Avis de Claudialucia
La Nuit des rois présentée par Comédiens et Compagnie a été pour moi une déception. Certes la compagnie qui traite la pièce à la manière Commedia dell'Arte est sympathique, Les costumes, les masques, les éclairages, la musique et les chants sont beaux, la gestuelle et les bruitages réussis mais le niveau des acteurs est trop inégal (une mention spéciale cependant pour le fou) et la troupe ne retient de la comédie que la farce occultant les autres aspects de la pièce et l'appauvrissant. Une conception de la pièce bien superficielle! Le public s'amuse pourtant et si vous n'avez pas d'autre attente en allant voir La nuit des rois vous pouvez passer un bon moment. Mais vous ne rencontrerez pas Shakespeare! Il faut des comédiens et une mise en scène d'envergure pour rendre la richesse de cette oeuvre!
La pièce, en effet, mêle tous les genres, la comédie, le marivaudage, la farce avec les personnages de Malvolio ou de Messire Tobby mais aussi la gravité avec Orsino et Olivia, le rire et la tristesse à parts égales. Malgré la féerie et le grain de folie qui semble s'emparer de tous les personnages, la Nuit des rois pose des questions graves : les serviteurs ont l'illusion d'égaler les maîtres (Malvolio), les maîtres jouent les serviteurs, les femmes empruntent le rôle des hommes (Viola), nul ne sait plus où est sa place. La pièce est une interrogation sur l'identité des rôles, l'identité sexuelle, sur la dualité féminin-masculin incarné par les jumeaux, sur l'homosexualité même, sur l'amour en fait, illusion, caprice? Que penser de ces revirements amoureux de derniers instants si ce n'est que l'amour est bien inconstant, fantasque, capricieux ou qu'il ne repose que sur du vent. En effet, si la comédie se termine par deux mariages, car on est là pour rire, c'est un artifice théâtral qui paraît bien artificiel et auquel le spectateur ne peut adhérer. La plupart des personnages, d'ailleurs, offrent une dimension comique et tragique à la fois : Malvolio, imbu de lui-même, par exemple, est grotesque avec ses bas jaunes et ses jarretières croisées et provoque le rire mais c'est un personnage de tragédie, puritain, austère, autoritaire qui cherche à accéder au pouvoir pour dominer les autres. Pourtant la farce que l'on joue à ses dépens est tellement cruelle que l'on finit presque par le plaindre. Le fou est désenchanté et a une vision du monde si pessimiste qu'il faut bien qu'il le tourne en dérision. Olivia porte le deuil et refuse la vie et l'amour mais elle tombe amoureuse au premier regard... d'une femme! Orsino est un personnage mélancolique, en proie au doute et c'est parce qu'il est incapable d'agir qu'il se fait cocufier si j'ose dire par son page qui est en fait une femme.
Les éclairages que l'on peut donner à la pièce sont multiples. L'interprétation des personnages par la troupe de Comédiens et Compagnie ne rend pas cette complexité. Ce n'est pas en faisant prendre à Orsino une pose grotesque et ridicule que l'on rend compte du personnage. Le comique n'est pas là, il est intérieur et il est le pendant du tragique. On a l'impression en voyant jouer les comédiens qu'il n'y a pas de réflexion sur le sens de la pièce. Tout est en surface et c'est dommage!
Avis de Wens blog En effeuillant le Chrysanthème
Les comédies de Shakespeare jouent sur le mélange des genres. Se succèdent sans aucun temps mort les moments poétiques, romantiques et les scènes comiques, le spectateur est emporté par les quiproquos, les rebondissements.
L'adaptation réalisée par Comédiens et Compagnie prend le parti pris de mettre en avant le côté farce, une partie des acteurs jouent d'ailleurs sous des masques de la Commedia dell' Arte. Le travail sur la gestuelle, sur les bruitages et la musiques est d'ailleurs assez réussi. La scène de poche du théâtre, guère plus grande qu'un ring de boxe, ne permet pas les grandes envolées pour douze acteurs et limite les possibilités de mise en scène.
Ne retenir que l'aspect purement comique du texte, c'est oublier la richesse de la pièce. Car La Nuit des rois est une profonde réflexion sur le jeu des apparences trompeuses, sur la confusion des rapports amoureux, sur l'homosexualité à peine voilée. L'ambiguïté sexuelle devait être encore plus ressentie à l'époque de Shakespeare, puisque les rôles de femmes étaient tenues par des hommes. Où sont passés les différences et les tensions sociales présentes dans la pièce ? Elles sont totalement gommées, ignorées dans cette adaptation.
Pour savourer Shakespeare, il faut des acteurs qui savent manier sa langue et ses mots, une distribution sans faiblesse. Hélas, certains comédiens de la troupe ne sont pas à la hauteur du texte. Les poses, les mimiques, les soufflets ne remplacent pas la voix, la présence. Les personnages deviennent seulement des caricatures, alors que derrière l'attitude ridicule se cache la tragédie des êtres. Un acteur cependant fait l'étalage de son talent, celui qui tient le rôle de Feste, le bouffon : Guillaume Collignon.
La Nuit des Rois.
Comédiens et Compagnie.
Petit Louvre.
8 au 31 Juillet. 14H15
Les éclairages que l'on peut donner à la pièce sont multiples. L'interprétation des personnages par la troupe de Comédiens et Compagnie ne rend pas cette complexité. Ce n'est pas en faisant prendre à Orsino une pose grotesque et ridicule que l'on rend compte du personnage. Le comique n'est pas là, il est intérieur et il est le pendant du tragique. On a l'impression en voyant jouer les comédiens qu'il n'y a pas de réflexion sur le sens de la pièce. Tout est en surface et c'est dommage!
Avis de Wens blog En effeuillant le Chrysanthème
Les comédies de Shakespeare jouent sur le mélange des genres. Se succèdent sans aucun temps mort les moments poétiques, romantiques et les scènes comiques, le spectateur est emporté par les quiproquos, les rebondissements.
L'adaptation réalisée par Comédiens et Compagnie prend le parti pris de mettre en avant le côté farce, une partie des acteurs jouent d'ailleurs sous des masques de la Commedia dell' Arte. Le travail sur la gestuelle, sur les bruitages et la musiques est d'ailleurs assez réussi. La scène de poche du théâtre, guère plus grande qu'un ring de boxe, ne permet pas les grandes envolées pour douze acteurs et limite les possibilités de mise en scène.
Ne retenir que l'aspect purement comique du texte, c'est oublier la richesse de la pièce. Car La Nuit des rois est une profonde réflexion sur le jeu des apparences trompeuses, sur la confusion des rapports amoureux, sur l'homosexualité à peine voilée. L'ambiguïté sexuelle devait être encore plus ressentie à l'époque de Shakespeare, puisque les rôles de femmes étaient tenues par des hommes. Où sont passés les différences et les tensions sociales présentes dans la pièce ? Elles sont totalement gommées, ignorées dans cette adaptation.
Pour savourer Shakespeare, il faut des acteurs qui savent manier sa langue et ses mots, une distribution sans faiblesse. Hélas, certains comédiens de la troupe ne sont pas à la hauteur du texte. Les poses, les mimiques, les soufflets ne remplacent pas la voix, la présence. Les personnages deviennent seulement des caricatures, alors que derrière l'attitude ridicule se cache la tragédie des êtres. Un acteur cependant fait l'étalage de son talent, celui qui tient le rôle de Feste, le bouffon : Guillaume Collignon.
La Nuit des Rois.
Comédiens et Compagnie.
Petit Louvre.
8 au 31 Juillet. 14H15
Challenge de Maggie et Claudialucia