Comme je suis toujours à la recherche de temps, je vous présente deux polars en même temps. Je ne vous cache pas que ma préférence va au premier.
Ian Manook a sûrement été le seul beatnick à traverser d'Est en Ouest tous les États-Unis en trois jours pour assister au festival de Woodstock et s'apercevoir en arrivant en Californie qu'il s'ouvrait le même jour sur la côte Est, à quelques kilomètres à peine de son point de départ. C'est dire s'il a la tête ailleurs. Et l'esprit voyageur!
Journaliste, éditeur, publicitaire et désormais romancier, Yeruldelgger est son premier roman, et le premier opus d'une série autour du personnage éponyme qui nous conduit des steppes oubliées de Mongolie aux bas-fonds inquiétants d'Oulan-Bator.
Il vit à Paris.
Quatrième de couverture
Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar de l’assassinat jamais élucidé de sa propre fille, Kushi. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité. Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas.
Dans ce thriller d’une maîtrise époustouflante, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné des déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale jusqu’à l’enfer des bas-fonds d’Oulan-Bator. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Ecosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Ian Manook !
Avant de vous dire pourquoi j'ai aimé Yerudlegger, je vous donne un aperçu d'un article intitulé : Dix bonnes raisons de ne pas lire Ian Manook . Allez le lire car il est à savourer :
D’abord Ian Manook est tellement vieux que sa boîte à synapses ne doit plus être très étanche. Pense un peu : ce type est né dans la première moitié du dernier siècle du millénaire précédent !
Ensuite c’est un pur et dur ex-soixante-huitard, du genre baba-cool voyageur qui nous a pourri notre belle jeunesse d’aujourd’hui pour pouvoir fumer la sienne en kaléidoscope aux quatre coins du monde.
Juste pour te dégoûter définitivement de ce gus, note bien ça. Dans toute l’histoire des millions de siècles de l’humanité, du Big Bang jusqu’au marécage hollandais, il n’y a eu qu’une infinitésimale période d’une vingtaine d’années pendant lesquelles il y avait déjà la pilule et pas encore le SIDA. Et ce salopard a eu juste vingt ans pendant cette période-là, si tu vois ce que je veux dire !
ou encore...
Et voilà qu’après avoir taras-boulbé notre belle jeunesse il nous gengiskhanise nos illusions en mongolisant ces fiers nomades que nous aurions tant aimé garder dans leur spectaculaire misère vagabonde devant l’objectif irisé de nos Canon 5D Mark 2 dont chaque exemplaire suffirait à leur offrir un troupeau.
Par ailleurs, quel auteur peut être à ce point arrogant pour laisser passer un dos de couverture qui le compare rien de moins qu’à Indridason, Mankel ou Rankin. Avoir lutté contre le mur de lave du volcan Eldfell sur l’île islandaise de Westmaneyar, avoir perdu sa virginité sur les rochers du fjord suédois de Vestervick ou avoir un beau-frère écossais qui s’est marié en kilt suffit-il à justifier de la part d’un auteur inconnu une telle prétention ?
Ensuite c’est un pur et dur ex-soixante-huitard, du genre baba-cool voyageur qui nous a pourri notre belle jeunesse d’aujourd’hui pour pouvoir fumer la sienne en kaléidoscope aux quatre coins du monde.
Juste pour te dégoûter définitivement de ce gus, note bien ça. Dans toute l’histoire des millions de siècles de l’humanité, du Big Bang jusqu’au marécage hollandais, il n’y a eu qu’une infinitésimale période d’une vingtaine d’années pendant lesquelles il y avait déjà la pilule et pas encore le SIDA. Et ce salopard a eu juste vingt ans pendant cette période-là, si tu vois ce que je veux dire !
ou encore...
Et voilà qu’après avoir taras-boulbé notre belle jeunesse il nous gengiskhanise nos illusions en mongolisant ces fiers nomades que nous aurions tant aimé garder dans leur spectaculaire misère vagabonde devant l’objectif irisé de nos Canon 5D Mark 2 dont chaque exemplaire suffirait à leur offrir un troupeau.
Par ailleurs, quel auteur peut être à ce point arrogant pour laisser passer un dos de couverture qui le compare rien de moins qu’à Indridason, Mankel ou Rankin. Avoir lutté contre le mur de lave du volcan Eldfell sur l’île islandaise de Westmaneyar, avoir perdu sa virginité sur les rochers du fjord suédois de Vestervick ou avoir un beau-frère écossais qui s’est marié en kilt suffit-il à justifier de la part d’un auteur inconnu une telle prétention ?
Hilarant, non? d'autant plus que l'article est signé par... Ian Manook lui-même!
Mon avis :
Yourte mongole |
Ce que j'ai préféré dans le roman, bien sûr, c'est le voyage en Mongolie à l'époque actuelle, période de transition où la population est en pleine mutation, où les traditions sont effacées par une civilisation occidentale dont les progrès techniques ne remplacent pas la perte des valeurs et de la spiritualité. Certes les nomades fuient la vie de labeur sous la yourte, la pauvreté, le manque de confort, les privations, mais lorsqu'ils arrivent dans l'enfer de la ville, c'est pour perdre toute dignité et toute morale. Ian Manook écrit sur la prostitution, les enfants des rues livrés à eux-mêmes, les malheureux qui s'entassent sous terre, près des canalisations d'eau chaude, pour survivre aux hivers rigoureux.
