Metella
Dans la première partie de Metella, George Sand crée un personnage de femme belle et intrépide, installée à Florence, Lady Metella Mowbay mais qui, passé un certain âge, craint de perdre son amant, le comte de Buondelmonte. Le comte, d'abord jaloux et blessé dans sa vanité par la crainte de voir un jeune rival le supplanter, le jeune suisse Olivier en visite à Florence, finit par rompre. Dans la société du XIXème siècle, George Sand dénonce l'absence d'amour véritable et la vanité égoïste des hommes. Une femme n'a de valeur que si elle flatte l'orgueil de son amant et lui permet de briller en société. Comme dans Lavinia ou Pauline, les hommes confondent amour avec amour propre. Mais les relations entre femmes sont terribles aussi. Quand Metella est abandonnée par le comte, ses "amies" se réjouissent et la raillent, tout comme le faisaient celles de la Marquise.. Malheur à celle qui devient vieille et qui ne parvient plus à plaire!
Dans la seconde partie, Metella vit en Suisse au bord du lac Léman avec Olivier. Elle l'appelle "mon fils", lui "ma mère" (allusion à Jean Jacques Rousseau?) mais ces relations sont un peu incestueuses! Leur tête à tête est interrompue par la venue de Sarah, la nièce de Metella qui sort du couvent. Celle-ci naïve croit que le jeune homme est le fils adoptif de sa tante. Les deux jeunes gens, comme l'on doit s'y attendre, finissent par s'aimer. Metella, d'abord jalouse de Sarah, parvient à dominer ses sentiments et continue à offrir protection et affection à la jeune fille. Mais une union comme celle-là serait scandaleuse. Olivier le comprend et part de son plein gré. Le portait de cette femme vieillissante deux fois abandonnée n'est pas sans grandeur. Metella finit par dominer la souffrance et par trouver dans l'amour qu'elle éprouve envers sa nièce une raison de vivre et atteint à la sérénité. Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas avec un homme que la femme peut trouver la paix.
Mattea
Mattea est la seule nouvelle de ce recueil qui finit bien. La jeune héroïne, Mattéa, se libère de la tutelle oppressante de ses parents, commerçants vénitiens, et de la brutalité de sa mère; elle s'enfuit de Venise, à bord du navire de Abdul, riche marchand turc, sous la protection du jeune grec, Timothée, employé d'Abdul, qui veut l'épouser. Elle arrive en Grèce où elle travaille pour gagner sa vie. Elle épouse Thimotée. A la mort de sa mère elle revient s'installer à Venise avec son mari et elle obtient le pardon de son père, Zacomo.
Il s'agit d'une "fantaisie", "une turquerie" comme on le disait du temps de Molière, très à la mode aussi au XVIIIème et que George Sand reprend à son actif. Ce récit, romanesque à souhait, ne peut être pris au sérieux car les aventures de Mattea sont plutôt rocambolesques. L'intrigue pourrait être facilement transposée au théâtre tant les scènes clefs, dont certaines sont presque entièrement dialoguées, prêtent au rire : Zacamo dont le chapeau est emporté par le vent tombe dans la barque de la princesse, Thimotée, le jeune grec, s'amuse franchement de la cupidité de Zacomo en lui faisant croire que Abdul réclame son argent. Veneranda qui refuse d'avouer son âge se croit aimée de Thimotée qui n'est là que pour les beaux yeux de Mattea. Le Turc, Abdul, préfère la mère qui est une grosse matrone à l'exquise jeune fille jugée trop maigre! Les personnages obéissent eux aussi à des types théâtraux : la jeune première idéaliste mais au caractère affirmé qui n'a pas froid aux yeux, le jeune premier, Thimotée, habile et malin, une sorte de Figaro qui domine son maître Abdul, le père avare, la méchante marâtre...
Pourtant, les thèmes que George Sand aborde sont très sérieux : Le mariage forcé car la mère veut marier sa fille à un cousin qu'elle n'aime pas; les rapports entre mère et fille qui rappellent ceux que George entretenait avec sa propre mère; le désir d'indépendance de Mattea qui n'hésite pas à braver les conventions sociales. Enfin l'on y retrouve une critique sociale vive et pleine d'ironie : cupidité du marchand Zacomo qui utilise sa fille Mattea comme appât sexuel auprès de Abdul. Ridicule de la princesse Veneranda qui refuse de vieillir, enfermée dans son égoïsme et sa richesse.
Enfin cerise sur le gâteau, une belle description de Venise!
J'ai déjà résumé Pauline ici