son avidité.

Le seul Volpone que je connaissais avant d'assister à la représentation de la pièce par la Fox Compagnie, est celui incarné -et avec quelle classe- non au théâtre mais à l'écran par l'inimitable, l'élégant  Rex Harrisson dans un film de Mankiewicz. Encore s'agissait-il d'une transposition intitulée Guêpier pour trois abeilles. Rex Harrisson y campait le rôle d'un certain Mr Fox, filou et retors à souhait, mais grand seigneur méchant à homme, à la façon du Dom Juan de Molière.

Le parti pris des metteurs en scène de la Fox Cie est tout le contraire! Volpone nous apparaît, au physique et au moral, comme repoussant, torse nu, pantalon à carreaux à bretelles, prompt à jouer de la braguette avec les femmes de chambre ou tout jupon qui passe. Le maquillage accentue ce côté repoussoir, les yeux rouges comme ceux.. d'un loup ou d'un chien enragé plutôt que d'un renard!  Il est affreux et digne des monstres de la comédie à l'italienne de Monicelli, Comencini, Scola.  Il en est ainsi des autres personnages dont les visages soulignés par traits noirs et les costumes insistent sur leur appartenance à la gent animale plutôt qu'humaine, corneille (Corvino), vautour, (Voltore) corbeau (Corbaccio), mouche (Mosca).. Excellente idée, aussi, d'avoir utilisé des marionnettes pour interpréter le rôle des juges. Les soubrettes portent d'impressionnants masques humains mais figés qui leur enlèvent tout humanité, esclaves des désirs de leur maître.  Tout ce beau monde évolue autour d'un décor pivotant, sorte de cube dont les faces permettent le changement de lieu.  Les jeux de scène des acteurs, d'ailleurs fort bons, s'organisent autour de ce dispositif scénique et jouent sur le côté farce, accentuant la bouffonnerie. Ce choix de mise en scène réussi met en valeur la concupiscence, l'avarice, la bassesse de ces hommes qui sont prêts pour obtenir l'héritage de Volpone,  à vendre leur femme, à déshériter leur fils.


Volpone d'après Ben Jonson par la Fox Cie
Théâtre la Luna
DU 8 au 31 Juillet à 14H30
Durée 1H25

Sthendal: Le rouge et le Noir (citation)

De qui est-ce?*

 De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par Mango qui demande si quelqu'un veut proposer d'autre devinettes littéraires en même temps qu'elle car ... elle a bien envie de jouer aussi!!

Ce jeu de Qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont on présente un extrait. Vous pouvez, au choix, donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) ou me donner des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez tout juste et d'aider ceux qui ne savent pas. On ne gagne rien sinon le plaisir et je cite le lendemain les noms de ceux qui ont trouvé l'énigme.

*
                                               
L'énigme du Mercredi 20 Juillet

Voilà l'extrait choisi aujourd'hui.

Tu veux ma mort, poisson, pensa le vieux. C'est ton droit. Camarade, j'ai jamais rien vu de plus grand, ni de plus noble, ni de plus calme, ni de plus beau que toi. Allez, vas-y, tue-moi. Ca m'est égal lequel de nous deux tue l'autre.
Qu'est-ce que je raconte?pensa-t-il. Voilà que je déraille. Faut garder la tête froide. Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson.


Réponse à l'énigme du Mardi 19 Juillet
Danièle Darrieux et Gérard Philippe dans le Rouge et le Noir

Et oui, Mango et moi nous avons choisi le même livre sans nous consulter pour ce petit jeu de l'été. Par pure coïncidence! Ceux qui ont deviné le titre dans mon blog : Clara, Wens, Aifelle, Dominique, Tilia, Cagire, Lystig, Ys ..
Wens qui avait deviné le titre.. sans tricher, je vous assure, vous a proposé deux indices dans les commentaires : le prénom  Gérard et les couleurs du stade toulousain, ce qui a eu l'air de laisser froides les blogueuses sauf Lystig! Pourquoi? Il n'y a pas d'amateurs de rugby parmi vous?

C'est donc, Le Rouge et le Noir de Stendhal, un magnifique roman, celui que je préfère dans la littérature française du XIX ème siècle. Le passage choisi me touche toujours beaucoup et contient le sens de l'oeuvre : Julien Sorel qui a tiré sur Madame de Rénal va être condamné et exécuté : il ne le sera pas parce qu'il est coupable mais parce qu'il a cherché à échapper à sa classe sociale. Stendhal place dans la bouche de Julien des mots vibrants, un réquisitoire implacable contre la société de son temps. Mais le roman de Stendhal est toujours actuel. Certes notre société a bien changé, chacun peut faire des études et, en théorie, aller dans les meilleurs établissements scolaires, universitaires. Mais la discrimination par l'argent et la culture est toujours bien vrai, le déterminisme social existe toujours.

* tableau de Renoir



Mais quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bonheur de se procurer une bonne éducation, et l'audace de se mêler à ce que l'orgueil des gens riches appellent la bonne société.
Voilà mon crime, messieurs, et il sera puni avec d'autant plus de sévérité, que, dans le fait, je ne suis point jugé par mes pairs. Je ne vois point sur les bancs des jurés quelque paysan enrichi, mais uniquement des bourgeois indignés.