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dimanche 26 février 2012

Les Romantiques et le soleil : Victor Hugo, William Turner, Caspar David Friedrich, Frantz Schubert


Joseph  Mallord William Turner :  Soleil couchant sur un lac (1840)

 William Turner (1775-1851), peintre romantique anglais, devient par sa recherche sur la lumière, le précurseur des impressionnistes.  Dans ce tableau, soleil couchant sur un lac, le peintre est passionné par la  puissance tumultueuse de la lumière qui dissout le paysage, efface les personnages, gomme les formes presque jusqu'à l'abstraction. Les reflets dans l'eau ont plus de consistance que le paysage réel.  Les ors éclatants du soleil pénètrent la brume cotonneuse, aux blancs lumineux, translucides. Tout est vibrant de lumière. C'est un hymne au soleil qui va disparaître dans le lac.


Soleils couchants

Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !
(Les Feuilles d'Automne)

Pour Victor Hugo (1802-1885), le coucher du soleil est prétexte à une méditation romantique sur le temps qui passe. Cette vision ne donne pas lieu à  une description pittoresque et colorée mais constitue un point de départ qui entraîne le promeneur très loin dans l'espace et le temps. L'impression générale est celle d'un mouvement vertigineux qui ne cesse de s'accélérer et qui permet au poète de faire sentir la rapidité de ce passage. Hugo oppose l'homme, éphémère et mortel, à la Nature personnifiée, qui renaît toujours, et est en cela immortelle. Le poète présente une méditation  sur la Mort et sur sa propre disparition.

Dans les deux tableaux suivants, Caspar David Friedrich(1774 -1840), chef de file de la peinture romantique allemande, oppose le le lever du soleil au soleil couchant. Dans les deux images, les personnages sont vus de dos, ce qui permet au peintre de les présenter dans un face à face exclusif et  spirituel avec la Nature, en communion avec elle et prêts à recevoir ce qu'elle leur enseigne.

Caspar David Friedrich : Femme au soleil levant

Cette jeune femme, l'épouse de Caspar David  Friedrich, est placée au centre du tableau dans un paysage champêtre délicatement teinté par les rayons naissants du soleil. Elle contemple des montagnes lointaines  baignées d'une lumière aux teintes douces. Au centre, au-dessus de sa tête et autour d'elle,  part, du mont le plus élevé,  un faisceau de rayons qui encercle le personnage et forme comme un halo autour d'elle. Elle est magnifiée par la lumière. Sa silhouette élancée, dans cette robe sombre, aux plis hiératiques, se dresse, les bras baissés, tournant la paume de ses mains vers le soleil comme dans une action de grâce. Elle accueille la naissance du jour avec reconnaissance. Elle symbolise la jeunesse, le renouveau et le recueillement et paraît animée d'un sentiment mystique.


Caspar David Friedrich : paysage au soleil couchant


Dans ce tableau, paysage au soleil couchant, les deux hommes, de dos, immobiles sur un  tertre élevé, regardent le soleil se coucher au-dessus de la mer et des îles dans le lointain. La nuit est déjà là et l'obscurité enveloppe les silhouettes noires qui se découpent sur le ciel encore lumineux comme des ombres. Les montagnes qui les entourent baignent dans l'obscurité. Les personnages ne sont pas au centre de l'image mais décalés sur la gauche pour laisser plus de place à la vision du paysage qui dans sa beauté éclatante semble inquiétant, prêt à plonger dans le néant. La mort est donc bien présente dans la méditation de ces deux hommes. Ceux-ci ne sont pas magnifiés comme dans l'image précédente de la jeune femme. Ils paraissent ainsi plus fragiles, mais leur rapprochement, coude à coude, face à la grandeur de la Nature et et au néant, suggère une idée de solidarité et d'amitié.




Frantz Schubert : Im Abendrot : Crépuscule (Ciel rose du soir)