Pages

Affichage des articles dont le libellé est Les légendes rustiques de Sand. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Les légendes rustiques de Sand. Afficher tous les articles

mercredi 22 mai 2013

Le Berry : Les légendes rustiques de George Sand illustrées par Maurice Sand



George écrit Les légendes rustiques à partir des contes et légendes récoltés par son fils Maurice dans les campagnes berrichonnes. Ces textes oraux qui témoignent des croyances et des superstitions encore présentes au XIX siècle passent ainsi dans le domaine de la littérature. Les légendes rustiques témoignent de l'intérêt que porte George Sand à la mémoire du passé, à ces traditions merveilleuses, qui, elle en est consciente, est en train de disparaître peu à peu, effacées par le monde moderne.
 Maurice Sand a illustré ces légendes par de belles et étranges gravures dont j'ai pu trouver les reproductions lors de mon séjour dans le Berry et que l'on peut voir, pour certaines, au château de Nohant.
Dans sa dédicace à Maurice, George Sand écrit :
Mon cher fils
Tu as recueilli diverses traditions, chansons et légendes, que tu as bien fait, selon moi, d’illustrer; car ces choses se perdent à mesure que le paysan s’éclaire, et il est bon de sauver de l’oubli qui marche vite, quelques versions de ce grand poème du merveilleux, dont l’humanité s’est nourrie si longtemps et dont les gens de campagne sont aujourd’hui, à leur insu, les derniers bardes.

Si elle est consciente de faire oeuvre de mémoire, George Sand ne se veut pas historienne et ne prétend pas tout dire du folklore français; elle ne cherche pas à faire une étude savante : J’aime trop le merveilleux pour être autre chose qu’un ignorant de profession.
Elle n'écrira donc que sur la tradition orale berrichonne, tout en soulignant que ces légendes se retrouvent sous des formes différentes dans toutes les régions françaises.  Elle souligne pourtant que les légendes du Berry n'ont pas la grande poésie des chants bretons et ressemblent plus, par la forme,  au Merveilleux  Normand.

Voici quelques-unes de ces légendes illustrées par Maurice Sand :

Les Flambettes



Ce sont des esprits taquins et pernicieux. Dès qu’elles aperçoivent un voyageur, elles l’entourent, le lutinent et parviennent à l’exaspérer. Elles fuient alors, l’entraînant au fond des bois et disparaissent quand elles l’ont tout-à-fait égaré.
                                                    
Maurice Sand.

Les flambeaux, ou flambettes, ou flamboires, que l’on appelle aussi les feux fous, sont ces météores bleuâtres que tout le monde a rencontrés la nuit ou vu danser sur la surface immobile des eaux dormantes. On dit que ces météores sont inertes par eux-mêmes, mais que la moindre brise les agite, et ils prennent une apparence de mouvement qui amuse ou inquiète l’imagination, selon qu’elle est disposée à la tristesse ou à la poésie.

Le Meneu' de loups


« Cent agneaux vous aurez,
Courant dedans la brande;
Belle, avec moi venez,
Cent agneaux vous aurez.
– Les agneaux qu’ous avez
Ont la gueule trop grande ;
Sans moi vous garderez
Les agneaux qu’ous avez. »
                             Maurice Sand

« Paunay, SaunayRosnay, Villiers, Quatre paroisses de sorciers. »

C’est là un dicton du pays de Brenne, et les historiens du Berry désignent cette région marécageuse comme le pays privilégié des meneux de loups et jeteux de sorts.

La croyance aux meneux de loups est répandue dans toute la France. C’est le dernier vestige de la légende si longtemps accréditée des lycanthropes. En Berry, où déjà les contes que l’on fait à nos petits enfants ne sont plus aussi merveilleux ni aussi terribles que ceux que nous faisaient nos grand’mères, je ne me souviens pas que l’on m’ait jamais parlé deshommes-loups de l’antiquité et du moyen-âge. Cependant on s’y sert encore du mot de garou qui signifie bien, à lui tout seul, homme-loup ; mais on en a perdu levrai sens. Le loup-garou est un loup ensorcelé, et les meneux de loups ne sont plus les capitaines de ces bandes de sorciers qui se changeaient en loups pour dévorer les enfants; ce sont deshommes savants et mystérieux, de vieuxbûcherons ou de malins gardes-chasse, qui possèdent le secret pour charmer, soumettre, apprivoiser et conduire les loups véritables. Je connais plusieurs personnes qui ont rencontré, aux premières clartés de la lune, au carroir de la Croix-Blanche, le père Soupison, surnomméDémonnet, s’en allant tout seul, à grands pas, et suivi de plus de trente loups.
 
 Les Lupins


Les lupins (ou lubins) sont des animaux fantastiques qui, la nuit, se tiennent debout le long des murs et hurlent à la lune. Ils sont très peureux, et si quelqu’un vient à passer, ils s’enfuient en criant : Robert est mort, Robert est mort !
                                Maurice Sand.

… bon nombre des esprits de la nuit sont demeurés inoffensifs. C’est bien assez qu’ils aient consenti à revêtir des formes bizarres et repoussantes qui les empêchent de séduire les humains. Les lubins sont de cette famille. Esprits chagrins, rêveurs et stupides, ils passent leur vie à causer dans une langue inconnue, le long des murs des cimetières. En certains endroits on les accuse de s’introduire dans le champ du repos et d’y ronger les ossements. Dans ce dernier cas, ils appartiennent à la race des lycanthropes et des garous, et doivent être appelés lupins.

 Les laveuses de nuit ou les Lavandières


Pour Sand cette légende est l'une des plus sinistres visions de la peur.  C'est au bord des étangs et des marais stagnants que l'on peut entendre le clapotis de l'eau et le battoir des lavandières fantastiques. Dans le Berry, ce sont les âmes des mères infanticides qui tordent et battent inlassablement ce qui ressemble à du linge souillé et qui n'est autre que le cadavre de leur enfant. Il faut bien se garder de les observer sinon elles vous saisissent et vous battent dans l'eau comme un linge.

La Gran'Bête



Les enfants du père Germain revenaient chargés de fagots qu’ils avaient dérobés. Au sortir des tailles de Champeaux, ils entendirent tous les oiseaux du bois crier à la fois, et virent une bête qui était faite comme un veau, tout comme un lièvre aussi.
C’était la Grand’bête.
                                  Maurice Sand.


Sous les noms de bigorne, de chien blanc, de bête havette, de vache au diable, de piterne, de tarann, etc., etc., un animal fabuleux se promène, de temps immémorial, dans les campagnes et pénètre même dans les habitations, on ne sait plus dans quel dessein, tant on lui fait bonne guerre pour le repousser, dès que sa présence est signalée dans une localité.