Le roman d'Ivan Gontachrov, Oblomov, a été publié en 1859. Il conte l'histoire d'un propriétaire terrien atteint de la maladie de la paresse. Une incapacité d'agir le caractérise. Il passe son temps allongé sur un divan à planifier ce qu'il fera… demain! Un moment, l'amour que lui inspire Olga semble pouvoir le tirer de son apathie chronique mais ce sentiment qui le tire vers la vie ne sera pas suffisant pour le pousser à l'action.
Le héros de Gontacharov a donné lieu à un terme en Russie utilisé pour désigner une personnage qui refuse de vivre : l'oblomovisme aussi célèbre que le bovarysme chez nous.
C'est ce roman adapté à la scène que Daniel Rossel met en scène en mêlant chant, musique et voix chorales car il arrive aux comédiens de prendre la parole à deux, trois ou plus comme pour renforcer le personnage, le multiplier, il arrive aussi qu'ils soient tous couchés, opiniâtrement endormis. C'est que nous sommes tous des Oblomov, nous posant des questions sur le sens de notre vie. Qui n'a jamais été atteint, ne serait-ce qu'un instant, par le sentiment de l'inanité de l'existence? A quoi riment nos actes répétitifs? Qu'est-ce qui est réellement important? Et si nous n'allons pas jusqu'à refuser de nous lever le matin, Oblomov n'en reste pas moins notre frère, celui qui refuse les faux-semblants, qui met sciemment une distance entre lui et la vie.
La scénographie souligne ce refus d'Oblomov en divisant la scène en deux par une sorte de barrière qui est à la fois réfléchissante et transparente. La vie n'est plus qu'une ombre qui se reflète sur cette paroi derrière laquelle évoluent les amis d'Oblomov, les vivants. Ils apparaissent aux yeux d'Oblomov comme estompés, entourés de brume sauf quand ils le rejoignent sur le devant de la scène pour l'exhorter à vivre, le disputer au néant. Entre cet anti-héros et le monde une séparation se dresse, consentie et même souhaitée. La tension tragique cède souvent au comique, quand Oblomov s'endort debout et tombe comme une masse sur le sol par exemple. Les comédiens se livrent à un ballet, tournant autour du personnage central, soulignant par leur allées venues son inaction. Un spectacle intéressant et riche servi par de bons comédiens.
Oblomov Caserne des Pompiers 15H durée 1H30
Mise en scène : Dorian Rossel
Collaboration artistique : Delphine Lanza
Dramaturgie : Carine Corajoud
Scénographie et costumes : Clémence Kazémi et Sibylle Kössler
Régisseur général : Laurent D’Asfeld
Assistant à la mise en scène : Clément Lanza
Chargée de production Suisse : Muriel Maggos
Chargée de production France : Mathilde Priolet
Photo : Nelly Rodriguez
Consultantes musique : Patricia Bosshard, Anne Gillot
Avec :
O’ Brother Company : Elsa Grzeszczak, Jean-Michel Guérin, Fabien Joubert, Paulette Wright
Cie STT : Rodolphe Dekowski, Xavier Fernandez-Cavada, Delphine Lanza
Production : Cie STT et O’Brother Compagny
Co-productions : Théâtre Forum Meyrin, Le Salmanazar, Comédie de Reims, Théâtre Gérard Philipe
Soutiens : Fondation Meyrinoise pour la Culture, Fondation Ernst Göhner, Loterie Romande, Spedidam, DRAC CHampagne Ardenne, ORCCA, Festival en Othe.
La Cie STT est conventionnée avec le DIP de l’Etat de Genève, les Villes de Genève et de Lausanne. Associée au Théâtre Forum Meyrin.
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