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jeudi 9 mai 2013

Marc Graciano : Liberté dans la montagne (citation)


Ce livre de Marc Graciano Liberté dans la montagne, je vais vous en parler bientôt. Le style est  étrange, envoûtant, le langage poétique et évocateur et le récit  se déroule dans dans les temps anciens barbares et cruels, où pourtant, parfois, la fraternité existe et où la Nature a encore un pouvoir immense sur les hommes. Ce roman est si beau, si puissant, si hors norme qu'il me paraît être un ovni dans la création littéraire française. Merci à Dominique de me l'avoir fait découvrir.
Pour aujourd'hui voici un extrait qui ouvre le long voyage initiatique du Vieux et de la Petite :

Depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. Quelquefois le vieux tenait la main de la petite mais, le plus souvent, il la laissait voyager seule autour de lui. À cette fin, le vieux veillait à libérer la petite de tout faix. Le vieux veillait aussi à toujours régler son pas sur celui de la petite. Le vieux marchait doucement et quand la petite découvrait une chose inconnue et qu’elle s’arrêtait pour l’observer et qu’elle s’accroupissait sur les talons et qu’en se grattant impudiquement les fesses elle questionnait le vieux, le vieux s’arrêtait aussi. Le vieux interrompait leur voyage et, chaque fois qu’il le pouvait, il nommait à la petite ce qu’elle voyait. Chaque fois qu’il le pouvait, le vieux enseignait la petite sur les êtres et sur les choses qu’ils rencontraient. Le vieux nommait à la petite toutes les choses qu’elle découvrait et, quand il le connaissait, il lui en décrivait l’usage. Souventefois aussi, la petite demandait au vieux l’origine des choses et le vieux faisait toujours l’effort de lui répondre le plus sérieusement et le plus complètement possible mais, quand il ignorait la réponse, le vieux l’avouait à la petite.