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jeudi 31 janvier 2013

Shakespeare : Coriolan Lecture commune

Adaptation de Coriolan par Ralph Fiennes


Dans ses Vies des hommes illustres Plutarque s'intéresse à un personnage de la République romaine archaïque, Caius Marcius Corolianus.

C'est de cette source que s'inspire Shakespeare pour mettre en scène ce général romain qui gagna le surnom de Corolianus pour avoir combattu  les Volsques, un des plus anciens peuples d'Italie, ennemi de Rome, et pour avoir vaincu la cité volsque de Corioles en 493 av.JC.
Ennemi des plébéiens, Corolian, soutenu par les patriciens, s'oppose aux tribuns du peuple Sicinius Velutus et Junius Brutus. Les tribuns obtiennent sa condamnation à l'exil. Coriolan se réfugie alors chez les Volsques et se met au service de leur général Audifius, jusqu'alors son ennemi personnel, pour combattre Rome. Après de nombreuses victoires, il parvient aux portes de Rome à la tête des Volsques. Le Sénat et le peuple romain lui envoient des délégations pour tenter de le fléchir mais en vain. Même Menenius Agrippa, son ami qu'il considère comme un père, n'y parvient pas. Enfin se présentent devant lui, Volumnie, sa mère, Virgilie, son épouse et son fils Marcius. Leurs supplications et leurs larmes touchent Coriolan qui accepte de lever le siège et se retire chez les Volsques. Ces derniers se retournent alors contre lui en le traitant de traître.


Lire un pièce de théâtre est certes toujours plus ardu que de la voir sur scène et c'est bien normal puisque, par essence, le théâtre est fait pour être vu! Mais pour cette pièce, en particulier, j'avoue que j'ai eu des difficultés à lire cette tragédie jusqu'au bout et  à comprendre ce que Shakespeare voulait démontrer lorsqu'il traite de l'affrontement qui oppose le peuple en rébellion (car le blé manque et la famine règne dans la cité) et les patriciens menés par le général Coriolan. De plus, jamais je n'ai ressenti, dans aucune pièce, une telle détestation pour le personnage principal.

Un combat contre la démocratie
C'est la haine qui guide Coriolan dans ses rapports avec le peuple et il ne peut se résigner à briguer ses suffrages  pour être élu consul. Nous somme donc confrontés à une crise majeure vécue par la République romaine puisque le général ne demande rien d'autre que de retirer le pouvoir au peuple pour le donner aux nobles ou pour se l'octroyer.  Dans l'acte III scène 1, Coriolan s'efforce de persuader le Sénat qu'il a tout à craindre de la populace et rien à gagner à laisser la parole à l'ignorance populaire.

Ainsi nous rabaissons
La dignité de nos sièges, en permettant à la canaille
d'appeler crainte notre sollicitude;
Renversons le pouvoir des tribuns dans la poussière

Quand Coriolan  s'adresse au peuple ou lorsqu'il parle de lui, il est d'une telle violence et il emploie des images  si méprisantes que le spectateur ne peut se ranger que du côté des plébéiens  " ces mangeurs d'ail" " à l'haleine fétide "comme l'exhalaison des marais empestés" (III3)

Que vous faut-il rebelles crapuleux? (Acte I  1)
Que vous faut-il roquets,`
Qui n'aimez ni la paix ni la guerre
comptez sur vous,
C'est au lieu de lions, vous découvrir des lièvres;
Au lieu de renards, des oies…

Et Menenius son ami renchérit (acte IV 6)

Vous êtes de ceux qui infectiez le ciel en lançant en l'air
Vos graisseux et fétides bonnets

Pourtant Shakespeare n'est pas tendre non plus avec les tribuns  et il semble donner raison à Coriolan qui les accuse de manipulation envers le peuple, de même il montre les citoyens en proie à des revirements incessants, obéissant à celui qui a parlé en dernier, élisant d'abord Coriolan, puis lui retirant sa voix et l'exilant, pour se dédire ensuite quand il revient vainqueur :

Premier citoyen
Pour moi quand je disais "bannissez", j'ajoutais " c'est dommage"
Deuxième citoyen
Moi aussi
Troisième citoyen
 Moi aussi; pour dire vrai, beaucoup d'entre nous en ont dit autant. Nous avons agi pour le mieux, et bien que nous ayons consenti à l'exil, c'était pourtant contre notre gré.
La pièce de Shakespeare présente donc un enjeu politique d'importance mais ne nous donne pas de réponse comme si l'auteur nous laissait libres de juger. Pourtant, le personnage de Coriolan est tellement détestable que l'on ne peut pas, me semble-t-il adhérer à ce qu'il dit!

