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samedi 7 juillet 2012

Festival OFF Avignon 2012 : La dame au petit chien au théâtre Notre-Dame


Gaëlle Merle et Jean-François Garreaud dans la dame au petit chien de Tchekhov

J'ai vu hier en avant-première (merci au théâtre de Notre-Dame) La dame au petit chien de Tchekhov avec Gaëlle Merle et Jean-François Garreaud.

La dame au petit chien est une nouvelle écrite par Anton Pavlovitch Tchekhov en 1889. Gourov, un homme marié, père de trois enfants, banquier, mène une vie terne et sans passion mais réglée. Pour se couler dans le moule social et obéir aux règles de son milieu, il a  dû abandonner sa vocation d'artiste en tant que chanteur d'opéra. Un jour, il rencontre Anna von Diederitz, la dame au petit chien, dans une station balnéaire de la mer Noire à Yalta. Elle aussi est mariée, sans amour, à un homme froid, distant, qu'elle connaît mal. Ce qui n'aurait pu être qu'un banal adultère se transforme bien vite en un amour sincère et tragique. Car peut-on si facilement abandonner son passé?

La nouvelle est écrite la sensibilité propre à Tchékov, ce qui n'exclut pas l'humour  même si  la tristesse et la nostalgie de ce qui ne pourra jamais être imprègnent l'oeuvre. Pour les besoins du théâtre elle a été adaptée par Claude Merle et mise en scène par Anne Bouvier.
Mon avis :
Cette adaptation de la pièce de Tchekov est réussie et servie par de très bons comédiens qui,  avec beaucoup de finesse, parviennent à nous faire sentir tout le poids douloureux d'un amour impossible, d'une vie qui est un échec parce que l'on est trop souvent prisonnier de conventions sociales, englué dans les responsabilités et dans l'incapacité de briser le carcan dans lequel on est enfermé!  C'est ce qui arrive à Gourov, déjà âgé, qui a des enfants à charge, une position sociale importante:  "Trop tard" dit souvent la dame au petit chien et le jeu des comédiens nous emplit de cette nostalgie que le théâtre de Tchekhov sait faire naître avec ces personnages tournés vers le passé, représentants d'un monde qui va disparaître, et qui sont dans l'incapacité d'agir. L'humour, discret du début de la pièce, cède donc bien vite la place au tragique de ces vies brisées qui passent à côté de l'essentiel.
Un petit bémol pour moi dans cette représentation. Je n'ai pas assez senti l'espace extérieur, celui que les personnages contemplent et admirent. Dans le théâtre de Tchekhov, en effet, l'extérieur est plus important que le décor sur scène. Il correspond au caractère contemplatif de ses personnages, il est un exutoire qui leur permet d'échapper par l'imagination et par le surgissement de la beauté à leur emprisonnement.  Ici, dans cette mise  en scène, l'océan, les vagues, la nature mais aussi les gens dont Anna imagine la vie sont présents par la parole. Mais il manque le pouvoir de suggestion. Les échanges entre les deux personnages qui se prêtent les jumelles pour mieux voir le paysage sont trop rapides, pas assez évocateurs. On ne laisse pas le temps au spectateur d'imaginer, de sentir l'odeur de la mer, le bruit des vagues, la couleur du soleil couchant ... Le tout manque donc un peu de poésie.
Un bon spectacle, donc, que j'ai apprécié, mais où il manque le quelque chose qui en ferait un coup de coeur.

Wens et moi-même, Claudialucia,  nous présenterons ensemble les pièces que nous allons voir au festival d'Avignon 2012 et nous donnons ensuite notre avis personnel.

Avis de Wens Voir En effeuillant le Chrysanthème ICI