Pages

Affichage des articles dont le libellé est EditionsTripode. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est EditionsTripode. Afficher tous les articles

vendredi 24 novembre 2017

Emmanuel Régniez : Notre château


" Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître… "  C’est le cas d’Emmanuel Regniez dont le premier livre Notre château paru aux éditions Tripode me laisse un peu étonnée voire soufflée. C’est que je ne m’attendais pas à un tel récit ! En abordant ce petit roman a l’air inoffensif, je ne savais pas que l’allais être catapultée dans une histoire sombre qui atteint parfaitement son but : surprendre et secouer. Mais attention n’allez pas penser qu’en entrant dans ce livre vous allez être abreuvé de détails gore ou de descriptions spectaculaires. Ne vous laissez pas abuser par le terme de « gothique » que lui a affublé la critique.

Non, rien n’est moins sage, moins rangée que la vie de ce couple, frère et soeur,  Octave et Véra  - c’est le frère qui est narrateur - . Ils vivent ensemble dans une belle maison qu’ils ont appelée « notre château » (importance du possessif), héritée de leurs parents morts dans un accident. Après leur disparition, anéantis par le chagrin, ils se sont repliés sur eux-mêmes, obéissant à des règles de vie strictes et immuables, réunis par leur amour commun de la littérature.  Jusqu’au jour où allant à la bibliothèque, son seul jour de sortie, le jeudi, le narrateur aperçoit sa soeur dans un bus. Sa soeur !  qui ne sort jamais, sa soeur qui a en horreur les bus et non sans raison, nous l’apprendrons plus tard. C’est cet événement qui, même s’il paraît dérisoire au lecteur, va bouleverser la vie du couple. Le récit d’Octave va peu à peu nous entraîner bien loin.

Le style est curieux aussi car il épouse les émotions du narrateur. Il peut être classique et sage puis prendre un rythme rapide, désordonnée comme un coeur qui s’emballe sous le coups d’une peur soudaine. Il devient alors répétitif, un peu incohérent comme si Octave ne se souvenait pas de ce qu’il avait dit, avait de la peine à clarifier ses pensées, perdait le contrôle des faits donc de sa vie. Mais peut-être est-ce vrai ? Faut-il croire comme le pensent Véra et Octave que c’est la maison qui décide pour eux ?

Un bon roman que j’ai lu dans la foulée, sans pouvoir le quitter, et qui témoigne de la part de l’auteur de beaucoup de maîtrise.