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jeudi 28 janvier 2021

Kiran Millwood Hargrave : Les graciées

 

1617, Vardo, au nord du cercle polaire, en Norvège. Maren Magnusdatter, vingt ans, regarde depuis le village la violente tempête qui s'abat sur la mer. Quarante pêcheurs, dont son frère et son père, gisent sur les rochers en contrebas, noyés. Ce sont les hommes de Vardo qui ont été ainsi décimés, et les femmes vont désormais devoir assurer seules leur survie. Trois ans plus tard, Absalom Cornet débarque d'Ecosse.
Cet homme sinistre y brûlait des sorcières. Il est accompagné de sa jeune épouse norvégienne, Ursa. Enivrée et terrifiée par l'autorité de son mari, elle se lie d'amitié avec Maren et découvre que les femmes peuvent être indépendantes. Absalom, lui, ne voit en Vardo qu'un endroit où Dieu n'a pas sa place, un endroit hanté par un puissant démon. Inspiré de faits réels, Les Graciées captive par sa prose, viscérale et immersive.
Sous la plume de Kiran Millwood Hargrave, ce village de pêcheurs froid et boueux prend vie. (quatrième de couverture )

Le mémorial des Sorcières à Vardo Par  Louise Bourgeois et  Peter Zumthor

La chasse aux sorcières en Norvège et en particulier dans l’île de Vardo au nord du cercle polaire, dans le Finnmark, a réellement existé pendant une grande partie du XVII siècle et non seulement en Norvège où elle a été d’une violence extrême mais dans toute l’Europe. Christian IV, roi du Danemark, dont dépendait la Norvège, voulait que les habitants, en particulier les Samis, abandonnent leurs traditions et leurs rites et se soumettent strictement à la religion protestante. Le roi nomme un ambassadeur écossais, John Cunningham, qui va entreprendre la chasse aux sorcières en s’entourant d’hommes zélés et fanatiques. Absalom Corner, personnage fictif, est l’un d’entre eux. Inquisiteur,  intolérant, intransigeant et misogyne, il traque l’hérésie partout, encourageant les unes et les autres à la délation, semant le trouble dans les esprits ! Le processus est très bien décrit, il est celui de tout pays où s’exerce la tyrannie, et l’angoisse s’installe en même temps que la privation de liberté, l’interdiction de penser, la peur de trop en dire, l’obligation de suivre les offices et de rentrer dans le rang.

Or, les femmes de Vardo qui ont perdu leur mari et qui ont dû assumer le travail des hommes, en particulier la pêche pour pouvoir survivre, vont être des proies faciles et toutes désignées. Outre que certaines se vêtent en homme pour accomplir ces travaux, elles affichent une indépendance suspecte au yeux de l’église en sortant de la bienséance et du rôle qui leur est assigné. Un climat malsain s’installe dans l’île, les accusations tombent et les procès commencent.

Kiran Millwood Hargrave peint avec beaucoup de vérité la vie de ces femmes sur cette île rude, hostile, rongée par les vents, une vie primitive où vivre est une lutte de tous les jours. Les personnages sont intéressants Maren encore toute jeune qui perdu son père et son frère dans le naufrage, sa belle soeur Dannia qui est Sami, Kirsten, trop indépendante, pas assez soumise, pas assez prudente, et puis les autres femmes du village qui vont réagir en fonction de leur caractère, de leurs croyances, de leurs mesquineries et jalousie. L’arrivée Ursa, l’épouse malheureuse de Absalom Cornet, qui détone au milieu de ces pauvres femmes de pêcheur, va introduire un regard neuf sur le drame qui se déroule dans cette île.

Un roman qui a des qualités dans les descriptions, dans les portraits, et qui explore une époque historique terrible ! D’où vient qu’il ne m’a pas laissé entièrement convaincue ? Peut-être est-ce l’histoire d’amour que j’ai trouvé un peu "cucu" et mal venue. Elle arrive à un moment fort et affaiblit le récit. Elle paraît en trop. Peut-être aussi parce que j’ai déjà lu des livres sur le thème de sorcières et sur la Norvège qui décrivent cette période et qui m’ont déjà secouée. Mais c’est surtout, je crois, parce que je suis restée extérieure au récit. Certes, le sort de ces femmes m’a horrifiée mais je les ai regardées sans jamais être avec elles ! Dommage car les blogs se sont enflammés pour ce roman et  moi, et moi, et moi…