Les gagnants sont : Aifelle, Asphodèle, Eeguab, Dasola, Keisha, Jeneen, Nanou, Pierrot Bâton, Somaja.
Le livre : L'horloger d'Everton de Simenon
Le film : l'horloger de Saint Paul de Tavernier
Le film : l'horloger de Saint Paul de Tavernier
Merci à tous et toutes pour votre participation et une petite pensée, en particulier, aux collables, collés et englués! Et oui tout ça!
Lorsque Simenon écrit l'Horloger d'Everton, il est aux Etats-Unis où il est parti s'installer après la guerre jusqu'en 1955. C'est pourquoi le récit du roman se situe à Everton, une petite ville du Missouri. Et la cavale des enfants poursuivis par la police se poursuit à travers deux états jusqu'en Indiana.
La vie de Dave Galloway, horloger à Everton se poursuit paisible dans cette petite ville jusqu'au jour où en rentrant de sa partie de cartes hebdomadaire chez son ami Musak, il s'aperçoit que son fils Ben, seize ans, est parti en empruntant sa voiture. Il a bien vite des nouvelles de Ben et de sa petite amie Lillian qui sont partis pour se marier. Ben a tué un homme pour lui voler son argent et tous les deux sont traqués d'un état à l'autre par la police. Pendant cette chasse à l'homme tragique, Dave Galloway accompagne son fils en pensée. Lui qui croit si bien connaître son enfant qu'il a élevé seul après le départ de sa femme, s'interroge sur les causes de cette violence, il essaie de comprendre comment Ben en est arrivé là.
Ce roman de Simenon n'a rien de policier, c'est surtout un roman d'analyse psychologique où Simenon explore les rapports d'un père avec son enfant. La symbiose étroite qui existait entre le garçon élevé par un père qui lui tient lieu de tout vole en éclats d'une manière brutale, imprévisible. Aucun prémisse ne l'a annoncé. Galloway en porte-t-il la responsabilité? C'est ce qu'on lui reproche pendant le procès de son fils. Pourquoi ne s'est-il pas remarié après le départ de sa femme, pourquoi a-t-il privé l'enfant d'une présence féminine?
Galloway retourne dans le passé et nous en apprenons plus sur la personnalité de Ruth, cette femme qu'il a choisie d'épouser contre l'avis de tous, en sachant lui-même qu'il faisait une erreur et que cela ne pouvait pas marcher! Pourquoi ce choix malgré sa lucidité? L'interrogation sur la filiation l'amène aussi à explorer ses propres rapports avec son père bien-aimé à qui il s'identifiait totalement mais qui est mort quand il était encore enfant. Sa mésentente avec sa mère et surtout avec son beau-père après le remariage de sa mère est aussi analysée.Trois générations, le grand père, Dave, Ben, trois êtres qui se ressemblent malgré leur différence, et qui portent tous trois le germe de la révolte plus ou moins étouffé en eux, sans pouvoir totalement se libérer, voilà ce qui peut expliquer l'acte de Ben!
Les différences avec le film sont notables. Il y a d'abord le lieu, bien sûr, mais surtout l'époque! Le film transpose le récit d'Everton à Lyon dans la société français d'après 68. Dave Galloway devient Michel Descombes (Philippe Noiret), le fils Ben devient Bernard (Sylvain Rougerie). Le film prend alors une toute autre coloration car Tavernier en fait un film engagé. Les motivations de Bernard, quand il tue le patron de Liliane (Christine Thomas) sont à la fois sentimentales et politiques. Il veut venger l'humiliation peut-être même le viol de son amoureuse et l'injustice de son renvoi même s'il le nie. La victime devient le symbole de l'oppresseur, du patron qui abuse de son pouvoir, du harcèlement des femmes dans les entreprises. Les jeunes amies de Liliane en témoignent. Dimension politique absolument absente du roman. Nous sommes ancrés dans un quartier populaire de Lyon, le quartier de Saint Paul. Michel Descombes est un anar sympathique qui refusera , en accord avec son fils, d'utiliser cette histoire à des fins politiques. Son meilleur ami Antoine (Jacques Denis) est communiste et la conversation quand tous se rencontrent roulent autour de faits sociaux ou politiques, des élections par exemple. Ce qui, à l'origine était une faiblesse (Tavernier n'avait pas le financement pour tourner aux Etats-Unis) devient force en s'intégrant ainsi à la réalité quotidienne de la France des années 1970, dans la France de Pompidou et les mentalités de l'époque.
Dans le film comme dans le roman le thème de l'amitié est largement développé : Musak, le bourru, le taiseux du roman se montre solide et sûr quand l'horloger a besoin de lui, de la même manière que Antoine dans le film, même si les personnalités des amis sont très dissemblables.
Le rôle du policier dans le film prend une ampleur qu'il n'a pas dans le roman. Dans le livre il n'apparaît qu'une fois et témoigne de la sympathie et de la compréhension pour Galloway. Il lui dit :
Je crains bien, monsieur Galloway, que tous, tant que nous sommes, soyons les derniers à connaître nos enfants mais il disparaît bien vite. Alors que dans le film, le commissaire Guibout est un personnage important, humain, compatissant, interprété avec finesse par Jean Rochefort. L'horloger et le policier pourraient presque devenir amis si ce n'était les circonstances et si leur analyse des faits ne divergeait pas autant (voir chez Wens la vidéo de la fameuse discussion, si poétique et si émouvante, avec les belles voix de Noiret-Rochefort, sur le petit garçon méchant). Le commissaire est celui qui doit arrêter Edouard, donc l'ennemi. Cette amitié est d'autant plus impossible que nous sommes encore dans la mentalité soixante-huitarde où "tout flic est un homme à abattre".
