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mercredi 3 octobre 2012

Paul Féval : La fée des grèves (1) Bretagne et Normandie





Paul Féval est né à Rennes en 1816 où il a passé les premières années de sa vie. La Bretagne est d'ailleurs toujours très présente dans ses oeuvres car il s'inspire de la culture bretonne, de son folklore et de ses légendes. Paul Féval a écrit de grands romans populaires et s'est illustré dans tous les genres :  de cape et épée (Le Bossu, La Capitaine Fortune), les récits bretons (La fée des grèves, La Belle étoile, La première aventure de Corentin Quimper), récit fantastique (Le vampire, Le chevalier Ténèbre)  de mystère urbain ( Les habits noirs, l'adaptation des Mystères de Londres de Reynolds). La plupart des romans de Paul Féval s'inscrivent dans la tradition romantique, en particulier La Fée des grèves, romantisme un peu tardif pourtant car le livre est publié en 1850 : Retour au Moyen-âge, grand amour chevaleresque baigné dans les brumes et les sortilèges de la baie du Mont Saint Michel….

Paul Féval, l'auteur du Bossu, est feuilletoniste. Il a l'art de tenir en haleine son lecteur, de piquer sa curiosité, de le maintenir en haleine et de lui faire vivre des aventures haletantes, affronter des dangers horribles tout en ayant la certitude que la belle, courageuse héroïne et son prince charmant, vaillant et sans reproches, vont s'en sortir. Tout ceci dans un style vif, clair et alerte. J'adore! Si j'avais lu La Fée des grèves à 13 ans, j'aurais vécu au premier degré et en claquant des dents les instants terrifiants où la marée montante entre le Mont Saint Michel et Tombelène va prendre au piège la blonde héroïne prisonnière des sables mouvants.  Et quand je le lis maintenant? Euh! J'ai un petit sourire attendri pour les invraisemblances et le manichéisme des personnages mais.. et oui, je l'avoue, ils sont bien attachants les "gentils", ils me font peur les "méchants" et je vis à cent à l'heure ce combat  pour arracher la jeune fille à une mort terrible. Paul Féval crée aussi des personnages qui semblent tout droit sortis d'une histoire à la Robin des Bois avec son moine guerrier, bavard impénitent, ce qui introduit des passages amusants en pleine histoire d'amour romantique. J'adore, je vous dis! Mais de quoi s'agit-il?

François 1er de Bretagne (source : Vigiles du roi Chalres VII)


L'action se déroule en 1450, sous le règne de François 1er, duc de Bretagne. Celui-ci se rend au Mont Saint-Michel pour assister à la messe à la mémoire de son frère Gilles de Bretagne décédé, en prison, d'une mort suspecte. Reine de Maurever, une jeune fille de seize ans, fait partie de l'escorte et suscite une rivalité entre le jeune Aubry de Kergariou, gentilhomme de Basse-Bretagne et son cousin le chevalier Méloir. Le premier est aimé de la jeune fille, le second prétend la prendre de force s'il le faut. Mais pendant la cérémonie funèbre Hue de Maurever, écuyer de M. Gilles, intervient, accusant le duc François de fratricide et le citant à comparaître dans un délai de quarante jours au tribunal de Dieu. Désormais, Le sire de Maurever, accusé de haute trahison, est traqué. Il sera aidé dans sa lutte par sa fille Reine et par Aubry mais aussi par ses domestiques et ses fermiers. Parmi eux la charmante Simonette et son amoureux , le petit Jeannin…. Jeannin qui croit avoir aperçu, revenue dans le village depuis quelques jours, la fée des Grèves, présente dans l'imaginaire breton, cet être étrange dont le nom revenait toujours dans les épopées rustiques, racontées au coin du feu. Le lutin caché dans les grands brouillards. Le feu follet des nuits d'automne.. Le fantôme qui glisse sur les lises dans les ténèbres de minuit.

En dehors des talents de conteur dont j'ai parlé ci-dessus, un autre des intérêts du roman tient au cadre dans lequel il se déroule et l'époque dans laquelle il nous fait retourner.. Nous redécouvrons le pays tel qu'il fut, lorsque le marais de Dol était encore une baie, à une époque où passer la frontière de la Bretagne à la Normandie, c'était quitter le territoire du Duc de Bretagne pour entrer dans celui du roi de France. Nous sommes jetés dans les geôles du mont Saint Michel et sommes assiégés dans Tombelène, voyageons sur les routes de Bretagne et allons jusqu'à Nantes assister le duc de Bretagne sur son lit de mort. L'auteur connaît bien ce pays  et lorsque nous fermons le livre nous n'ignorons plus rien de la différence entre les tangues, les lises et les paumelles, les dangers des marées de la baie de Cancale, les perfidies du Couesnon dont le lit est si capricieux qu'il a placé le Mont Saint Michel … en Normandie

Le filet d'eau qui raie la grève et qui tranche en quelque sorte comme le soc de la charrue, c'est Le Couesnon. Cette grande rivière large comme la Loire, c'est encore le Couesnon. Dans ce cas-là, le Couesnon étale sur le sable une immense nappe d'eau de trois pouces d'épaisseur; le soleil  s'y mire, éblouissant. Vous diriez une mer.
Et cette mer a ses naufrages, ses sables tremblent sous les pas du voyageur; ils brillent, ils s'ouvrent, on s'enfonce; ils se referment et brillent.

Une bien plaisante lecture