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mercredi 4 juillet 2012

Susan Vreeland : Jeune fille en bleu jacinthe




Dans "Jeune fille en bleu jacinthe", Susan Vreeland, romancière américaine, raconte les aventures d'un tableau de Vermeer à travers les siècles.

Le récit commence à l'époque contemporaine où l'on retrouve le tableau de la jeune fille en bleu caché dans une pièce condamnée à tous, pour le seul plaisir d'un homme, dont le père, nazi, a dérobé le tableau dans l'appartement d'une famille juive après une rafle. Nous allons ensuite remonter le temps, de cette famille juive jusqu'à  l'époque où Vermeer a peint ce tableau.

Le récit est très plaisant, il nous fait découvrir à travers les tribulations du tableau des personnages intéressants, des époques et des mentalités différentes. Oeuvre d'imagination, il nous offre une belle fresque historique. Il est aussi un hommage à la peinture de Vermeer que l'écrivain connaît bien et dont elle sait parler avec sensibilité. 
On ne peut s'empêcher, bien sûr, de le comparer à La jeune fille à la Perle bien qu'il soit très différent puisque le roman de Tracy Chevalier reste ancré à l'époque de Vermeer et raconte l'histoire d'une jeune servante placée chez le peintre, roman initiatique qui amène à la jeune fille  à la découverte de l'art, de l'amour mais aussi de l'injustice sociale. Dans Jeune fille en bleu jacinthe, c'est la seconde fille de Vermeer, Magdelena, qui sert de modèle au peintre. Un jeune fille un peu effacée, timide, silencieuse, qui rêve de devenir peintre mais ne le pourra jamais pour la seule raison qu'elle est née fille et que son  père ne s'intéressera pas à elle!
Un agréable roman même si j'ai préféré La jeune fille à la Perle qui me paraît avoir plus de force dans la description de la psychologie des personnages et de la société. Ce qui m'a le plus touchée dans le roman de Susan Vreeland, c'est la manière dont elle parle de l'émotion que produit ce tableau même chez les gens les plus modestes, du  bonheur qu'il peut procurer et de la manière dont il va révéler ceux qui le côtoient à eux-mêmes.. Et c'est bien là, la fonction véritable de l'oeuvre d'art! 


Ainsi Hannah, la jeune fille juive qui possède le tableau, renfermée sur elle-même, murée dans le silence contemple souvent cette oeuvre :
Maintenant, elle comprenait ce qui lui faisait aimer la jeune fille du tableau. C'était son silence. Après tout une peinture ne peut parler. Hannah avait pourtant l'impression que cette fille qui  restait assise dans cette pièce mais regardait dehors était silencieuse de  nature, comme elle. Mais cela ne signifiait pas que la jeune fille n'avait aucun désir comme sa mère l'avait prétendu. Son visage révélait à Hannah qu'elle désirait quelque chose de trop intense et de trop lointain pour jamais oser en dire un mot, mais qu'elle y réfléchissait là près de la fenêtre. Et elle ne se contentait pas de désirer. Elle était capable d'entreprendre de grandes choses, extravagantes et tendres.

Saskia, elle,  a découvert le tableau et un bébé dans une barque sur la rivière en crue. Comme elle aimerait pouvoir conserver ce tableau mais il faudra bien le vendre pour pouvoir élever l'enfant :
Le brun-roux de  la jupe que portait la jeune fille chatoyait, tel des feuilles d'érable dans le soleil automnal; Entrant en flots par la fenêtre, une lumière jaune crème comme les pétales intérieures des jonquilles illuminaient le visage de l'adolescente et se posait sur les ongles brillants.  Saskia intitula le tableau : Eclat du matin : sa grand mère lui avait appris que les peintures portaient un nom.