Lorsque Simenon écrit l'Horloger d'Everton, il est aux Etats-Unis où il est parti s'installer après la guerre jusqu'en 1955. C'est pourquoi le récit du roman se situe à Everton, une petite ville du Missouri. Et la cavale des enfants poursuivis par la police se poursuit à travers deux états jusqu'en Indiana.
La vie de Dave Galloway, horloger à Everton se poursuit paisible dans cette petite ville jusqu'au jour où en rentrant de sa partie de cartes hebdomadaire chez son ami Musak, il s'aperçoit que son fils Ben, seize ans, est parti en empruntant sa voiture. Il a bien vite des nouvelles de Ben et de sa petite amie Lillian qui sont partis pour se marier. Ben a tué un homme pour lui voler son argent et tous les deux sont traqués d'un état à l'autre par la police. Pendant cette chasse à l'homme tragique, Dave Galloway accompagne son fils en pensée. Lui qui croit si bien connaître son enfant qu'il a élevé seul après le départ de sa femme, s'interroge sur les causes de cette violence, il essaie de comprendre comment Ben en est arrivé là.
Ce roman de Simenon n'a rien de policier, c'est surtout un roman d'analyse psychologique où Simenon explore les rapports d'un père avec son enfant. La symbiose étroite qui existait entre le garçon élevé par un père qui lui tient lieu de tout vole en éclats d'une manière brutale, imprévisible. Aucun prémisse ne l'a annoncé. Galloway en porte-t-il la responsabilité? C'est ce qu'on lui reproche pendant le procès de son fils. Pourquoi ne s'est-il pas remarié après le départ de sa femme, pourquoi a-t-il privé l'enfant d'une présence féminine?
Galloway retourne dans le passé et nous en apprenons plus sur la personnalité de Ruth, cette femme qu'il a choisie d'épouser contre l'avis de tous, en sachant lui-même qu'il faisait une erreur et que cela ne pouvait pas marcher! Pourquoi ce choix malgré sa lucidité? L'interrogation sur la filiation l'amène aussi à explorer ses propres rapports avec son père bien-aimé à qui il s'identifiait totalement mais qui est mort quand il était encore enfant. Sa mésentente avec sa mère et surtout avec son beau-père après le remariage de sa mère est aussi analysée.Trois générations, le grand père, Dave, Ben, trois êtres qui se ressemblent malgré leur différence, et qui portent tous trois le germe de la révolte plus ou moins étouffé en eux, sans pouvoir totalement se libérer, voilà ce qui peut expliquer l'acte de Ben!
Les différences avec le film sont notables. Il y a d'abord le lieu, bien sûr, mais surtout l'époque! Le film transpose le récit d'Everton à Lyon dans la société français d'après 68. Dave Galloway devient Michel Descombes (Philippe Noiret), le fils Ben devient Bernard (Sylvain Rougerie). Le film prend alors une toute autre coloration car Tavernier en fait un film engagé. Les motivations de Bernard, quand il tue le patron de Liliane (Christine Thomas) sont à la fois sentimentales et politiques. Il veut venger l'humiliation peut-être même le viol de son amoureuse et l'injustice de son renvoi même s'il le nie. La victime devient le symbole de l'oppresseur, du patron qui abuse de son pouvoir, du harcèlement des femmes dans les entreprises. Les jeunes amies de Liliane en témoignent. Dimension politique absolument absente du roman. Nous sommes ancrés dans un quartier populaire de Lyon, le quartier de Saint Paul. Michel Descombes est un anar sympathique qui refusera , en accord avec son fils, d'utiliser cette histoire à des fins politiques. Son meilleur ami Antoine (Jacques Denis) est communiste et la conversation quand tous se rencontrent roulent autour de faits sociaux ou politiques, des élections par exemple. Ce qui, à l'origine était une faiblesse (Tavernier n'avait pas le financement pour tourner aux Etats-Unis) devient force en s'intégrant ainsi à la réalité quotidienne de la France des années 1970, dans la France de Pompidou et les mentalités de l'époque.
Dans le film comme dans le roman le thème de l'amitié est largement développé : Musak, le bourru, le taiseux du roman se montre solide et sûr quand l'horloger a besoin de lui, de la même manière que Antoine dans le film, même si les personnalités des amis sont très dissemblables.
Le rôle du policier dans le film prend une ampleur qu'il n'a pas dans le roman. Dans le livre il n'apparaît qu'une fois et témoigne de la sympathie et de la compréhension pour Galloway. Il lui dit :
Je crains bien, monsieur Galloway, que tous, tant que nous sommes, soyons les derniers à connaître nos enfants mais il disparaît bien vite. Alors que dans le film, le commissaire Guibout est un personnage important, humain, compatissant, interprété avec finesse par Jean Rochefort. L'horloger et le policier pourraient presque devenir amis si ce n'était les circonstances et si leur analyse des faits ne divergeait pas autant (voir chez Wens la vidéo de la fameuse discussion, si poétique et si émouvante, avec les belles voix de Noiret-Rochefort, sur le petit garçon méchant). Le commissaire est celui qui doit arrêter Edouard, donc l'ennemi. Cette amitié est d'autant plus impossible que nous sommes encore dans la mentalité soixante-huitarde où "tout flic est un homme à abattre".