Antony Trollope est un auteur de l'époque victorienne    (1815-1882), auteur de deux séries qui l'ont rendu célèbre, l'une    s'articulant autour de Londres : Les Palliser Novels dont   Plantagenet Palliser, homme politique, est le personnage fictif et Barchester   Novels qui se passe dans le comté imaginaire de Barchester.
Miss Mackenzie ne paraît appartenir ni à l'un ni à l'autre même   si le nom de Pallister apparaît brièvement et de façon allusive.
Margaret Mackenzie est une vieille fille avec ce que    cela comporte de dépréciatif dans une société où le statut de la femme    ne se définit que par son rôle d'épouse ou de mère. Elle a servi de    garde malade à son père et à son frère, héritier d'une grosse fortune,    moins considérée qu'une domestique puisqu'elle n'a même pas le droit    d'intervenir dans les affaires du ménage. Elle ne connaît donc rien du    monde,  n'est jamais sortie, est restée très seule. Aussi quand à la    mort de son frère, elle hérite de sa fortune, elle est bien décidée à    faire quelque chose de sa vie. Elle part à Littlebath, une ville d'eau    provinciale, décidée à se faire des amis et à vivre agréablement dans  le  respect de la religion bien sûr! Et d'abord se marier! Mais si  possible   par amour! A 35 ans et bien que la société réprouve ce  souhait, elle a   bien envie d'être aimée. Oui, mais voilà, si elle ne  manque pas de   soupirants et de demandes en mariage, Miss Mackenzie,  naïve mais  intelligente, sait bien qu'ils ne soupirent que pour "les  beaux yeux" de   sa cassette.
Loin de nous conter une bleuette, Antony Trollope    brosse ici une satire de la société qui ne manque pas d'audace : pouvoir    tout puissant de l'argent, calculs, malhonnêteté, tromperies,  égoïsme,   mépris et rejet des plus humbles et surtout des femmes,  snobisme,   hypocrisie religieuse et sociale, obéissance à un  conformisme mesquin...
De plus, il se livre à une  analyse  psychologique    tout en finesse de ses différents personnages, en  particulier de   Margaret, de sa naïveté, son manque de confiance, son  sentiment de   dévalorisation liée à son éducation, sa soumission et son conformisme   aussi, en particulier, religieux que son intelligence et son sens de la    justice parviennent à secouer dans de beaux élans de révolte, sa    générosité qui va à l'encontre des milieux qu'elle fréquente.
Deux scènes, excellentes, se répondent dans le roman,   l'une  dans la première partie de l'ouvrage à Littlebath, au cours  d'un  thé chez Miss Todd où Miss  Mackenzie a été invitée, l'autre dans  une  vente de charité à Londres où se côtoient les Grands de ce monde,   bourgeois bien en place et nobles. C'est avec un humour élégant mais   féroce que Trollope brosse ces deux grands tableaux qui sont des   morceaux de bravoure.
A vous de les découvrir!

 
