Construire un feu de Jack London réunit plusieurs récits de Jack London dont la nouvelle éponyme.
L'ensemble
des sept nouvelles se situent dans un lieu géographique qui s'étend du
Nord-Ouest du Canada jusqu'à la Colombie britannique et l'Alaska avec
pour axe le Yukon. Ces paysages glacés, désertiques, qui mettent l'Homme
à l'épreuve, le confrontent à la solitude et à la mort, sont les champs
d'expérience d'hommes rudes, âpres, durs à la souffrance, à la nature
fruste mais au courage souvent sans mesure. Ces individus sans foi ni
loi, cruels et violents, trappeurs, chercheurs d'or, voyageurs, Jack
London nous en brosse des portraits forts et haut en couleurs. Ainsi
dans Perdu-de-face, le personnage principal parti de Pologne,
arrive en Alaska où il se joint à une bande de chasseurs de phoques
barbares qui réduisent la population autochtone à l'esclavage. Mais les
victimes prouveront bientôt qu'elles ne valent pas mieux que les
bourreaux.
Dans
toutes ces nouvelles, la nature sert de révélateur, elle confronte
l'Homme à sa propre image, elle est aussi la métaphore de la Mort que
chacun doit affronter. Dans Construire un feu, un homme
accompagné de son chien se sont engagés sur une piste qui longe le Yukon
pris dans les glaces et qui doit les conduire vers le refuge où
l'attendent ses compagnons. Mais la route est longue, la température
avoisine -75° et l'on ne s'engage jamais seul sur une piste avec un
froid aussi intense.. Construire un feu devient alors un geste désespéré
qui, si l'on échoue, vous condamne obligatoirement à la mort. L'homme
apprendra à ses dépens que la nature ne permet pas la moindre erreur.
C'est peut-être l'un des plus belles et des plus saisissantes nouvelles
du recueil.
Sur un mode plus léger nous voyons dans Ce Sacré Spot,
deux amis se fâcher car chacun veut refiler à l'autre le chien Spot,
voleur, paresseux, batailleur qui ne pense qu'à manger! Mais l'ironie
devient cruelle avec Mission de confiance, récit dans lequel Fred
Churchill est chargé de rapporter un sac à son ami Mc Donald. Il le
fera au prix d'énormes souffrances, au risque de sa vie, avant
d'apprendre ce que contenait la sacoche.
Dérision ! Jack London dans ce recueil
manie, en effet, toutes les facettes de l'humour. L'humour noir avec la disparition de Marcus O Brien, récit
dans lequel les personnages ont des conceptions un peu particulières
de la justice. Ils estiment légitime d'expédier dans l'au-delà leur
camarade s'il chante faux et offense leurs oreilles! L'humour tourne à
la farce grotesque mais sanguinolente dans Perdu-la-Face où le
héros pour éviter d'être torturé par les indiens invente un stratagème
qui ridiculise le chef. Quant à Braise d'or, l'un des personnages
féminins du recueil, elle paiera le prix fort pour sa légèreté, le
cadavre de son fiancé abandonné s'invitant à sa noce. Humour noir qui
glisse vers un fantastique macabre, vision hallucinée de ce cadavre
éjecté de son cercueil et qui conduit la fiancée infidèle à la folie.
Ainsi l'humour semble souvent inséparable du pessimisme de Jack London souligne les thèmes de la Nature implacable et de la Mort, celui de la barbarie de l'Homme dans un pays qui semble échapper aux lois de la civilisation. Une barbarie qui n'a d'égale que le courage car l'Homme est capable du meilleur et du pire! Un très beau recueil de nouvelles.
Ainsi l'humour semble souvent inséparable du pessimisme de Jack London souligne les thèmes de la Nature implacable et de la Mort, celui de la barbarie de l'Homme dans un pays qui semble échapper aux lois de la civilisation. Une barbarie qui n'a d'égale que le courage car l'Homme est capable du meilleur et du pire! Un très beau recueil de nouvelles.
Une Bande dessinée de Chabouté
Chabouté a adapté la nouvelle Construire un feu en
Bande dessinée. C'est une réussite!
Les dessins en noir et blanc correspondent à chaque phrase-clef de la nouvelle, décrivant le froid, la solitude de l'homme, les gestes minutieux rendus difficiles par le gel pour allumer le feu. Les plans d'ensemble qui peignent l'immensité déserte et donnent la mesure de la petitesse de l'homme alternent avec des gros plans.
Ceux-ci montrent dans le détail les souffrances endurées par le personnage, l'action terrible du froid. Les pensées sont traduites dans des bulles comme s'il s'agissait d'une voix off qui commente la situation. La beauté des dessins rend pleinement compte de cette confrontation tragique entre l'homme et la nature, de la disproportion entre l'être humain si frêle et la nature si puissante. Elle montre la démesure de cette lutte racontée par Jack London et comment l'homme paiera son orgueil de sa mort.
Les dessins en noir et blanc correspondent à chaque phrase-clef de la nouvelle, décrivant le froid, la solitude de l'homme, les gestes minutieux rendus difficiles par le gel pour allumer le feu. Les plans d'ensemble qui peignent l'immensité déserte et donnent la mesure de la petitesse de l'homme alternent avec des gros plans.
Ceux-ci montrent dans le détail les souffrances endurées par le personnage, l'action terrible du froid. Les pensées sont traduites dans des bulles comme s'il s'agissait d'une voix off qui commente la situation. La beauté des dessins rend pleinement compte de cette confrontation tragique entre l'homme et la nature, de la disproportion entre l'être humain si frêle et la nature si puissante. Elle montre la démesure de cette lutte racontée par Jack London et comment l'homme paiera son orgueil de sa mort.