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dimanche 25 septembre 2011

Un livre, un film : Réponse à l'énigme du samedi (3) : John Steinbeck, Les Raisins de la colère



Vous avez été nombreuses à participer mais vous n'avez pas toutes trouvé les réponses. Les  vainqueurs sont aujourd'hui : Aifelle, Keisha, Cagire, Maggie, Dasola, Kathel, Jeneen, Gwen.(Je n'ai oublié personne?)
 Une mention spéciale à  Aifelle, Gwenaelle, Jeneen et Keisha qui ont donné toutes les bonnes réponses aussi bien sur le livre que sur le film car Wens demandait aussi le véritable nom du réalisateur et le nom de l'actrice féminine oscarisée..
Le titre du Livre : Les raisins de la colère de John Steinbeck
Le film : Les raisins de la colère de John Ford de son vrai nom John Martin Feeney
Le nom de l'actrice qui a obtenu l'oscar du meilleur second rôle était Jane Darwell
La présentation du film chez Wens ICI
 Merci à toutes et bon dimanche!


 Dust Bowl

Les raisins de la colère de John Steinbeck est paru en 1939 Il raconte la migration d'une famille de fermiers, les Joad, chassée de leur terre  par la sècheresse et la misère. Le passage que j'ai choisi de présenter pour cette énigme décrit le désastre écologique, The Dust Bowl, qui s'est abattu sur cette région sinistrée. Les Joad partent sur la route et traversent d' Est en Ouest les Etats-Unis de l'Oklahoma à la Californie. Steinbeck décrit les souffrances de ces pauvres gens avec beaucoup de tendresse. Tout en écrivant une véritable épopée, il peint des portraits très attachants, très forts, nous amenant à aimer ces hommes et ces femmes pleins d'humanité et de dignité malgré leur misère.



Un roman réaliste:
 Les raisins de la colère, roman profondément ancré dans la réalité, s'appuie sur des faits historiques : l'exode des Oakies dans les années 30. Ainsi furent nommés ces paysans migrants chassés de leur terre qu'ils cultivaient depuis si longtemps, partant avec leur famille sur les routes dans de vieux tacots déglingués, décimés par la maladie et la famine, méprisés et sauvagement exploités.

Les causes de l'exode s'expliquent par des raisons climatiques : dans les années 30, un grande sècheresse  associé à des vents violents qui soulèvent des nuages de poussière - la Dust Bowl-   ravagent les grandes plaines du Middle-West américain. Entre 1933 et 1937, il y eut 352 tempêtes. Les ravages sont d'autant plus grands que les agriculteurs pratiquent une monoculture céréalière de champs ouverts nécessitant de profonds labours.
A cela s'ajoutent des raisons économiques dont les origines remontent aux années 20. Après la guerre de 14-18,  il y a une reprise de la production agricole en Europe et dans le même temps une augmentation de la productivité aux USA qui n'arrivent pas à écouler le surplus, ce qui provoque une crise de surproduction. Les prix agricoles montent moins vite que les prix industriels. Les agriculteurs sont en grande difficulté et leurs revenues baissent dramatiquement. Ils sont en état de survie quand survient la crise des années 30.
En Oklahoma, Arkansas, une grande partie des paysans sont des métayers dont les terres sont aux mains de grandes compagnies. L'autre partie est constituée de petits propriétaires qui se sont endettés pour élever leur productivité. La crise accélère le processus. Les trust évincent les métayers pour regrouper les parcelles et mécaniser les exploitations. Les banques expulsent les propriétaires incapables de rembourser leurs dettes.

L'exode : le but des paysans déracinés est de gagner l'Ouest mythique, la Californie considérée comme l'Eden. Pour s'y rendre il faut emprunter la Higway 66 qui va de Chicago à Los Angeles, via Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona, Californie.
Cette traversée permet de saisir la réalité fédérale des USA. A chaque passage d'état, une police contrôle les voyageurs et une législation différente intervient.  Par exemple en Arizona, la législation interdit l'importation de semences pour éviter les maladies des plantes. Dans le livre, c'est la fameuse scène où les policiers veulent fouiller le camion pour vérifier s'il n'y a pas de semences. Or, la grand mère vient de mourir. Ma est obligée de cacher ce fait aux policiers à qui elle réclame avec insistance un médecin. Ceux-ci les laissent passer. Ma ne révèlera la vérité à la famille que lorsqu'ils auront "traversé," c'est à dire atteint la Terre Promise.

