Le livre est1275 âmes de Jim Thompson. Le film de Tarvernier a pour titre Coup de Torchon.
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qui ont trouvé :Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Pierrot Bâton..
Bravo à tous et merci!
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Le titre du roman de Jim Thompson Pop. 1280 (population 1280), a été traduit par Marcel Duhamel d'une manière bizarre en français : 1275 âmes! Il s'agit du nombre d'habitants du canton de Potts, un trou perdu au sud des Etats-Unis, dont le personnage principal Nick Corey est shérif en chef. Que sont devenus les cinq habitants et pourquoi ont-ils été supprimés? Mystère! C'est un détail me direz-vous et je suis bien d'accord mais il m'amuse. Par contre, ce titre POp 1280 que Tavernier transpose en Coup de torchon, n'est pas anodin. Il prend toute sa signification lors du dialogue de Nick Corey, le héros du livre et de son collègue, l'infect shérif Ken Lacey, qui affirme qu'il ne peut y avoir 1275 âmes à Pottsville! Et pourquoi n'y a-t-il pas 1275 âmes ?
Comprenez Nick, ces 1275 âmes, ça serait en comptant les nègres… que ces sacrés législateurs yankees nous forcent à compter. Et ces nègres, ils n'ont pas d'âmes.
Le ton est donné! Dans ce livre, Jim Thompson règle ses comptes avec une société sudiste raciste, violente, corrompue où les pauvres blancs et les noirs perdent toujours et où ceux qui ont le pouvoir et l'argent peuvent tout se permettre. Nick Corey a toujours fait partie des perdants. Dès son enfance, il est battu par son père qui lui reproche d'avoir tué sa mère à sa naissance. Trop bon, trop naïf peut-être, à l'origine, il est la cible des moqueries et des coups de ses collègues mais aussi de sa femme qui le trompe et le méprise. Il s'est donc fait une philosophie qu'il applique à la lettre en tant que shérif, ne rien voir, ne pas intervenir surtout s'il s'agit de personnes importantes, être lâche pour survivre et toucher sa paye. Et il ne dédaigne pas non plus les pots de vin! Seulement un jour la coupe des humiliations et des brimades est pleine et celui que l'on prend pour un imbécile va se venger. Il va tuer ceux qui le gênent en se débrouillant pour faire accuser les petits malins qui se moquent de lui!
Jim Thompson par son âpreté, son pessimisme n'est pas sans rappeler Céline. Nick est un Bardamu, comme lui il porte un regard lucide et sans complaisance sur la société et sur l'homme. Pour lui, la noirceur de l'âme humaine est absolue! L'homme est mauvais, personne n'est jamais vraiment innocent même le noir que Nick assassine est à sa manière coupable, il pactise avec les blancs pour en obtenir des faveurs.. Comme Céline, Jim Thompson fait descendre le lecteur dans des abysses qui semblent sans fond! Et pourtant on rit, un rire grinçant, certes, que Marcel Duhamel dans sa préface qualifie de bouffonnerie. Voilà sa conclusion à propose de ce roman : J'ai lu et relu le bouquin, révisé ma traduction, réfléchi et réfléchi encore, pour finalement jeter à la poubelle mes velléités de critique littéraire et décider que, pareil en cela à n'importe quel autre échantillon de l'espèce humaine, "j' savais foutre point c'qu'i' fallait en penser." Sinon, peut-être que le pouvoir rend fou, même à Ploucville.
Un livre/ Un film : La transposition de l'intrigue dans l'Afrique coloniale française par Bertrand Tavernier est une idée excellente comme l'est l'interprétation de tous, en particulier de Noiret dans le rôle de Nick. La société française coloniale se comporte avec les noirs comme les blancs américains, persuadés de leur supériorité et exploitant et opprimant une main d'oeuvre docile et peu coûteuse. Les dialogues sont presque entièrement conservés et l'adaptation est très fidèle au récit et surtout à son esprit.
Comprenez Nick, ces 1275 âmes, ça serait en comptant les nègres… que ces sacrés législateurs yankees nous forcent à compter. Et ces nègres, ils n'ont pas d'âmes.
Le ton est donné! Dans ce livre, Jim Thompson règle ses comptes avec une société sudiste raciste, violente, corrompue où les pauvres blancs et les noirs perdent toujours et où ceux qui ont le pouvoir et l'argent peuvent tout se permettre. Nick Corey a toujours fait partie des perdants. Dès son enfance, il est battu par son père qui lui reproche d'avoir tué sa mère à sa naissance. Trop bon, trop naïf peut-être, à l'origine, il est la cible des moqueries et des coups de ses collègues mais aussi de sa femme qui le trompe et le méprise. Il s'est donc fait une philosophie qu'il applique à la lettre en tant que shérif, ne rien voir, ne pas intervenir surtout s'il s'agit de personnes importantes, être lâche pour survivre et toucher sa paye. Et il ne dédaigne pas non plus les pots de vin! Seulement un jour la coupe des humiliations et des brimades est pleine et celui que l'on prend pour un imbécile va se venger. Il va tuer ceux qui le gênent en se débrouillant pour faire accuser les petits malins qui se moquent de lui!
Jim Thompson par son âpreté, son pessimisme n'est pas sans rappeler Céline. Nick est un Bardamu, comme lui il porte un regard lucide et sans complaisance sur la société et sur l'homme. Pour lui, la noirceur de l'âme humaine est absolue! L'homme est mauvais, personne n'est jamais vraiment innocent même le noir que Nick assassine est à sa manière coupable, il pactise avec les blancs pour en obtenir des faveurs.. Comme Céline, Jim Thompson fait descendre le lecteur dans des abysses qui semblent sans fond! Et pourtant on rit, un rire grinçant, certes, que Marcel Duhamel dans sa préface qualifie de bouffonnerie. Voilà sa conclusion à propose de ce roman : J'ai lu et relu le bouquin, révisé ma traduction, réfléchi et réfléchi encore, pour finalement jeter à la poubelle mes velléités de critique littéraire et décider que, pareil en cela à n'importe quel autre échantillon de l'espèce humaine, "j' savais foutre point c'qu'i' fallait en penser." Sinon, peut-être que le pouvoir rend fou, même à Ploucville.
Un livre/ Un film : La transposition de l'intrigue dans l'Afrique coloniale française par Bertrand Tavernier est une idée excellente comme l'est l'interprétation de tous, en particulier de Noiret dans le rôle de Nick. La société française coloniale se comporte avec les noirs comme les blancs américains, persuadés de leur supériorité et exploitant et opprimant une main d'oeuvre docile et peu coûteuse. Les dialogues sont presque entièrement conservés et l'adaptation est très fidèle au récit et surtout à son esprit.