L'écrivain nous montre un pays qui, après avoir subi la colonisation russe, n'a pas encore conquis sa liberté, méprisé et opprimé pour des raisons économiques par la Chine ou la Corée qui viennent exploiter les ressources minières, détruisent les paysages et exploitent les ouvriers. Mais tandis que le peuple mongol est opprimé, les profiteurs sont là pour se partager les terres, établir de grandes fortunes, tout en ménageant le chinois ou Coréen qui se comportent en occupant. Au milieu de ce désordre et de cette corruption fleurissent des bandes de décérébrés néo-nazis.
J'ai aimé face à cette perte d'identité, découvrir les croyances et les traditions des anciens, le sens de l'hospitalité et toutes les valeurs humaines qui sont attachés à la vieille civilisation. Certes Ian Manook ne critique pas vraiment l'abandon de l'ancien mode de vie si difficile mais il nous fait ressentir de la nostalgie face à la fin d'un monde; cela ne va pas parfois sans humour comme dans ce passage où les nomades qui ont découvert le corps de la victime en pleine steppe se révèle des fans de New York Miami et ne veulent pas "polluer la scène de crime"!
Quant au commissaire Yeruldelgger, il est habité par la colère, ce que les moines lui apprennent à gérer. Il est fascinant par bien des côtés mais il ne me convainc pas tout à fait. C'est une sorte de surhomme qui échappe deux fois à une mort certaine, un héros à l'américaine d'une violence extrême, qui n'hésite pas à tuer si nécessaire. Ce n'est plus la justice qu'il essaie de faire triompher mais la vengeance! Je n'aimerais pas être de ses ennemis! Je trouve son amoureuse Salongo plus humaine, plus riche. Et je pense que les personnages sont parfois traités avec une distanciation qui ne permet pas toujours l'émotion et l'empathie.
Keisha
photoMiriam Berkley |
Né en 1962, Harlan Coben vit dans le
New Jersey avec sa femme et leurs quatre enfants.
Diplômé en sciences
politiques du Amherst College, il a travaillé dans l’industrie du voyage
avant de se consacrer à l’écriture.
Depuis ses débuts en 1995, la
critique n’a cessé de l’acclamer. Il est notamment le premier auteur à
avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les
trois prix majeurs de la littérature à suspense aux États-Unis. Traduits
dans une quarantaine de langues, ses romans occupent les têtes de
listes de best-sellers dans le monde entier.
Le premier de ses romans
traduit en France, Ne le dis à personne (Belfond, 2002) – prix du polar
des lectrices de Elle en 2003 – a obtenu d’emblée un énorme succès
auprès du public et de la critique. Succès confirmé avec : Disparu à
jamais (2003), Une chance de trop (2004), Juste un regard (2005),
Innocent (2006), Promets-moi (2007), Dans les bois (2008), Sans un mot
(2009), Sans laisser d’adresse (2010) et Sans un adieu (2010), son
premier roman écrit à vingt-cinq ans à peine.
Adapté au cinéma avec
François Cluzet et Kristin Scott-Thomas par Guillaume Canet en 2006, Ne
le dis à personne a remporté quatre Césars et s’est hissé en tête du
box-office des films étrangers aux États-Unis.
Quatrième de couverture
Que
s'est-il passé cette nuit-là ? Secrets, chantages, règlements de
compte, faux-semblants... Un véritable cauchemar, mené sur un rythme
effréné. Harlan Coben au sommet de son art.1985.
Paul
Copeland est un jeune animateur de camp d'ados. Une nuit, alors qu'il
s'est éloigné du camp pour retrouver Lucy, sa petite amie, quatre jeunes
disparaissent, dont sa sœur, Camille. Seuls deux corps seront
retrouvés. On attribuera la mort des ados à un serial killer qui
sévissait dans la région.
Vingt ans plus tard. Paul est devenu
procureur. Alors qu'il plaide dans une affaire de viol, il est appelé
pour l'identification d'un corps : pour lui, pas de doute possible, il
s'agit de Gil Perez, un des garçons qui avaient disparu dans les bois.
Pourquoi les parents du jeune homme s'obstinent-ils à nier son identité ?
Si Gil était bien vivant pendant ces vingt ans, y a-t-il un espoir pour
que Camille le soit aussi ? Que s'est-il réellement passé dans les
bois, cette nuit-là ?Bien décidé à résoudre enfin cette affaire qui le
ronge depuis tant d'années, Paul va replonger dans les souvenirs de la
nuit qui a fait basculer sa vie...
Mon avis
Les
premières pages de ce roman, une sorte de prologue, montre un vieil homme
en train de creuser des trous dans un bois. Chaque dimanche il
recommence cette activité sous les yeux de son fils qui se cache pour
l'épier puis il meurt. Il n'aura jamais retrouvé le corps de sa fille
Camille et il a l'air de considérer son fils Paul comme responsable de
la mort de la jeune fille.
Et ces quelques pages sont d'une
force, d'une violence intérieure extraordinaires. Pas d'analyse, pas de
délayage, des actes qui se passent d'explication, des non-dits qui
traduisent le désespoir à l'état brut; un moment littéraire digne d'un
grand écrivain.
Ensuite, il y a le récit proprement dit et Harlan
Coben est un bon conteur. Il mène l'intrigue rondement, sait distiller
le suspense, nous intéresse à ses personnages .. mais rien n'est aussi
concentré, aussi puissant que ces deux ou trois pages qui ouvrent le
livre!