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dimanche 1 décembre 2013

Laura Kasischke : La vie devant ses yeux, une déception




Emportée par mon enthousiasme pour Esprit d'hiver j'ai voulu lire un autre Kasischke : La vie devant ses yeux. Mal m'en a pris! Le roman est une déception complète. Qui plus est je dois battre ma coulpe et demander à Wens (voir sa critique du film) pardon car le film est loin d'être bon!

Diana et Maureen sont amies lorsque a lieu le drame. Dans leur lycée, un élève devenu fou tire sur ses camarades, allusion à la tuerie de Colombine, et pénétrant dans les toilettes où elles sont réfugiées leur demande laquelle des deux il doit tuer. Diana répond "tue-la". La suite du roman montre la vie de Diana devenue adulte, avec sa fille Emma, son mari, un brillant universitaire … Mais sous cette apparence de bonheur, la fêlure …

Comme d'habitude, Laura Kasischke  mène l'intrigue avec habileté, nous amène là où elle veut avec son écriture élégante et cette sorte de cruauté qui est en elle, lorsqu'elle peint sous le calme, la beauté d'un jardin et des fleurs, le malaise et la menace.  On y retrouve maints thèmes communs à Esprit d'hiver. Mais je comprends mieux pourquoi certains lecteurs (devrais-je dire lectrice, n'est-ce pas Dominique (à sauts et à gambades?) ne peuvent supporter ce que l'on a  pu appeler "manipulation". Le lecteur envoyé sur une fausse piste croit ce qu'on lui raconte avant d'être retourné comme un crêpe et de s'apercevoir que tout ce qu'il pensait voir n'était qu'un reflet inversé de l'image présentée.  Mais en faisant cela Laura Kasischke, pour le plaisir d'un dénouement époustouflant, détruit ce qui était vraiment au centre de cette histoire : comment peut-on vivre après un tel drame et une telle culpabilité?  Question qui est le véritable intérêt du récit ou aurait dû l'être.

C'est du grand art, et si le roman m'a déplu, ce n'est pas parce que l'habileté et le talent d'écriture de Kasischke sont en cause mais parce que la manipulation est gratuite, le dénouement décevant, et que je ne peux adhérer au récit qui perd tout son intérêt et sa logique interne quand on connaît la vérité. Au contraire, j'ai totalement accepté ce procédé dans Esprit d'Hiver parce qu'il obéit à une logique psychologique, que le point de vue du récit, unique, celui de Holly, nous amène à cette vision faussée; et  l'écrivaine ne triche pas puisqu'elle nous donne toutes les clés pour comprendre. De plus, le roman rend compte de l'immense douleur d'une mère et donc il n'est jamais gratuit. Ce qui n'est pas le cas pour La vie devant ses yeux qui est un roman à sensation..

Quant au film s'il a les mêmes défauts que le livre, il n'en a pas les qualités. Le récit est mélo et au cas où l'on n'aurait pas compris ce qu'éprouve Diana, le metteur en scène Vadim Pelman en rajoute des tonnes. L'histoire devient moralisatrice : la jeune héroïne dévoyée mais libre de Kasischke, qui n'obéit pas à la morale bourgeoise bien pensante, devient une pauvre petite jeune fille mal aimée, larmoyante,  qui se rachète par sa grandeur d'âme.

Réponse à l'énigme n° 76



La bonne réponse : Aifelle,  Asphodèle, Dasola, Eeguab, Gwenaelle, Valentyne

 Le roman : Laura Kasischke : La vie devant ses yeux
Le film :  Vadim Pelman : La vie devant ses yeux