La fausse maîtresse est une courte nouvelle de Balzac parue en 1842.
Clémentine de Rouvre, riche héritière, épouse un noble polonais, Adam Laginski, réfugié en France après les évènements qui ont bouleversé son pays. C’est un homme du monde, aux belles manières, toujours prêt à satisfaire les caprices de son épouse mais il est laid, faible devant les tentations, le jeu, le luxe, les femmes … Son ami, le comte Paz, noble désargenté, lui sert d’intendant et lui évite de se ruiner en gérant au mieux sa fortune et ses dettes. Mais si Paz est d’un dévouement sans limite pour son ami Adam, il n’en est pas moins amoureux de Clémentine. Pour échapper à la tentation et ne pas trahir son ami, il s’invente une fausse maîtresse en la personne d’une artiste de cirque nommée Malaga. La comtesse Laginsky une instant attirée par cet homme beau, au caractère fort et sérieux, et jusqu’alors paré d’une aura mystérieuse, méprise cette passion pour une fille du peuple, et se détourne de lui.
La peinture de la noblesse parisienne est toujours aussi bien décrite dans cette nouvelle quoique rapidement et brossée à grands traits. Clémentine est le portrait de la parisienne fortunée, courtisée, brillante en société mais légère, capricieuse et sans profondeur. Elle ne pense qu’à paraître, à être entourée, fêtée et à écraser ses rivales, au bal, à l’opéra, dans les salons, partout où l’on peut se montrer. Elle et son mari qui est lui aussi l’homme du monde dans toute sa superficialité (sauf qu’il paie ses dettes, ce qui est rare et paraît étonnant dans ce milieu) sont en lutte perpétuelle pour être les premiers partout et dépensent une fortune qu’ils sont obligés de renflouer en allant passer six mois à la campagne chez un oncle de la jeune femme. Une société oisive, inutile, factice, arrogante, sûre de sa prétendue supériorité. L’on comprend pourquoi elle est appelée à disparaître.
A côté de ces personnages, le comte Pazz est idéalisé. C'est un homme qui consacre son bonheur à assurer celui de l’homme qui est son ami et de la femme qu’il aime. Ce désintéressement, ce dévouement, cette abstinence sexuelle (il entretient une maîtresse mais n’a pas de relation avec elle !), font de lui un pur esprit (malgré ses quelques faiblesses). Mais j'ai vraiment eu du mal à croire à ce personnage. Je sais bien que Balzac cherchait à prouver à madame Hanska, jalouse, qu’il était fidèle et que les maîtresses qu’on lui attribuait n’étaient là que pour sauver sa réputation, il n’en reste pas moins que, lui, couchait avec ses fausses, (vraies), maîtresses.
Bon, il y a des éléments intéressants et riches dans cette nouvelle de Balzac et il est de mauvais ton de dire qu'elle est légère. Un Balzac, quelle hérésie ! Et pourtant c’est ce que j'en ai pensé !