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mercredi 11 avril 2012

Nouvelles new-yorkaises (3) : Jerome Charyn, Chante, Shaindele, chante






Le recueil intitulé Nouvelles new-yorkaises dans Folio bilingue présente trois nouvelles  de  Francis Scott Fitzgerald (voir ICI,)  Henry Miller  ICI, et Jerome Charyn.

 

Jerome Charyn : Chante, Shaindel, chante


La nouvelle de Jerome Charyn, Chante, Shaindele, chante, nous transporte dans en 1943, dans un vieux théâtre de Henry Street d'East Broadway. Elle raconte l'histoire de Shaindele, une petite chanteuse du Bronx (où est né J. Charyn) a quinze ans. Son père l'oblige à se produire sur scène sous le déguisement d'un garçon, avec les seins bandés. Exploitée par un père dont elle est la source de revenue grâce à sa voix exceptionnelle, convoitée par les hommes âgés, violée par une bande de voyous, elle est une victime sans en avoir conscience, habituée de la misère et du manque d'amour, et par conséquent, sans jamais se plaindre. Elle ne se révolte qu'une fois, lorsque amoureuse du jeune poète juif, Notte, elle affirme sa féminité et exige de pouvoir porter un soutien-gorge. Son seul bonheur est de chanter sur scène en pensant à Notte pour oublier ce public obscène et avide mais conquis par son talent.
Vous l'avez compris l'intrigue ne se déroule pas du bon côté de Broadway au milieu des lumières, des paillettes et de la gloire. Le théâtre dans lequel se produit Shaindele est dans un piteux état, les rats et les cafards courent entre les fauteuils et le balcon s'écroule sur la foule. Il s'agit surtout de l'histoire d'une enfance volée, maltraitée. Le père de Shaindele la soustrait aux inspecteurs scolaires en déménageant sans arrêt de la même manière que le directeur s'appuie sur ses relations pour empêcher la fermeture de son théâtre par les inspecteurs des sapeurs-pompiers. J.Charyn établit un parallèle entre le déclin du Music Hall dans ces années 40, l'effondrement du théâtre Henry Street et la vie de Shaindele qui ne peut espérer aucun rayon d'espoir dans sa jeune vie.
Je me suis posée des questions sur la nationalité du personnage de Shaindele. Au début, j'ai pensé que la fillette était irlandaise:

Dans les Shamrocks Gardens (Théâtre du Bronx), j'étais soit la petite Annie Rooney, la fierté de Kilearney, soit Mary O' Reilly, la reine du comté de Cork.

Pourtant, elle chante parfaitement en yiddish.
Mais au Loew's Pitkin ou au Théâtre de Henry Street, j'étais Shaindele Berkovsky, la Molly Picon* d'East Broadway.
Elle semble donc juive. Mais le tailleur juif qui lui apprend les chansons en yiddish présente son père comme un goy. Cependant, comme sa tante s'appelle Giuseppa, elle pourrait être italienne. Enfin, quand elle retourne dans son quartier du Bronx, à Webster avenue, elle rencontre un prêtre qui lui reproche de ne plus venir à la messe. Catholique donc, irlandaise ou italienne?

  Dans tous les cas que l'on se déplace du Bronx à East Broadway, la nouvelle se fait le reflet du peuplement des quartiers à New York et des différentes vagues d'immigration. Selon où elle se produit la jeune fille doit plaire à des populations qui représentent le "melting pot" new-yorkais (devrait-on dire selon le mot des nords américains eux-mêmes "le salad bowl" ou la "macédoine" des quartiers de New York?) où chaque nouvel arrivant se regroupe selon sa nationalité et où tous coexistent (on le sait parfois difficilement) sans se mélanger.