Un roman engagé :
Steinbeck écrivant l'épopée de ces familles poussées par la faim et le misère dénonce le capitalisme sans humanité, l'exploitation économique des plus humbles. Le roman est un cri de révolte et de colère et pourtant d'espoir. Steinbeck y parle de solidarité, mais aussi de la nécessité de prendre conscience de l'oppression pour la combattre. L'union peut constituer le point de départ d'une force que les hommes misérables, isolés dans leur malheur, ne soupçonnent pas. Il s'agit d'un roman politique écrit par un écrivain engagé dans le combat social.
Trois cent mille malheureux affamés. Si jamais ils prennent conscience de leur force, le pays leur appartiendra et ni les fusils, ni les grenades à gaz ne les arrêteront (chp. XIX ) Et c'est alors que pourront mûrir  les Raisins de la colère annonçant les vendanges prochaines (Chap XXV)  Il y a du Zola dans cette comparaison qui fait penser à Germinal.
De longs chapitres un peu trop démonstratifs développent ces idées politiques mais c'est à travers l'histoire des Joad et surtout des trois beaux personnages principaux, la mère (Ma), Tom et Casy que nous les voyons illustrées.

Un roman biblique :
Si les chapitres engagés sont influencés par le marxisme, ceux qui sont consacrés à la famille Joad parlent d'une ascension spirituelle et mystique, un retour à une vrai foi dépouillé de sectarisme et d'intolérance. L'union, c'est avant tout l'entraide et la compréhension des autres.
C'est l'autre aspect de Les raisins de la colère qui apparaît comme un roman profondément marqué par la Bible : Le titre fait allusion à un passage de l'Apocalypse : Et l'ange jeta sa faucille sur la terre. Et il vendangea la vigne de la terre, et jeta la vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu.
Le voyage des Joad est une quête spirituelle, a la recherche de la Terre Promise. Et c'est ainsi qu'elle apparaît à leurs yeux quand ils arrivent en Californie et découvrent ces terres riches, plantées d'orangers avant de découvrir qu'il s'agit d'un enfer. Cette quête permet la découverte de l'amour. Tom qui est un "élu" reprendra la lutte du pasteur Casy, non pour prêcher la résignation aux pauvres mais pour leur parler d'union et solidarité.
 Peut-être bien que les hommes n'ont qu'une grande âme et que chacun en a un petit morceau (chap IV). Ce sont les paroles de Casy que Tom répètera à sa manière à sa mère, la religion vécue comme l'amour de l'Humanité. Des fois, je me suis dit, c'est peut-être bien tous les hommes et toutes les femmes que nous aimons, c'est peut-être bien ça le Saint-Esprit

Mon avis : Les raisins de la colère n'est pas le livre de Steinbeck que je préfère. Certains chapitres sont parfois trop théoriques, trop démonstratifs. Mais malgré cette restriction, j'aime énormément le roman car le récit est magnifiquement conté, les personnages sont passionnants et vrais et je suis entièrement convaincue par les idées sociales de Steinbeck. Le film, parce qu'il est forcément plus rapide que le roman, édulcore la durée des souffrances de la famille. Mais les scènes-clefs du livre (l'achat du pain et des bonbons pour les enfants, l'arrivée en Californie, la mort du grand-père et de la grand-mère, l'installation dans un camp misérable...) se retrouvent dans le film et sont traités avec une telle maîtrise que l'émotion nous prend à la gorge. Les deux oeuvres à la fois très semblables et très différentes, parce que l'écrivain et le réalisateur n'ont pas le même tempérament, sont tous deux excellentes.