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jeudi 4 avril 2013

Laia Fabregas : Atterrir Actes sud






Atterrir est un roman de Laia Fabreagas traduit du néerlandais. L'auteur d'origine catalane est venue au Pays-Bas pour un échange universitaire et y resté. Elle en a adopté la langue. Ce n'est pas étonnant, donc, si son second roman présente des personnages à cheval sur les deux cultures : Lui, retraité, d'origine espagnole. Il est venu travailler au Pays-Bas a épousé une néerlandaise, Willemine, et est retourné s'installer à Barcelone. Elle, jeune néerlandaise, portant un secret. Elle revient de Barcelone, d'un de ses innombrables voyages dans une quête incessante dont nous n'apprendrons la finalité que peu à peu.
Ils se rencontrent dans l'avion de Barcelone à Amsterdam. Le vieil homme qui va revoir un de ses fils resté néerlandais se confie à elle. Il lui montre une boîte en bois qui semble avoir beaucoup d'importance pour lui et qu'il veut remettre  à son fils après le décès de sa femme. Mais à l'atterrissage, le vieil homme meurt. Obéissant à une impulsion la jeune femme se saisit de la boîte et part avant l'arrivée des policiers.

Le roman se poursuit menant en parallèle deux récits, celui relatant le passé du vieil homme, sa jeunesse, l'immigration, le travail, la rencontre de sa femme, la naissance des enfants, l'âge mûr et la mort de sa femme… L'autre, nous montre la vie de la jeune femme, le drame qui a bouleversé son enfance, ses rapports avec ses parents adoptifs, son caractère asocial avec ses collègues de travail et sa quête obsessionnelle.
L'un est à la fin de sa vie et, à la suite de la disparition de  Willemine, son épouse, il cherche une lumière dans le noir, un sens à sa vie; il trouvera l'apaisement  avant de mourir :
J'ai alors vu des millions de rayons lumineux se propager devant moi, émaner de moi, comme si j'étais une étoile, comme si j'étais ma propre lampe à incandescence. Chaque rayon se distinguait des autres, et chacun d'eux avait un avenir possible.

L'autre refuse la vie en poursuivant un rêve. Mais sa recherche n'est-elle pas finalement une tentative pour se trouver elle-même? C'est ce qui lui dit sa tante Anneke qui l'a élevée. Un jour, elle découvrira cette vérité :
 Rien ne m'obligeait à rester morte. (…) Je ne cherche plus, ai-je dit. c'était la première fois que je prononçais distinctement ces mots.

On peut dire que Atterrir est un roman d'initiation pour les deux personnages car,  à tout âge, il nous faut apprendre. La vieillesse doit apprendre à accepter la mort, la jeunesse à ne pas avoir peur de vivre. Willemine qui était peintre cherchait, elle, le sens de l'Art.  Le dénouement nous ménage une chute qui m'a paru forte où est révélé le secret de la petite boîte noire et bien plus encore mais que je ne vous en dis pas davantage, bien sûr.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le roman car si le personnage masculin est intéressant, le personnage féminin est  froid, tellement coupé de ses sentiments que le lecteur a des difficultés à s'intéresser à lui; mais au fur et à mesure que nous découvrons la jeune femme, nous sommes amenés à partager sa souffrance et assistons à  son évolution, nous la voyons s'ouvrir peu à peu comme lorsqu'elle découvre l'amour de sa mère adoptive …
Un beau roman, donc..

Livre voyageur; inscrivez-vous dans les commentaires.

La photographie (que j'aime beaucoup) de la première de couverture  est de  Jennifer Hudson.