Le personnage de Coriolan
 Coriolan est unanimement admiré par les siens pour sa vaillance guerrière et ses ennemis le craignent tout en reconnaissant sa valeur. Il a donc les qualités propres à un héros militaire, la vaillance, la force, l'honneur. Lecteurs du XXI ème siècle, il nous faut faire un effort pour adopter un point de vue historique afin de comprendre l'importance de ces vertus  dans des civilisations qui se construisaient et se défaisaient par la guerre et dans la violence. Pourtant, la description du guerrier chez le lecteur-spectateur ne suscite pas d'admiration mais une répulsion.

Son épée, sceau de la mort,
Partout laissait sa marque; de la tête aux pieds
C'était un être de sang dont chaque geste
Etait scandé par des cris d'agonie…
Au combat, il se retourne; il court,
Fumant de sang, il foule des vies humaines
En un perpétuel ravage…

Coriolan devient ici un messager de la Mort, non plus un être humain mais un Dieu guerrier (il est souvent comparé à Mars) qui n'est plus accessible à la pitié, à la compassion. Il inspire l'horreur comme l'animal sauvage auquel il se compare lui-même :.

Bien que je parte seul,
Tel un dragon solitaire qui de son marécage
Sème la terreur….

D'autre part, l'orgueil démesuré qu'il manifeste éloigne la sympathie et, (c'est ainsi que je l'ai ressenti) le font paraître borné, peu intelligent. Ainsi dans l'acte III scène 3, après avoir accepté de se soumettre au  suffrage du peuple à la demande de sa mère (faut-il voir là un manque de maturité du fier guerrier qui obéit toujours à ce que maman lui demande? ), il  s'entête dès qu'on le contrarie :

Je ne veux rien savoir!

puis se lance dans des imprécations qui le rendent passablement ridicules :
Vile meute d'aboyeurs!
Que la moindre rumeur fasse trembler vos coeurs!
Que l'ennemi en balançant les plumes de son casque
D'un souffle vous jette au désespoir!


Le seul moment où il devient humain, c'est lorqu'il se laisse fléchir par sa mère et lui accorde la grâce de Rome. Moment de faiblesse ou d'humanité? Mais c'est un geste dont il mourra! Il est étonnant  de constater que Coriolan est considéré comme un traître non  par les Romains (et c'est pourtant contre sa partie qu'il s'est retourné), mais par les Volsques qui ne le lui pardonneront pas.

La pièce présente donc des thèmes importants  mais je ne  peux dire que je l'ai aimée. Est-ce que le film de Ralph Fiennes : Corolianus me ferait changer d'avis?



 Il s'agit d'un lecture commune  consacrée à deux oeuvres de Shakespeare : Coriolan et/ou les joyeuses commères de Windsor avec Eeguab,  l'Ogresse, Miriam, Océane, Shelbylee
Le premier billet est celui de Miriam sur Les joyeuses commères de Windsor : ICI

Le second celui d'Eeguab  sur Coriolan : ICI

Océane : ICI




UN NOUVEAU CHALLENGE



Et j'en profite pour vous présenter le challenge d'Eimelle :

théâtre Challenge en scène 2013

Je reprends avec plaisir le flambeau de BLADELOR qui avait organisé le Challenge en scène 2012 et vous propose donc un nouveau challenge qui mêle avec bonheur deux arts qui me sont chers: lecture et théâtre


Challenge En scène!  2013

J'y avais participé avec plaisir en 2012 et Bladelor ne souhaitant pas poursuivre le challenge en 2013, elle m'a proposé de prendre la suite et m'a gentiment donné ses logos , merci à elle!


Le principe :
Sont acceptés dans ce challenge tous les billets concernant :
-  une pièce de théâtre lue
- une pièce de théâtre vue
- et la nouveauté 2013, des textes en rapport avec le théâtre : biographies de comédiens, documentaires sur le théâtre, bref, tout ce qui a un rapport avec la scène!

Voir la suite ici